Jeux olympiques de Paris 2024 obligent, les athlètes et leurs supporteurs auront eu, cet été, la primeur de la nef, première phase de la restauration d’ensemble du Grand Palais. Au tour maintenant des artistes, galeristes et autres visiteurs d’Art Basel Paris d’apprécier pleinement ces espaces rénovés après quelque trois ans de travaux. Mais il faudra encore patienter jusqu’au printemps 2025, voire à l’été, pour pouvoir admirer la totalité de cette rénovation d’ampleur d’une surface de 72 000 m2. « C'est un édifice érigé pour l’Exposition universelle de 1900 qui, dès l’origine, n’était pas constitué d’un bâtiment unique, mais de différentes entités conçues sous la houlette de quatre architectes : Henri Deglane pour la façade principale sur l’avenue Winston Churchill et la nef ; Louis-Albert Louvet pour le bâtiment intermédiaire, le grand escalier et le salon d’honneur ; Albert Thomas pour le Palais de la Découverte ; enfin, Charles Girault, auteur également du Petit Palais, pour la coordination de l’ensemble de l’opération, détaille François Chatillon (Chatillon Architectes), architecte en chef des monuments historiques et mandataire de la restauration. La grande règle de ce chantier a été la suivante : ce ne sont pas les envies qui guident la restauration, mais le monument lui-même.» Trois grands principes ont ainsi été privilégiés : « D’abord, rétablir les axes transversaux originaux : celui, majeur, Est-Ouest, depuis le Grand Palais actuel jusqu’au Palais de la Découverte et, perpendiculairement, celui Nord-Sud, entre les Champs Élysées et la Seine. Ensuite, restituer la transparence des verrières. Enfin, remettre l’édifice aux normes actuelles, c’est-à-dire équiper techniquement le bâtiment pour le rendre utilisable par des usagers contemporains, explique François Chatillon. En clair : il s’agit d’une remise à niveau pour les 100 ans à venir ! »
Que découvrent les visiteurs d’Art Basel Paris ? Les mêmes espaces que ceux appréciés par les amateurs d’escrime et de taekwondo pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024. « Ce sont ceux qui constituent le Grand Palais dans l’imaginaire collectif, à savoir : la nef, ses balcons et galeries attenantes, ainsi que le grand escalier d’honneur », indique François Chatillon. Il s’agit, en réalité, de la plus grande nef d’Europe. La preuve, ces quelques chiffres en forme de vertige : 200 mètres de long, 50 de large, 35 de haut ; surface au sol : 13 500 m2 ; surface de la verrière : 17 500 m2. « C'est une cathédrale », estime l’architecte, dont la coupole culmine à 45 mètres de hauteur, faite de 6 000 tonnes d’acier auxquelles s’ajoutent les 2 000 tonnes de ladite coupole – la Tour Eiffel, elle, pèse… 7 000 tonnes. La structure métallique, de style Art nouveau, a retrouvé sa couleur historique : le vert réséda. Le sol, lui, qui fût de terre battue jusqu’en 1960, a, en souvenir, été pourvu d’une dalle légèrement rosée – corail. « Cette polychromie qui, aujourd’hui, n’a l’air de rien, n’a pas été simple à régler », reconnaît François Chatillon. A l'arrière-plan, juste dans l’axe de l’entrée, le grand escalier d’honneur, démonstration de ferronnerie reposant sur huit colonnes en porphyre vert des Pyrénées, a délaissé ses couleurs bariolées pour retrouver sa tonalité d’origine, « bronzine », soit un aspect doré patiné. La jauge de la nef a été augmentée de 60 %, passant de 5 600 à 9 000 personnes. Quelques parois vitrées ont été percées entre la nef et les Galeries nationales. S’ils lèvent les yeux, les visiteurs voient (enfin) le ciel. Les verrières, dotées aujourd’hui de double vitrage, sont entièrement transparentes. Elles ne l’étaient plus depuis longtemps, nombre d’entre elles ayant été jadis occultées pour des raisons muséographiques. Soit tous les ingrédients pour faire du lieu un écrin pour Art Basel Paris !