Dédié chaque année, depuis 2016, à une ville d’Europe centrale ou orientale, le festival Un Week-end à l’Est revient à Paris du 20 au 30 novembre. Après Varsovie, Kyiv, Budapest, Belgrade, Sofia, une édition spéciale en soutien à l’Ukraine, Odessa, et l’an dernier Tbilissi, le musicien André Manoukian et la chorégraphe, metteuse en scène et danseuse Rima Pipoyan sont respectivement le parrain et la marraine de cette 8e édition qui braque les projecteurs sur Erevan, capitale de l’Arménie. Arts visuels, cinéma, danse, musique, littérature, débats… Quelque 40 événements sont organisés dans 25 lieux, accueillant une centaine d’artistes.
« Tisser des liens entre l’Est et l’Ouest à travers une proposition cinématographique, chorégraphique, littéraire, musicale, philosophique, architecturale et un parcours d’arts visuels, est d’autant plus significatif pour cette huitième édition du festival Un Week-end à l’Est consacrée à Erevan et à l’Arménie, dont le patrimoine culturel est à la croisée des mondes occidentaux et orientaux, expliquent Brigitte Bouchard, directrice artistique du festival et Adélaïde Fabre, responsable de la programmation. Le génocide arménien et l’exode de nombreux Arméniens, son passé païen, sa reconnaissance en tant que berceau du christianisme et les changements de notre société continuent à influencer, malgré eux, la nation arménienne, réputée l’une des plus anciennes et des plus éclatées du monde. »
Dès demain, en avant-première, le cinéma Nouvel Odéon propose un ciné-concert. Le violoncelliste Artyom Manukyan y accompagnera le chef-d'œuvre burlesque Chor and Chorchor (1926) de Hamo Bek-Nazarian, pionnier du cinéma arménien.
Pour la soirée d’ouverture, le Théâtre de l’Alliance Française accueille un concert fusionnant jazz, musique contemporaine et folklore arménien. André Manoukian, qui a joué aux côtés de Charles Aznavour et Michel Petrucciani, sera au piano, accompagné de la chanteuse Arpi Alto et du violoncelliste Artyom Manukyan, vu sur scène avec Melody Gardot et à la tête du Yerevan Calling Quartet, formation électro-jazz.
Les arts visuels ne sont pas en reste. Un parcours dans les galeries du 6e arrondissement parisien propose de découvrir une vingtaine d’artistes de la scène arménienne. Photographes, peintres, sculpteurs, graphistes et vidéastes investissent les espaces de la Galerie d’archi Paris-Malaquais, de la Librairie Galerie Métamorphoses et de la Galerie d’art du Crous de Paris avec l’exposition collective « Et les frontières deviennent des ponts » ; delpire & co expose les tirages du livre Dame Gulizar and Other Love Stories (Blow Up Press, 2024) de la photographe Rebecca Topakian ; les créations de Maretta Aivazian sont à l’honneur à la Librairie Polonaise ; Nazik Armenakyan révèle sa troublante série Red Black White sur les femmes vivant avec le VIH en Arménie à l’Espace des femmes – Antoinette Fouque.
Ce vernissage simultané de toutes les expositions donnera lieu à une performance, Circle : a Dance and Music Journey, par la Rima Pipoyan Dance Company, accompagnée du musicien multiinstrumentiste Hayk Karoyi, à la galerie 22Visconti. Le même soir, aux Beaux-Arts de Paris, l’artiste Melik Ohanian et le cinéaste Andrei Ujică dialogueront autour de l’œuvre du cinéaste Artavazd Pelechian, admiré notamment par Jean-Luc Godard.
La Librairie Galerie Métamorphoses organise une table ronde sur la scène artistique contemporaine érévanaise. Animé par Alain Berland, commissaire des expositions du festival avec Varduhi Kirakosyan, cet échange sur les courants esthétiques actuels et les lieux d’exposition dans la capitale arménienne invite Nazik Armenakyan, cofondatrice du centre de photographie documentaire 4Plus, Karén Khachaturov, « photographe de l’imaginaire aux œuvres pastelles mettant en scène des personnages hybrides » et l’artiste peintre Khachatur Martirosyan. Autre rendez-vous à noter, Davit Kochunts et Nairi Khatchadourian (collectif AHA) reviendront chez 22Visconti sur la naissance des espaces alternatifs et l’émergence de pratiques artistiques collectives en Arménie.
Parmi les nombreux événements proposés dans le cadre de ce focus sur la culture arménienne, le violoniste Sergey Khachatryan et sa sœur, la pianiste Lusine Khachatryan, joueront dans l’Église Saint-Germain-des-Prés. Au programme de ce concert, des œuvres d’Edvard Baghdasaryan, Komitas, Maurice Ravel ou Arno Babadjanian.
Les cinéphiles ne manqueront pas la projection des Chevaux de feu (1965), adaptation d’une nouvelle de l’auteur ukrainien Mykhailo Kotsiubynsky intitulée Les ombres des ancêtres oubliés (1910), par le maître Sergueï Paradjanov au Christine Cinéma Club.
Le nouveau cinéma arménien est quant à lui à l'affiche à travers ses productions les plus emblématiques, de Si le vent tombe (2020), premier long-métrage de Nora Martirosyan, sélectionné au Festival de Cannes et pour représenter l’Arménie aux Oscars en 2022, à Village de femmes (2019), documentaire de Tamara Stepanyan sur la solitude et l’attente lorsque les hommes sont partis travailler en Russie.
Pour la soirée de clôture, le pianiste et compositeur Tigran Hamasyan présente The Bird of a Thousand Voices, une nouvelle création imprégnée de la culture arménienne et du folklore mondial à l’Odéon - Théâtre de l’Europe.
Le programme complet du festival est disponible ici. Des podcasts sont accessibles via le site du festival, en partenariat avec France Culture.