Les exposants se sont montrés largement positifs quant à l’état du marché de l’art lors de la première journée VIP d’Art Basel Miami Beach, mercredi 4 décembre 2024, malgré les effets d’une élection américaine controversée, l’instabilité politique dans le reste du monde et le ralentissement des ventes aux enchères à New York en novembre dernier.
Cette édition est la première dirigée par Bridget Finn, la nouvelle directrice de la foire. Elle avait déjà participé au salon en tant qu’exposante avec la galerie Reyes Finn de Détroit. La veille de la preview VIP, elle se voulait optimiste. « Nous sommes dans une période post-électorale. Ce que nous avons vu à Paris [lors d’Art Basel Paris en octobre] a été très positif, et c’est un bon indicateur que l’énergie et l’engagement des collectionneurs vont se poursuivre, expliquait-elle. Bien que les ventes aux enchères [à New York] aient été moins importantes que les années précédentes, les résultats ont été excellents. Nos inscriptions VIP sont incroyables et je pense que nous aurons une édition très forte. »
La foire compte cette année 286 galeries de 38 pays, dont un nombre record de 34 nouveaux exposants. L’un de ces nouveaux venus est la galeriste Pearl Lam, l’une des plus influentes en Chine, qui possède des galeries à Shanghai et à Hongkong. Selon elle, Art Basel Miami Beach permet de prendre la température du marché. « Cette année, le marché a connu un ralentissement partout dans le monde. Mais dans l’ensemble, les clients que nous avons rencontrés ici sont positifs, sinon ils ne viendraient pas. Ils ne sont pas là pour regarder, ils veulent acquérir des choses », explique-t-elle.
Mercredi après-midi, 4 décembre, Hauser & Wirth avait déclaré avoir déjà vendu l’œuvre la plus chère de la foire, une peinture sans titre de David Hammons sur bâche datant de 2014 et partie pour 4,75 millions de dollars (4,49 millions d’euros). La galerie a également cédé Female Portrait Abstraction (2024) de George Condo pour 2,5 millions de dollars (2,37 millions d’euros) et I can hear you (2024) de Jeffrey Gibson pour 500 000 dollars (473 000 euros).
D’autres galeries ont également annoncé des ventes millionnaires dans les premières heures de la foire. Thaddaeus Ropac a vendu la sculpture de Georg Baselitz Dresdner Frauen-Die Elbe (1990-2023) pour 2,5 millions d’euros, ainsi que la composition sur métal de Robert Rauschenberg, Everglade (Borealis), de 1990. David Zwirner a déclaré avoir vendu une peinture de 2017 de la série Infinity Nets de Yayoi Kusama pour 3,5 millions de dollars, et une œuvre de Noah Davis de 2008 pour 2 millions de dollars (3,31 millions d’euros).
Jessica Arb Danial, conseillère en art basée à New York, nous a confié que les galeristes de la foire lui ont déclaré que les ventes avaient repris depuis la mi-novembre. Alors que certains s’attendaient à ce que l’élection de Donald Trump stimule les ventes, elle affirme que la perspective d’une stabilité postélectorale avait donné confiance aux acheteurs. Bien que les affaires aient repris, l’advisor estime qu’elles restent plus lentes que par le passé, ce qui n’est pas nécessairement négatif.
Même Larry Gagosian a constaté un ralentissement des transactions. Sa galerie a déclaré avoir vendu des œuvres de Maurizio Cattelan, Roy Lichtenstein, Richard Prince, Ed Ruscha, Jenny Saville et Jeff Koons à des prix non divulgués. Dans un communiqué, il a qualifié ces ventes de « bon début pour la foire », tout en précisant que « les collectionneurs prennent leur temps ».
Chez Sprüth Magers, une œuvre sans titre de 2024 d’Anne Imhof s’est vendue pour 250 000 euros, tandis que Vertical Series : Fun (2003) de John Baldessari a atteint 325 000 dollars (307 543 euros). Exclamation Point (Yellow) créé en 2001 par Richard Artschwager a été vendu pour 425 000 dollars (402 000 euros). Perrotin a cédé cinq peintures de Danielle Orchard entre 45 000 et 100 000 dollars chacune (42 500 à 94 605 euros), ainsi que des œuvres de Nick Doyle, Vivian Greven, JR, Paola Pivi et Leslie Hewitt dans une fourchette allant de 35 000 à 60 000 dollars.
Le galeriste new-yorkais Charles Moffett présente dans le secteur Nova des œuvres de Kim Dacres et Melissa Joseph. Au cours des 30 premières minutes du vernissage VIP, il a finalisé plusieurs ventes avec des collectionneurs inconnus de la galerie précédemment. « Mon objectif est toujours de vendre nos accrochages, que ce soit dans le cadre de notre foire ou à la galerie, mais la manière dont nous y parvenons a certainement changé au cours de l’année écoulée, explique-t-il. Nous avons la chance d’avoir beaucoup de succès. Cela nous a demandé un peu plus de travail et d’efforts. »
Sur le stand de Lehmann Maupin, la peinture I’ll see you on your way (2024) de Calida Rawles – qui bénéficie actuellement d’une exposition personnelle au Pérez Art Museum Miami – s’est vendue entre 150 000 et 200 000 dollars. La peinture Left On Red (2024) de Marilyn Minter a été cédée à un collectionneur canadien pour 200 000 dollars.
« Il y a tellement d’instabilité dans le monde ! Mais d’un autre côté, les gens veulent faire ce qu’ils ont toujours voulu faire, c’est-à-dire regarder de l’art, explique Rachel Lehmann, cofondatrice de Lehmann Maupin. L’art ne disparaît pas… Mais, c’est la façon dont les gens regardent – et qui regarde – qui est en train de changer ».