Les motivations qui poussent les artistes à créer des fondations à leur nom sont multiples. Jean Dubuffet a par exemple créé la sienne en 1974 afin qu’elle assure la pérennité et la défense de son œuvre, et pour qu’un important corpus de ses travaux puisse continuer d’être conservé ensemble. La structure assure aussi la gestion de son incroyable Closerie Falbala, œuvre d’art totale construite à Périgny-sur-Yerres, dans le département du Val-de-Marne, qui accueille en son sein son Cabinet logologique. La Fondation dispose aussi d’un lieu d’exposition dans le 6e arrondissement de Paris, qui présente jusqu’à ce samedi 21 décembre 2024 la grande exposition anniversaire, « Fondation Dubuffet, 1974-2024 - Chronique de 50 ans d’activités », retraçant le cinquantenaire de l’entité.
Certains artistes créent des structures à leur nom pour exposer et soutenir d’autres créateurs, comme le fait par exemple Lee Ufan à la Lee Ufan Arles. Cette dernière propose jusqu’au 12 janvier 2025 dans le sud de la France deux expositions, l’une réunissant des œuvres sur papier de l’Américaine Pat Steir, l’autre intitulée « Shape-Space-Form-Faktura. L’art non objectif en Europe Centrale et de l’Est entre 1915 et 1928 ». C’est une proposition inédite dans son champ historique que présente ici l’entité dans ses espaces redessinés par Tadao Ando. La manifestation réunit en effet un ensemble d’œuvres d’artistes d’Europe centrale et de l’est rattachés aux mouvements suprématiste et constructiviste et réalisées entre 1915 et 1928. Elle vient éclairer l’intérêt de Lee Ufan pour l’art de cette période et le développement d’un langage abstrait pionnier. Elle prend pour point de départ deux études suprématistes réalisées par Kasimir Malévitch autour de 1915, des dessins sur papier acquis par l’artiste coréen et aujourd’hui présents dans la collection de la Lee Ufan Foundation. Le propos est articulé par le curateur américain Matthew Drutt qui avait assuré le commissariat de la remarquable exposition « Kazimir Malevich : Suprematism », coorganisée en 2003 par la Solomon R. Guggenheim Foundation, à New York, et la Menil Foundation à Houston. Le parcours comprend quelques grands noms tels que Lázsló Moholy-Nagy ou El Lissitzky mais aussi des artistes moins en vue comme le Hongrois Lajos d’Ébneth ou le couple polonais Władysław Strzemiński et Katarzyna Kobro.
Dans l’Atelier MA, un espace situé en face de l’Hôtel Vernon, Lee Ufan Arles présente en parallèle une exposition de l’Américaine Pat Steir. L’artiste a par le passé réalisé les grandes toiles abstraites de sa série des Waterfalls, ruissellement de peintures sur des toiles parfois accrochées dans des arbres. Celle qui a notamment participé à la Documenta IX de Cassel présente à Arles de plus rares œuvres sur papier. Coulures et éclaboussures recouvrent le support dans des compositions abstraites qui offrent des échos parfois pas si lointains à l’art de Lee Ufan.