Naomi Beckwith, directrice adjointe et conservatrice en chef du Solomon R. Guggenheim Museum à New York, a été nommée directrice artistique de la 16e édition de la Documenta, l’exposition d’art contemporain organisée tous les cinq ans à Cassel, en Allemagne. Sa prochaine édition se tiendra du 12 juin au 19 septembre 2027, après une édition 2022 controversée, entachée par une polémique autour de relents antisémites.
Avant de rejoindre le Solomon R. Guggenheim Museum, Naomi Beckwith, diplômée du Courtauld Institute of Art de Londres, a été curatrice au Museum of Contemporary Art de Chicago et au Studio Museum d’Harlem. Dans ses recherches, expositions et diverses productions, elle se penche sur l’impact de la culture noire sur l’art contemporain.
Elle a organisé de nombreuses expositions, comme « Howardena Pindell : What Remains to Be Seen », en 2018 au MCA Chicago, et enseigne à la Northwestern University de Chicago et à la School of the Art Institute of Chicago. En 2024, elle a reçu le prix d’art afro-américain David C. Driskell décerné par le High Museum of Art d’Atlanta. À l’automne 2025, elle bénéficiera d’une carte blanche au Palais de Tokyo, à Paris, sur l’influence de la pensée française et de la French theory sur l’art contemporain américain.
Après sa nomination, Naomi Beckwith s’est déclarée « pleine d’humilité face à l’ampleur de cette responsabilité et impatiente de partager [sa] recherche et [ses] idées avec cette illustre et généreuse institution, qui laisse le temps et l’espace nécessaires à la concentration, à l’étude, à l’exploration, à l’expérimentation et à l’éveil des artistes, commissaires et publics. »
Cette responsabilité est d’autant plus grande qu’elle va orchestrer la Documenta après une édition 2022 très mouvementée. Dirigée cette année-là par le collectif d’artistes indonésien ruangrupa, la manifestation avait été accusée d’antisémitisme. À son ouverture, une œuvre de Taring Padi, People’s Justice, avait en effet déclenché une importante polémique, avant que d’autres pièces de l’exposition ne soient elles aussi qualifiées d’antisémites. Ce scandale avait finalement conduit à la démission, en juillet 2022, de Sabine Schormann, alors directrice générale de la Documenta.
Début 2023, un rapport, rédigé par un comité de sept experts en art, droit et sciences politiques, a conforté ces accusations, considérant que certaines œuvres présentes à la Documenta 15 « portaient des messages pouvant ou devant être interprétés comme antisémites ». En novembre 2023, les quatre membres du comité chargé de choisir le directeur artistique de la prochaine édition avaient démissionné en bloc. Finalement, un nouveau comité a été nommé en juillet de cette année.
« Parce qu’elle a traversé l’une des plus sévères crises [de son histoire], beaucoup ont dit que la Documenta était morte. Nous nous sommes concentrés sur le fond et sur la situation. Nous n’avons jamais perdu confiance en la Documenta… [c’est] un lieu où d’importants problèmes sociétaux de notre temps sont abordés », a déclaré mercredi 18 décembre Sven Schoeller, maire de Cassel et vice-président du conseil d’administration de la Documenta.