C’est l’une des salles de spectacles historiques de la capitale, ancien théâtre reconverti en centre culturel consacré aux arts numériques et aux musiques actuelles, situé dans le IIIe arrondissement, qui a fermé ses portes depuis le 17 décembre. En cause, l’occupation des lieux par 250 migrants sans-abri, majoritairement des mineurs isolés, qui y ont élu domicile depuis le 10 décembre. Pour la plupart venus d’Afrique subsaharienne, ces réfugiés dorment à même le sol au premier étage. Le Collectif des jeunes du parc de Belleville, qui occupe le bâtiment, alerte sur la précarité des migrants, proteste contre le harcèlement policier envers leurs campements et réclame une politique de logement d’urgence et d’inclusion sociale.
L’occupation soudaine a pris de court l’établissement culturel, contraint de suspendre sa programmation. La salle de spectacles déplore « plusieurs centaines de milliers d’euros de pertes directes » à la suite de l’annulation d’« évènements privés et publics depuis le début de l’occupation ». Selon Juliette Donadieu, la directrice de la Gaîté Lyrique, interviewée par Le Parisien : « le manque à gagner est tel que l’on va droit vers un dépôt de bilan ». Elle exhorte la Ville de Paris et l’État à agir pour reloger et soutenir les occupants confrontés au froid et à la faim.
« La Gaîté Lyrique regrette le caractère subi et soudain de cette occupation, mais rappelle le caractère légitime de la revendication du collectif visant à obtenir un toit pour ces 250 personnes, écrit la Gaîté Lyrique - La Fabrique de l'époque dans un post sur Instagram. […] Nous dénonçons vivement l’inaction et l’incapacité de dialogue entre les services de la Ville de Paris et ceux de l’État. Cette inaction met clairement en danger les personnes hébergées et les équipes qui affrontent seules la situation, sans aucun calendrier de résolution, alors qu’en aucun cas la Gaîté Lyrique n’est compétente et ne dispose des espaces et moyens sanitaires pour offrir une solution d’hébergement à ces personnes, dans le respect et la dignité humaine. Cependant, à défaut de quelque proposition concrète de relogement de la part de la Ville de Paris ou de l’État, il est impensable, au risque de les mettre en danger, de rejeter ces personnes à la rue, au milieu du mois de décembre, alors que les températures avoisinent 0°. Faut-il attendre que la situation se dégrade encore davantage, ou qu’il y ait des victimes pour que cesse cette inaction des autorités compétentes et responsables ? La Gaîté Lyrique demande instamment à la Ville de Paris de trouver sans délai une solution de relogement pour ces 250 jeunes, et ce quelle que soit la position de l’État. La programmation de la Gaîté Lyrique est de fait pour le moment suspendue, et ce jusqu’à nouvel ordre. » L’équipe de l’établissement culturel parisien a également adressé une lettre ouverte à la maire de Paris, publiée dans Libération.
« Nous ne disposons pas de locaux vides que nous pourrions utiliser du jour au lendemain », a répondu Patrick Bloche, le premier adjoint (PS) à la maire de Paris. La municipalité a avancé l’idée d’accueillir ces jeunes réfugiés dans les locaux du lycée professionnel Brassaï, fermé depuis la rentrée scolaire de 2023.
« Avec plus de 2000 places d’hébergement pour les personnes en difficulté, le XVe prend toute sa place dans la mise en place de politiques de solidarité, a réagi sur X le maire (LR) du XVe arrondissement, Philippe Goujon. Je m’oppose fermement à l’accueil de 250 mineurs isolés au lycée Brassaï qui doit accueillir les élèves du lycée Drouant. »