Éminente critique, historienne des théories et des formes urbaines et architecturales, Françoise Choay, née Françoise Weiss, est décédée le 8 janvier 2025 à Paris, à l’âge de 99 ans.
Née le 29 mars 1925 à Paris, elle poursuit des études de philosophie avant de devenir critique, contributrice de nombreux titres, parmi lesquels L’Observateur, L’Œil, Art de France, La Revue d’esthétique, Critique, Urbanisme…
Après la soutenance de sa thèse d’État consacrée à Leon Battista Alberti et aux utopies spatiales (notamment celles de Thomas More), en 1978, elle enseigne au Centre universitaire expérimental de Vincennes (future Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis), établissement né de l’esprit de Mai 1968 où l’approche progressiste s’inspire des sciences humaines et sociales. En 1969 y est créé un département d’urbanisme qui deviendra plus tard l’Institut français d’urbanisme. Françoise Choay y enseignera jusque dans les années 1990.
Son apport dans le domaine de l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme est essentiel. Elle est l’auteure d’ouvrages majeurs, devenus des références : L’Urbanisme, utopies et réalités (1965) ou La Règle et le modèle. Sur la théorie de l’architecture et de l’urbanisme (1980). Elle a participé au tome IV de l’Histoire de la France urbaine (1985), sous la direction de Georges Duby.
Dans les années 1990, elle se tourne vers l’étude du patrimoine, et publie L’Allégorie du patrimoine (1996). La même année, à l’occasion de l’exposition « Métamorphoses parisiennes » au Pavillon de l’Arsenal, à Paris, Françoise Choay écrit pour le catalogue éponyme un texte intitulé De la démolition : « Toutes les cultures et toutes les sociétés se sont constituées et développées en démolissant. […] La notion de démolition entre donc en relation avec celle de conservation selon deux acceptions différentes. Autrement dit, pour l’historien et le critique actuels, les concepts de démolition et de conservation forment deux couples dont l’un s’applique aux comportements traditionnels de nos sociétés et l’autre à ceux d’une civilisation technicienne en voie d’émergence. » Une position audacieuse, que L’Architecture d’Aujourd’hui (AA) a reproduite en 2011 pour son numéro Patrimoines, rappelle la revue dans son hommage à son ancienne contributrice.
Françoise Choay a participé aux travaux de la charte de Venise (1964) et à la Convention de l’UNESCO de 1972 sur la protection du patrimoine culturel et naturel. Elle a reçu le prix du Livre d’architecture 2007 pour son ouvrage Pour une anthropologie de l’espace. Éditrice, elle a dirigé aux éditions du Seuil la collection « Espacements », dans laquelle ont paru plusieurs traductions de textes fondateurs de l’urbanisme.
En 2025, la Cité de l'architecture et du patrimoine rendra hommage à Françoise Choay en lui consacrant une conférence et en donnant son nom à l'un des espaces d'enseignement de l'École de Chaillot, à Paris.