Paris a accueilli au Grand Palais, du 6 au 11 février 2025, le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA). Les acteurs du secteur étaient au rendez-vous, de Sam Altman, le patron d’OpenAI, à l’origine du robot conversationnel ChatGPT, au milliardaire et investisseur français Xavier Niel, fondateur d’Iliad. Le président indien Narendra Modi était aux côtés d’Emmanuel Macron, qui a annoncé 109 milliards d’euros d’investissements dans le domaine de l’IA dans les prochaines années et a répondu au slogan de campagne de Donald Trump « We will drill, baby, drill » (« On va forer, bébé, forer ») par la formule « Plug, baby, plug » (« Branche-toi, bébé, branche-toi »). Le vice-président américain J.D. Vance a également fait le déplacement, mettant en garde contre une « réglementation excessive » de l’IA.
À l’occasion de cette conférence internationale abordant les enjeux du développement des IA génératives qui bat son plein, de la pépite hexagonale Mistral AI au challenger chinois Deepseek, le ministère de la Culture a annoncé le lancement d’un programme de résidences sur la création à l’ère de l’intelligence artificielle, intitulé « Arts in the Age of AI », par la Villa Albertine, l’institut pour la culture et l’éducation de l’Ambassade de France aux États-Unis. Cette initiative accueillera outre-Atlantique huit artistes ou professionnels de la culture qui intègrent l’intelligence artificielle dans leur travail.
Un appel à candidatures a été lancé le 10 février 2025 pour sélectionner les futurs lauréats, qui seront annoncés en juin. À l’issue de cette sélection, la Villa Albertine accueillera quatre créateurs par an aux États-Unis en 2026 et 2027, pour des résidences de recherche et d’exploration de deux mois. Ces derniers bénéficieront d’un accompagnement faisant appel à l’ensemble de l’écosystème de l’intelligence artificielle : entreprises de technologies, universités, centres de recherche et institutions culturelles. Ils effectueront leur séjour sur le territoire le plus pertinent pour leur projet, parmi les dix villes où la Villa Albertine est présente : New York, San Francisco, Los Angeles, Atlanta, Boston, Chicago, Houston, Miami, La Nouvelle-Orléans et Washington D.C.
« L’intelligence artificielle ouvre des horizons inédits pour les artistes de toutes les disciplines, et sera un aspect clé de la relation entre la France et les États-Unis pour la création et l’éducation, explique Mohamed Bouabdallah, directeur de la Villa Albertine. Alors que nos deux nations cherchent à tirer parti du potentiel de ce nouveau médium, la France peut présenter aux artistes une vision d’équilibre mêlant innovation et respect des créateurs et de leurs droits. Grâce à ce nouveau programme de résidences, baptisé "Arts in the Age of AI", la Villa Albertine offre aux artistes une opportunité unique de s’emparer de ce nouvel outil créatif pour explorer et innover. »
Ce programme de résidences est financé par la mécène et entrepreneuse numérique franco-américaine Fidji Simo, présidente directrice générale d’Instacart, le leader nord-américain des courses en ligne. Cette Sétoise d’origine, installée en Californie après un Master en Management de HEC Paris, dont une dernière année effectuée à la UCLA Anderson School of Business à Los Angeles, est également membre du conseil d’administration d’OpenAI et de Shopify, et ancienne directrice de Facebook chez Meta, où elle a passé dix ans.
« Les artistes jouent un rôle essentiel dans notre compréhension des changements de la société, en utilisant leur créativité pour façonner notre compréhension du monde, déclare Fidji Simo. À l’heure où nous entrons dans une ère d’innovation sans précédent, nous entrons également dans un âge d’or de la créativité, car les artistes et créateurs maîtrisant les outils d’IA pourront exprimer leur vision de manière inédite. Je suis fière de soutenir la Villa Albertine dans sa mission d’accompagnement des artistes. En tant que citoyenne de deux nations qui ouvrent la voie en matière d’IA, je suis enthousiaste à l’idée de renforcer le lien entre ces deux pays, ainsi qu’entre l’art et la technologie. »
Le programme de résidences « Arts in the Age of AI » marque « une nouvelle étape dans l’exploration du dialogue entre art et intelligence artificielle initié par la Villa Albertine, précise le communiqué. Depuis 2021, la Villa Albertine accompagne des créateurs innovants dans leurs recherches aux États-Unis, comme le cinéaste Simon Bouisson, qui a exploré l’écriture cinématographique assistée par IA en Californie, ou l’artiste Justine Emard, exposée pendant le week-end culturel du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, qui rejoindra le MIT Media Lab à Boston pour lier neurosciences, IA et création numérique. »
En mai 2024, l’événement « Art in the Age of AI », au siège de la Villa Albertine à New York, a posé les bases d’une réflexion franco-américaine autour de l’IA dans la création. Il a rassemblé divers acteurs clés parmi lesquels OpenAI, Google, l’École polytechnique, le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), le Cleveland Museum of Art ou encore le musée d’Archéologie nationale - Domaine national de Saint-Germain-en-Laye.
Dans le troisième numéro de son magazine States, la Villa Albertine donne voix à des personnalités influentes du débat transatlantique sur l’IA telles qu’Anne Bouverot, envoyée spéciale du président de la République sur l’IA ; Mark Surman, président de la Mozilla Foundation ; l’écrivain Alain Damasio ; ou encore Linda Powell, présidente du syndicat des acteurs SAG AFTRA.