Succès pour la collection Marcel Lehmann Lefranc chez Sotheby’s le 20 février : la section consacrée aux œuvres (les 85 premiers lots de la vacation) de ce collectionneur et mécène passionné, a suscité une vive compétition aboutissant à une vente « gants blancs » — soit 100% des lots adjugés — pour un total de 2,7 millions d’euros, dépassant l’estimation haute (de 1 à 1,5 million d’euros), précise Sotheby’s.
Outre les œuvres elles-mêmes, la provenance a joué dans ces très bons résultats. Disparu en 2024, Marcel Lehmann-Lefranc était le petit-fils, par son père, d’Albert Lehmann, fondateur de la banque Lehmann et par sa mère des Lefranc. Une illustre famille française de marchands de couleurs, fournisseurs officiels au XVIIIe siècle des peintures de Versailles et fondateurs de ce qui deviendrait la maison Lefranc Bourgeois. Il avait consacré sa vie à rassembler une collection d’une grande cohérence dans son appartement parisien, conçu et meublé par Jean-Michel Wilmotte.
Sa collection réunissait des figures majeures du Nouveau Réalisme et de Supports/Surfaces. Certains critiques et artistes « faisaient partie de son cercle proche, comme Pierre Restany, Niki de Saint Phalle, César et Jean Tinguely », précise Sotheby’s. Cette collection au goût très français avait été dévoilée au public pour la première fois en 1995, lors de l’exposition « Passions Privées » au musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Au cœur de sa collection se trouvait un extraordinaire Tir de Niki de Saint Phalle, réalisé en 1961, que Lehmann-Lefranc avait acquis directement lors d’une de ses séances emblématiques. « Depuis, il trônait dans son bureau, témoignage vibrant de son engouement pour l’avant-garde du XXe siècle. Son assemblage d’œuvres créait un dialogue unique entre peintures monumentales et ce que Lehmann-Lefranc appelait affectueusement ses "petites sculptures", mêlant pièces anciennes et créations contemporaines », explique Sotheby’s. L’œuvre de Niki de Saint Phalle a atteint 246 000 euros, triplant son estimation. Une pièce de Mimmo Rotella a obtenu 264 000 euros, quadruplant son estimation haute. Tête d’arlequin de Pablo Gargallo a récolté 312 000 euros, là aussi quatre fois l’estimation haute. Une création de Germaine Richier a obtenu 384 000 euros.
Chez Sotheby’s, la vente online « Contemporary Discoveries » dans laquelle était proposé la Collection Marcel Lehmann-Lefranc a totalisé 3,7 millions d’euros pour 135 lots et a attiré 547 participants connectés depuis le monde entier.