L’architecte Lina Ghotmeh a remporté le concours pour le réaménagement des espaces de l’aile Western Range du British Museum de Londres. Son projet l’a emporté face à ceux de Rem Koolhaas et David Chipperfield, également en lice pour cette ambitieuse rénovation.
Au total, cinq équipes d’architectes figuraient sur la liste des candidats retenus, annoncée l’année dernière. Chacune d’entre elles espérait diriger une rénovation que le British Museum a décrite comme « l’une des plus grandes rénovations culturelles en cours dans le monde ».
Lina Ghotmeh, qui a conçu le pavillon des Serpentine Galleries de Londres en 2023, a également été chargée de concevoir un musée d’art contemporain dans la région patrimoniale d’AlUla, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite. Une biographie en ligne, qui la décrit comme une « architecte humaniste », indique qu’en 2005, elle a remporté le concours international pour la conception du musée national estonien alors qu’elle travaillait à Londres, en collaboration avec les Ateliers Jean Nouvel et Foster & Partners.
L’équipe de l’architecte pour le projet de rénovation du British Museum comprend l’artiste Ali Cherri, dont les œuvres explorent les histoires géopolitiques et culturelles. « Lina consultera Ali dans le cadre du consortium élargi de personnes qui apporteront leur expertise à ce projet », a déclaré un porte-parole du musée. Son cabinet, Lina Ghotmeh Architecture (LGA), travaillera avec le musée pour élaborer les premiers plans d’ici à la mi-2026.
Dans un post Instagram, le directeur du British Museum, Nicholas Cullinan, a écrit que les idées initiales de Ghotmeh « ont unanimement impressionné le jury par leur beauté, leur sensibilité et leur ingéniosité, ainsi que pour son profond intérêt pour l’archéologie ». Ces idées incluent la réutilisation de gravats provenant du processus de construction « pour couvrir les murs de l’aile lycienne avec un effet ravissant ».
L’année dernière, Lina Ghotmeh a déclaré au Robb Report : « Le domaine de l’archéologie vous raconte toujours des histoires sur la façon dont nous construisions et interagissions avec notre environnement, en mettant constamment en perspective ce qui a déjà été fait… Ce n’est pas seulement une obsession pour l’écologie, c’est aussi une quête pour des matériaux plus durables. Tout acte de construction doit avoir un impact positif sur son environnement ».
Le jury du concours était composé de dix experts en art et en architecture, dont l’universitaire irlandaise Yvonne Farrell et Meneesha Kellay, conservateur en chef de l’art contemporain au Victoria and Albert Museum. Le président du conseil d’administration, George Osborne, ainsi que d’autres administrateurs, dont l’artiste Tracey Emin et l’homme d’affaires britannique Charlie Mayfield, ont également contribué à ce choix.
Un plan directeur controversé
Une grande partie de l’espace d’exposition du musée − englobant la « Western Range », qui abrite actuellement des collections d’objets venant d’Égypte, de Grèce et de la Rome antiques − devrait être réaménagée dans le cadre de ce projet. L’espace occidental couvre un tiers de la surface totale des galeries du musée, ainsi que d’autres espaces, soit un total de 15 650 mètres carrés.
Les lieux sont constitués de bâtiments originaux des années 1850 conçus par Robert Smirke, ainsi que d’ajouts ultérieurs tels que les salles 10 et 22. « Tous les bâtiments ont besoin d’être rénovés pour répondre aux normes de performance des édifices contemporains, et beaucoup d’entre eux contiennent des éléments patrimoniaux très importants », a déclaré le musée dans un communiqué.
La rénovation de la Western Range fait partie du plan directeur du musée, qui comprend également un nouveau pôle énergétique conçu pour éliminer progressivement l’utilisation des combustibles fossiles et les remplacer par des technologies à faible émission de carbone. Ce projet, financé en partie par le gouvernement, devrait permettre d’économiser 1 700 tonnes de dioxyde de carbone par an, ce qui rendra l’institution plus durable. L’année dernière, le musée s’est également doté de nouvelles réserves et d’un centre de recherche pour un coût de 64 millions de livres sterling (plus de 77 millions d’euros) dans le Berkshire, appelés BM_ARC.
Le coût de l’ensemble du projet de plan directeur devrait atteindre des centaines de millions de livres, voire plus d’un milliard. Dans une démarche controversée, la compagnie pétrolière et gazière BP s’est engagée à verser 50 millions de livres (plus de 60 millions d’euros) au cours de la prochaine décennie pour aider à financer le réaménagement. En réaction, les défenseurs de l’environnement avaient appelé les architectes potentiels à ne pas participer au concours.