Un prince africain par Klimt à la galerie Wienerroither & Kohlbacher
L’enseigne viennoise frappe un grand coup à la Tefaf Maastricht avec ce rarissime portrait du prince William Nii Nortey Dowuona par Gustav Klimt : une excellente façon de combiner un très grand nom de l’histoire de l’art et un personnage d’origine africaine, un sujet particulièrement apprécié en ce moment par les musées américains… « Le propriétaire du tableau est passé à la galerie et nous a montré des photos, mais nous étions prudents car la peinture était sale, mal encadrée, confie Ebi Kohlbacher. Mais nous avons rapidement trouvé qu’il figurait bien dans le catalogue raisonné, et qu’il a été exposé en 1928 par la Sécession à Vienne. C’est son seul portrait d’une personne noire que nous connaissions de l’artiste ». Prix : 15 millions d’euros.

Jacques-Émile Ruhlmann, piano Pleyel, 1929, placage d’ébène de Macassar, noyer, bois de violette, bronze doré. Photo A.C.
Un piano Art déco par Jacques-Émile Ruhlmann à la galerie Marcilhac
Alors que le marché de l’Art déco semble traverser une période plus calme, avec peu de chefs-d’œuvre sur le marché, la galerie Marcilhac dont c’est de longue date la spécialité, célèbre en beauté le centenaire du mouvement. Elle fait revivre ici le pavillon conçu par Jacques-Émile Ruhlmann pour l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 à Paris, pour lequel il créa ce modèle de piano. En 1929, François Ducharne, directeur des soieries du même nom, en commande un exemplaire pour son hôtel particulier parisien. Pour la Tefaf Maastricht, la galerie l’a dépoussiéré, redoré à la feuille quelques endroits légèrement altérés… et accordé. En ce 13 mars, jour d’ouverture, il était réservé, à 350 000 euros.

Benjamin Steinitz devant un miroir vénitien, XVIIe siècle. Photo A.C.
Un étincelant miroir « Rothschild » à la Galerie Steinitz
Provenance Rothschild pour ce splendide miroir de belles dimensions en cristal de roche, l’une des nombreuses pépites du stand de Steinitz, qui a par ailleurs vendu deux magnifiques panneaux Empire qui étaient probablement destinés au prince Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie sous le régime de Napoléon 1er. Quant au miroir, il ornait les salons de l’hôtel Lambert de Guy et Marie-Hélène de Rothschild. La galerie l’a racheté aux enchères lors d’une vente « Rothschild » à New York. Vers 1675, beaucoup de ces luxueux miroirs vénitiens furent acquis par la cour d’Espagne et parfois ensuite offerts, comme les six exemplaires qui ornent le monastère royal de Santa Maria de Guadalupe, ou celui du palais de l’Escurial, près de Madrid. Prix : 1,6 million d’euros.

Diego Velasquez, Portrait de la Mère Jéronima de la Fuente, vers 1620. Galerie Stuart Lochhead. Photo A.C.
Un Vélasquez de jeunesse chez Stuart Lochhead Sculpture
C’est chez un spécialiste de sculpture que se cache, derrière un écrin bleuté tamisé par des lamelles, l’une des œuvres les plus singulières de cette édition de la Tefaf Maastricht. Un tableau religieux et austère de Vélasquez exécuté à 21 ans à Séville, avant qu’il n’aille s’installer à Madrid. L’œuvre, selon la galerie, annonce l’évolution majeure de l’artiste. Pour le spécialiste et conseiller en peinture ancienne Étienne Bréton, le Louvre, qui ne possède pas de tableaux de cet éminent artiste espagnol, ne devrait pas rater cette occasion, vu la rareté du peintre sur le marché… La galerie a refusé de nous donner le prix.

Laura Kugel à côté d’une figure anatomique, Italie ou Espagne, première moitié du XVIIe siècle. Galerie Kugel. Photo A.C.
L’art de l’anatomie à la galerie Kugel
« Tôt ou tard, tout est art », disait Andy Warhol. Cette figure anatomique d’une femme enceinte à échelle réelle servait, en Italie ou en Espagne, aux étudiants en médecine pour approfondir leurs connaissances en dissection, adoubée par décret papal. Selon la galerie, la sculpture en bois, cire et métal, qui illustre l’émergence de la science, serait la première de ce genre connue en Occident. Restée dans une collection belge de Gand depuis les années 1970, « cette œuvre qui n’a pas été créée pour être une œuvre d’art avait été présentée par la galerie Jean Roudillon à la Biennale des Antiquaires à Paris, où elle a été vendue », précise Laura Kugel. Prix à 7 chiffres.
Tefaf Maastricht, jusqu'au 20 mars 2025, MECC, Maastricht, Pays-Bas, www.tefaf.com