Du 19 mars au 27 mai 2025, il ne sera plus possible de fréquenter le salon de thé du musée des Beaux-Arts de Lyon en admirant le décor monumental de Raoul Dufy, La Seine, de Paris à la mer. La salle va fermer afin de permettre d’importants travaux sur cette imposante peinture de 12 mètres par 3,5 mètres. L’objectif est de « fixer la couche picturale, améliorer sa conservation et sa mise en valeur », selon le musée. La restauration bénéficie du soutien financier des Amis du musée.
Installé en 1940 sur les murs du bar fumoir du Palais de Chaillot à Paris, ce décor monumental fut par la suite déplacé au Centre Pompidou en raison de travaux de réaménagement. Ce n’est qu’en 2001 que La Seine, de Paris à la mer a pris le chemin de Lyon et de son musée des Beaux-Arts. Au fil de ces multiples lieux de résidence, le passage du temps a malheureusement altéré l’œuvre. Les couleurs vives et saturées, qui faisaient autrefois sa splendeur, ont perdu de leur éclat originel, une dégradation fâcheuse pour cette palette tonique si caractéristique du style de Raoul Dufy.
Peint à l’occasion de l’Exposition internationale des arts et des techniques dans la vie moderne de Paris en 1937, La Seine, de Paris à la mer illustre un idéal désormais révolu : celui d’une unité parfaite entre l’industrie, l’homme et la nature. À l’instar de La Fée Électricité, également réalisée pour la même manifestation, cette œuvre s’inscrit dans une vision utopique et positiviste d’un avenir où progrès technologique et respect de l’environnement coexisteraient harmonieusement.
Le tableau du musée de Lyon présente trois figures féminines allégoriques représentant la Seine et ses deux affluents, l’Oise et la Marne. Ces figures évoluent au sein d’un paysage où les installations métalliques se fondent subtilement avec l’or des champs de blé et le vert des arbres. Une fusion à la fois symbolique et stylistique, dans un tableau où Raoul Dufy ne se prive pas d’explorer des solutions esthétiques modernes tout en s’appuyant sur un vocabulaire classique.