Le musée national Picasso-Paris, qui détient la plus importante collection au monde d’œuvres de l’artiste (plus de 5 000 œuvres inscrites à l’inventaire : peintures, sculptures, arts graphiques, estampes, livres illustrés, films, mobilier…), est aussi dépositaire de 200 000 pièces d’archives privées, dont le fonds Pablo Picasso (correspondances, manuscrits poétiques et critiques) et autres imprimés, revues, tracts, catalogues… À cela s’ajoutent quelque 13 000 ouvrages, plus de 18 000 photographies numérisées, 60 000 notices accessibles en ligne sur le portail numérique. Au cours des quarante années d’existence de l’institution, la documentation constituée par l’équipe scientifique est pléthorique : documentation générale, thématique, films et photographies, documentaires, dossiers d’œuvres, histoire du musée, des expositions, ensemble des documents administratifs. Ces ressources sont désormais à la disposition des chercheurs et du public dans un espace de 720 m², conçu sur mesure pour les accueillir.
« À la fois centre de ressources et centre de recherche, le Centre d’Études Picasso (CEP) a pour ambition d’être le point de rencontre et la référence sur Pablo Picasso et son œuvre pour les chercheurs et chercheuses du monde entier, explique le musée dans un communiqué annonçant son ouverture. Implanté à l’Hôtel de Rohan, le CEP propose les meilleures conditions pour accéder aux ressources du musée. Il constituera un cadre privilégié d’échanges scientifiques au sein de la communauté des chercheurs. Il sera aussi un lieu de transmission et de partage auprès d’un large public. »
L’aménagement a été réalisé par l’architecte Pascal Grasso, qui a déjà notamment signé l’Institut Giacometti en 2018, transformant un hôtel particulier parisien classé en espace d’exposition et de recherche. Pour ce projet du CEP, il a créé dans l’ancienne écurie de l’Hôtel de Rohan un espace épuré, doté d’un mobilier faisant référence à l’univers de l’artiste. Les luminaires sont inspirés du motif du losange, renvoyant à la fois aux macles – un insigne héraldique que l’on retrouve dans les ferronneries du bâtiment historique du Marais – et à l’Arlequin, figure récurrente de la période rose du peintre. Les tables de travail en acajou dans la salle de consultation sont entourées de 130 mètres de linéaires de documentation et des ouvrages de la bibliothèque. Le cadre sobre et minimaliste se veut propice à la concentration. La salle du conseil fait, quant à elle, dialoguer un vaste luminaire avec la table centrale dont les cerclages sont en laiton, apportant là aussi une touche design contemporaine dans un cadre patrimonial.
« J’ai été mandaté à la suite d’un appel d’offres privé de la part du musée. D’une manière générale, je cherche à travailler à partir de ce qui existe, dans une approche contextuelle du projet, explique Pascal Grasso. La première source d’inspiration, bien sûr, c’est Picasso. Dans la commande, il s’agissait de créer un lieu qui lui est exclusivement dédié, en relation avec son œuvre. Il fallait l’intégrer mais sans que ce soit forcément trop présent, trouver une manière subtile d’y faire référence. L’Arlequin est un personnage intéressant, aux facettes multiples, à travers lequel Picasso renvoie aussi à sa propre personnalité, complexe, à la manière d’un autoportrait. La création de luminaires puise son inspiration dans ceux créés par Diego Giacometti, commande spécifique pour l’ouverture du musée Picasso. J’ai essayé de m’inscrire dans cet espace historique, très linéaire, dans les dépendances, tout en créant un lieu avec sa propre identité. Mon travail consiste à faire des liens entre les époques. J’aime bien garder les traces du passé, ce qui n’exclut pas d’apporter une touche contemporaine. Le traitement du sol en bois fait ainsi référence aux pavés de la cour. J’ai également travaillé la lumière et l’acoustique pour créer un espace feutré, notamment en utilisant pour le plafond des panneaux acoustiques, fabriqués à partir de bouteilles de plastique recyclées. On le sent tout de suite quand on entre. Dans l’aménagement, j’ai placé au centre les chercheurs, entourés par des linéaires de livres. Tout est mis en œuvre pour arriver à un lieu plaisant, calme, propice au travail. »
Le Centre d’Études Picasso, en partenariat avec des institutions et centres de recherche en France et à l’étranger, « a vocation à devenir un lieu privilégié d’échanges scientifiques, grâce à l’organisation d’événements réguliers (journées d’études, séminaires, colloques) autour d’axes de recherche liés à la vie du musée et de ses collections et à l’actualité de la recherche (programmation artistique, scientifique et culturelle) », précise le musée.
Les événements et contenus générés par ces rencontres sont relayés par le portail du Centre d’Études Picasso, dont la base de données, mise en ligne en juin 2024, réunit l’ensemble des collections du musée et de ses ressources.
Le Centre d’Études Picasso, qui accueille depuis 2023 des chercheurs en résidence, proposera à partir de la rentrée 2025-2026 des bourses doctorales.
Le Centre d’Études Picasso est situé au 1, rue des Quatre-Fils, 75003 Paris, au sein du quadrilatère des Archives Nationales, à 200 mètres du musée national Picasso-Paris.