Atelier Letourneur, sculpteurs de père en fils chez Crait+Müller
René Letourneur, prix de Rome en 1926, a tout appris de la taille directe sur marbre auprès des artisans italiens qui réalisent les projets des étudiants à la Villa Médicis. L’essentiel de l’œuvre de l’artiste a été réalisé dans sa maison-atelier, construite à son retour d’Italie en 1934, avec l’aide de son ami architecte André Leconte. La maison reflète parfaitement l’inspiration et les choix esthétiques du sculpteur. Inspirée des villas romaines de la Renaissance, elle s’inscrit néanmoins avec force dans la modernité avec ses murs en béton brut. René Letourneur a sculpté le marbre jusqu’à sa disparition en 1990 à plus de 90 ans. Nombre de ses pièces les plus importantes, qui ont notamment séduit le critique Pierre Restany, ont été réalisées au soir de sa vie. Parmi les plus attendues, fugurent Nu allongé, de 1980 (est 12 000-15 000 euros), ou Nu couché, de 1988 (est. 6 000-8 000 euros). Ce sont 174 œuvres de l’artiste qui sont présentées par la maison Crait+Müller dans la vente de son atelier, qui comprend aussi 20 sculptures de son fils Jean, fasciné par la mécanique des fluides (Sable en mouvement, 2001, est. 1 500-2 000 euros).
« Atelier Letourneur – 100 ans de sculpture », vendredi 4 avril 2025, Crait+Müller, Hôtel Drouot, 9, rue Drouot 75009 Paris, www.crait-muller.com

Toshio Bando, Les Deux lapins, 1925n huile et feuille d'argent sur toile et encre, 27 x 35 cm. Courtesy Ader
Toshio Bando : la collection Jacques Boutersky chez Ader
Le marchand d’art parisien Jacques Boutersky rencontre l’œuvre du peintre japonais Toshio Bando en 1986, sur les murs de l’Hôtel Drouot, lors d’une vente de la maison Ader Picard Tajan. Près de quarante ans plus tard, il confie la dispersion de sa collection de quelque 121 peintures de l’artiste à la maison Ader. Tashio Bando est un peintre atypique dans le quartier de Montparnasse qu’il fréquente dès 1922 avec son ami Tsuguharu Foujita, arrivé à Paris dix ans plus tôt. Il semble à première vue imperméable au foisonnement des mouvements artistiques qui rythment la vie culturelle parisienne. Toute sa vie de peintre s’est concentrée sur une interprétation des portraits (Autoportrait aux pinceaux ou Composition Bouddha, 1925, est. 20 000-30 000 euros), des natures mortes (Nature morte aux fleurs séchées, 1929, est. 2 500-3 000 euros), voire de sujets qui pourraient apparaître comme un peu mièvres (Le Chat blanc fond or ou Yuki au harnais, 1928, est. 3 000-5 000 euros). Il impose néanmoins une peinture raffinée mise en valeur par un traitement inédit des fonds grâce, notamment, à l’utilisation de feuilles d’or ou d’argent (Les Deux lapins, 1925, est. 4 000-6 000 euros).
« Toshio Bando – collection Jacques Boutersky », vendredi 4 avril 2025, Ader, Hôtel Drouot, 9, rue Drouot 75009 Paris, www.ader-paris.fr

Jean Cocteau, L’ingénue, 1963, coupe en terre de faïence blanche, engobes noir, gris-bleu et jaune d’or, crayon d’oxyde mauve, turquoise et jaune. Courtesy Millon
L’univers artistique du couple Jean Cocteau - Jean Marais chez Millon
Lorsque Jean Cocteau rencontre Jean Marais en 1937, il affirme, selon Dominique Marny, présidente du comité Jean Cocteau dans sa préface du catalogue « Jean(s) Cocteau & Marais : une histoire d’Art(mour) » publié par la maison Million : « Je ne l’ai pas connu, je l’ai reconnu ». Il est sans doute saisi par la ressemblance entre l’acteur qu’il doit mettre en scène dans sa pièce Œdipe roi et le jeune éphèbe dont il dessinera le profil toute sa vie (Antinoüs, 1957, plat en terre de faïence blanche, est. 2 000-3 000 euros). Près de 300 lots, livres, autographes, photographies et bien sûr dessins et sculptures permettent de se plonger dans l’univers de ce couple un peu sulfureux, brièvement mis à l’index après l’Occupation à cause de l’amitié qui a lié le poète à Arno Breker, sculpteur préféré d’Hitler (Arno Breker, Buste de Jean Marais, 1963, plâtre à patine blanche et grise, est. 3 000-4 000 euros). Si l’œuvre de Jean Cocteau est bien connue, celle de Jean Marais est un peu occultée par sa carrière cinématographique. Pourtant, la sculpture est, selon ses propres paroles, sa véritable passion : qu’il s’agisse du bronze (La Bête, bronze à patine brune et dorée, est. 3 000-5 000 euros), du plâtre (Paire d’appliques à patine dorée, est. 500-800 euros) ou de la céramique (Pichet Tête de chèvre à la Lyre, est. 600-800 euros).
« Jean(s) Cocteau & Marais : une histoire d’Art(mour) », lundi 7 avril 2025, Millon, salons du Trocadéro, 5 avenue d’Eylau, 75116 Paris, www.millon.com