« Amener un nouveau souffle à cette foire, en l’orientant vers la découverte et la nouveauté. » Telle est l’ambition de Guillaume Piens lorsqu’il prend les rênes d’Art Paris en 2011. Il lui paraît alors essentiel de consacrer un secteur à la jeune garde de l’art contemporain, qui servirait d’incubateur et de tremplin aux galeries émergentes. En créant Promesses, il offre l’opportunité à de jeunes enseignes de s’établir sur le marché international, grâce notamment à la prise en charge par la Foire de 45 % du prix du stand. Jusqu’ici limité à neuf galeries de moins de 6 ans, le secteur franchit un cap avec le retour d’Art Paris au Grand Palais. Cette année, sous la houlette du commissaire d’exposition Marc Donnadieu [contributeur à notre mensuel The Art Newspaper Edition française], désormais en charge de la sélection, vingt-cinq galeries de moins de 10 ans s’installent sur les balcons sud de la plus grande verrière d’Europe.
Servir d'incubateur et de tremplin aux galeries émergentes

Sosthène Baran, Des figures, 2024, pigment et huile sur plâtre, bois et acier, 65 x 48 x 10 cm. Courtesy Panis
Si certaines sont désormais des habituées, comme les galeries Anne-Laure Buffard (Paris) ou Rebelde (Guatemala City), de retour pour une troisième édition, dix-sept sont des primo-arrivantes. Parmi elles, la galerie parisienne Idéale célèbre sa toute première participation à une foire par un stand pensé comme une rencontre entre les cultures occidentales, amérindiennes et orientales. Ouverte en septembre 2024, la galerie rouennaise de Jean-Guillaume Panis met en avant le regard singulier des artistes Sosthène Baran, Olivier Kosta-Théfaine et David Roth sur la nature.

Killion Huang, The Goldfish, 2024, peinture, 120 x 100 x 4 cm. Courtesy EDJI Gallery
Bien que la peinture figurative, portée par toute une nouvelle génération d’artistes, soit très présente cette année, le secteur Promesses se démarque par son éclectisme et une grande pluralité de supports. Marc Donnadieu se réjouit notamment de pouvoir accompagner Écho 119 alors qu’elle déménage au cœur du Marais et affirme sa volonté d’élargir ses perspectives. Surtout connue pour son soutien à la scène photographique japonaise, la galerie fait désormais dialoguer le médium avec d’autres pratiques et défend des projets dépassant une définition orthodoxe de la photographie, à l’image de son stand qui réunit trois artistes femmes autour du thème de l’intime.

Luciano Goizueta, 1242km II B, 2025, peinture, 61 x 51 x 2 cm. Courtey La Galería Rebelde
Participer au renouvellement de la scène contemporaine et du métier de galeriste
Cette année, sept galeries font le choix de consacrer leur participation à des artistes féminines tandis que d’autres célèbrent les minorités raciales ou sexuelles. La galerie montréalaise Chiguer Art Contemporain révèle à la France le travail de l’artiste inuit Pitseolak Qimirpik. EDJI Gallery (Bruxelles), qui milite pour des pratiques professionnelles plus inclusives et s’engage auprès des scènes BIPOC et LGBTQIA+, questionne la performance de l’intime sur les réseaux sociaux à travers un solo show consacré au peintre chinois Killion Huang.
Pour Marc Donnadieu, ces différentes préoccupations permettent de prendre la mesure des mutations du marché. Promesses n’est en aucun cas le symptôme d’une forme de « jeunisme » mais s’inscrit dans la volonté d’Art Paris de participer au renouvellement de la scène contemporaine et du métier de galeriste en « soutenant les nouvelles générations qui amènent d’autres manières de penser, voir et montrer la création, préfigurant ainsi le futur de l’écosystème de l’art dans son ensemble. »