Malgré les déclarations inquiétantes du président américain Donald Trump du 3 avril, qui risquent de mettre en danger un marché de l’art déjà fragilisé par une année difficile, les visages des exposants du PAD Paris semblaient, au lendemain du vernissage, assez détendus. Le Salon, installé dans les jardins des Tuileries, s’ouvre traditionnellement sur le stand du galeriste parisien Jacques Lacoste. « Nous avons bien travaillé cette année encore, confie-t-il. Dès les premières heures, nous avons vendu notre canapé de Pierre Paulin, la table du céramiste Roger Capron et la chaise-sculpture anthropomorphe de l’artiste Ruth Francken. » Dans les allées où les visiteurs se pressaient en nombre dès 11 heures, circulaient des collectionneurs fidèles comme l’actrice Natalie Portman (aperçue un peu avant l’ouverture officielle) ou les entrepreneurs Jacques-Antoine Granjon, Xavier Niel ou Alexandre Arnault.
Patrick Perrin, l’organisateur de l’événement qui organise cette année sa 27e édition, peut aussi compter sur la présence d’architectes et de décorateurs internationaux, tels que la New-Yorkaise Julie Hillman ou les Parisiens Joseph Dirand ou India Mahdavi. Ces deux derniers font, de plus, partie du jury présidé par la créatrice Laura Gonzalez et Jacques Grange, chargé de remettre les trois prix du PAD pour des objets ou des scénographies particulièrement remarquables. Le prix du design historique a été remis à la galerie Meubles et Lumières pour un lit à baldaquin tout en inox crée à l’origine par Maria Pergay pour la femme du Shah d’Iran en 1971. Celui du design contemporain a lui été décerné à Romain Morandi pour une chaise longue Flame cut, elle aussi en acier, produite en 12 exemplaires en 2008 par le Britannique Tom Dixon. « Cette nouvelle a été immédiatement saluée par le studio Tom Dixon par un like enflammé sur Instagram ! », se réjouit le marchand. Le prix du stand revient à Pierre Passebon et sa galerie du Passage pour un ensemble du créateur Richard Peduzzi, exposé en décembre 2024 aux Ateliers du Mobilier national.

Stand de Luna Laffanour, solo-show d'Andrea Branzi. Photo : D.R.
De quoi ravir Johanna Colombatti, scénographe de la galerie Amélie du Chalard qui participe pour la première fois au PAD… sur le stand d’à côté. « Nous avons souhaité, avec Amélie, rendre hommage justement à Richard Peduzzi, à travers la scénographie de cette exposition qui se veut l’héritière des décors crées pour les représentations du Ring de Richard Wagner mis en scène par Patrice Chéreau en 1976. Le (heureux) hasard a voulu que nous soyons placés juste à côté de la galerie du Passage. »
Même s’ils souhaitent pour la plupart rester très discret sur les prix des œuvres présentées, les exposants reconnaissent un bon démarrage du salon. Gérôme Saint-Germain, deputy director d’Opera Gallery, se dit « ravi et honoré de la présence de Ron Arad pour nous accompagner sur ce solo show qui lui est entièrement dédié. Les pièces historiques et récentes ont rencontré un très gros succès. » Même enthousiasme pour Luna Laffanour qui est, elle aussi, l’une des rares galeristes à proposer une sélection des créations d’un seul designer. Son choix s’est porté sur l’Italien Andrea Branzi, disparu il y a un peu plus d’un an. On devine en effet cette année une large tendance, remarquée par l’ensemble des visiteurs, qui semble rapprocher le PAD Paris de son homologue londonien, le PAD London. Pour attirer l’œil des collectionneurs, presque tous les participants ont misé sur une présentation contemporaine et flamboyante très inspirée du goût anglo-saxon. Ce parti prix a bien réussi à la galerie Anne Jacquemin Sablon, spécialiste en arts décoratifs contemporains, pour sa seconde participation au salon. « Nous croisons les doigts, confie Anne Jacquemin Sablon. Sept pièces du stand ont été réservées pour une résidence dans les Hamptons [la très chic région prisée par les New-Yorkais, ndrl]. » Celle-ci s’étonne aussi de la présence assez significative (et confirmée par d’autres exposants) de clients russes venus de Londres et de Dubaï, mais aussi de Moscou. Seul bémol, de l’aveu de tous, « le transport des œuvres vers la Russie risque d’être relativement compliqué… ».
PAD Paris, jusqu’au 6 avril 2025, Jardins des Tuileries, 75001 Paris.