Les 3 et 4 avril 2025, les fondateurs de la Bienalsur, Aníbal Jozami et Diana Wechsler, ont lancé au siège de l’Université nationale de Tres de Febrero (UNTREF) à Buenos Aires la nouvelle édition de cet événement unique, qui célèbre cette année ses 10 ans. La manifestation entend ne plus se concentrer sur une seule ville comme les autres Biennales, mais de se déployer sur un vaste ensemble de pays et de sites, qui deviennent à leur tour des centres. Depuis le kilomètre 0 situé dans le jardin du Musée de l’Immigration (MUNTREF) sur le port de la capitale argentine, la Biennale s’étend sur tout le continent sud-américain, en Amérique du Nord, en Afrique, en Europe et en Asie, allant ainsi au-devant des visiteurs qui n’ont pas besoin de prendre l’avion pour se retrouver dans une seule ville comme à Venise. L’ambition n’est justement pas de visiter toutes les expositions, mais, sur chaque site, de s’imprégner de la pensée humaniste de la manifestation. Sa conception même rompt avec la logique du commissaire tout-puissant sélectionnant seul les participants, en privilégiant un large appel à projets ouvert à tous les artistes du monde, offrant ainsi à chacun sa chance.
Le lancement de cette nouvelle édition s’est accompagné de tables rondes autour du thème « Building from uncertainty » réunissant un grand nombre d’artistes et de commissaires. « Dix ans se sont écoulés. Les paramètres selon lesquels nous avions l’habitude de penser sont désormais en tension. Nous vivons dans un monde différent, la scène mondiale a changé. Ainsi, à l’occasion du lancement de la 5e édition, nous vous invitons à nous demander (une fois de plus) comment construire à partir de l’incertitude », déclaraient les fondateurs en préambule. Xavier Rey, directeur du musée national d’art moderne, à Paris, a dévoilé le projet du futur Centre Pompidou, qui fermera entièrement pour travaux en septembre. Lauriane Gricourt, directrice des Abattoirs, Musée-Frac Occitanie Toulouse, a détaillé l’action territoriale menée par son institution ainsi que l’exposition conçue par le rappeur Oli. Le Polonais Lukasz Murzyn a présenté le Three Seas Festival (Festival des trois mers) qui se déploie dans plusieurs pays d’Europe centrale, de l’Estonie à la Grèce, en passant par la Pologne et la Hongrie.

Table ronde organisée par la Bienalsur réunissant, de gauche à droite, la modératrice Gabriela Golder, et les artistes Vik Muniz et Nú Barreto le 3 avril 2025 à Buenos Aires. Photo : Philippe Régnier
De nombreux artistes ont aussi pris la parole, de Vik Muniz (Brésil) à Nú Barreto (Guinée-Bissau/France), de Sarah Abuabdallah (Arabie saoudite) à Tony Amaral (Timor oriental). Doulsy (Sénégal) et votre serviteur ont échangé sur les questions du recyclage, notamment en Afrique, et du développement durable. Ces journées se sont achevées en apothéose avec une discussion entre l’universitaire et curatrice espagnole Estrella de Diego et la grande artiste argentine Marta Minujín, auteure d’une performance en 1985 avec Andy Warhol et qui avait installé son Parthénon des livres devant le Fridericianum lors de la Documenta 14 à Cassel en 2017.
La première exposition de la Bienalsur 2025 ouvrira en juin au MAMBO, à Bogotá (Colombie). Ce même musée avait accueilli en 2024 la rétrospective de l’artiste argentine Silvia Rivas, « Chronotopias », conçue par Eugenio Viola – une exposition actuellement présentée au MUNTREF, à Buenos Aires. Le riche programme 2025 de la biennale, se déployant de juin à décembre dans plus de soixante-dix villes, sera annoncé prochainement.