C’est sans surprise aucune et à 90,5 % des voix que Philippe Charpentier a été élu, hier 7 avril 2025, nouveau président du Comité professionnel des galeries d’art (CPGA), lors d’une assemblée générale ordinaire. Comme l’a souligné lui-même l’intéressé, les candidats ne se sont pas bousculés au portillon, et une seule liste était en lice…
« Je suis membre des instances dirigeantes du CPGA depuis 2017, où j’ai successivement occupé les fonctions de trésorier, puis de vice-président. Cette expérience de longue durée au service du syndicat de notre profession m’a permis notamment d’appréhender les principaux enjeux et défis de celle-ci et ma volonté de poursuivre ces engagements de longue haleine a motivé ma décision de me présenter à la tête du comité », a déclaré Philippe Charpentier, diplômé de Sciences Po Paris et d’HEC, et cofondateur avec Alex Mor, de la galerie mor charpentier ouverte à l’automne 2010.
Principale nouveauté de son programme : le nouveau président pour trois ans entend renforcer la collégialité du CPGA. Pour ce faire, il crée des postes de président(e)s délégué(e)s. Ont ainsi été élus à ces fonctions les galeristes Anne Barrault, Magda Danysz, Antoine Laurentin, Hervé Loevenbruck et Jocelyn Wolff. Le poste de trésorière échoit à Alberta Pane ; tandis que l’équipe de direction est étoffée de conseillers – Joseph Allen Shea, Marie Amélie Carlier (Brimo de Laroussilhe), Marie Hélène de la Forest Divonne, Christophe Gaillard, Charlotte Ketabi (Ketabi Bourdet), Alexandre Lorquin (Dina Vierny), Nathalie Obadia et, enfin, Michel Rein.
Philippe Charpentier succède à Marion Papillon qui avait été élue présidente en 2019, puis réélue en 2022. Hier, à l’issue de l’assemblée générale, les galeristes parisiens ne tarissaient pas d’éloge sur le travail accompli par cette dernière. « Elle a mis la barre très haut, et s’est énormément impliquée, notamment pour conserver une TVA sur les œuvres d’art à 5,5 %, mais aussi traverser la période du Covid », souligne l’un d’eux.
Philippe Charpentier prend les rênes du CPGA à un moment déjà compliqué par le ralentissement économique, et par les incertitudes mondiales engendrées par les nouvelles taxes douanières que veut mettre en place le président Donald Trump. Il devra également calmer les esprits et impulser une nouvelle dynamique après l’affaire de harcèlement sexuel qui a récemment semé le trouble au sein du comité. Si une formation de sensibilisation à la lutte contre les violences et harcèlements sexistes a bien été mise en place sous la houlette de Marion Papillon, reste à créer une cellule d’écoute, qui n’a toujours pas été mise en place. Au nom de plusieurs autres galeristes qui avaient démissionné du conseil de direction en juillet 2024 en signe de protestation, Florence Bonnefous a pris la parole avec Isabelle Alfonsi lors de l’assemblée générale, toutes deux rappelant que cette cellule d’écoute n’est pas encore effective. « Parmi les actions préconisées, en plus des formations des employeur·es et des salarié·es à la prévention des VHSS [violences et harcèlement sexistes et sexuels], nous avions pour ambition de créer une cellule d’écoute qui puisse recueillir les signalements transmis. Malgré nos efforts et la nécessité – voire l’urgence – de sa mise en place, cette cellule n’a pas été constituée. Notre ambition initiale s’est heurtée rapidement aux signalements concernant un confrère qui auraient, selon nous, nécessité d’être précisés et éclaircis au cours d’une enquête interne contradictoire. Les débats autour de la nécessité de cette enquête ont cristallisé une position irréconciliable entre, d’une part, une volonté de transparence, de libération de l’écoute et de prise en compte des témoignages, et, d’autre part, des réflexes que nous avons jugés corporatistes, niant les expériences relatées et procédant d’une voie ancienne. Nous avons estimé, vu le vote majoritaire du Conseil en faveur du statu quo, que notre seul choix était de démissionner », a-t-elle déclaré à l’assemblée générale. Avant de conclure : « Seule une politique volontariste de lutte contre les discriminations et contre toutes formes de harcèlement et de violences sera en mesure de montrer une voie plus éthique pour la profession ».