La Fondation Bemberg enrichit ses collections avec l’acquisition de deux pièces de mobilier, toutes deux classées monuments historiques. Il s’agit d’un secrétaire à abattant et d’une commode, signés Bernard Molitor (1755-1833), ébéniste de renom actif à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles.
Réalisés vers 1790, ces deux meubles ont été commandés par Antoine- César (1756-1808), duc de Choiseul-Praslin, l’un des mécènes parisiens les plus prestigieux de son époque. Confectionnées en acajou et magnifiquement ornées de bronze doré, ces pièces témoignent d’une qualité et d’un raffinement exceptionnels, incarnant le goût d’une aristocratie bientôt menacée par l’Histoire…

Bernard Molitor (1755-1833), Commode, vers 1790, acajou et bronze doré. Copyright, 2025 Fondation Bemberg (Antoine Heusse / photo-H)
Dans un Paris marqué par les effervescences révolutionnaires et l’instabilité politique, l’œuvre de Bernard Molitor incarne la transition esthétique entre l’Ancien Régime et les périodes suivantes. Dans son atelier de la rue de Bourbon-Saint-Germain, Molitor esquisse déjà les contours du style Empire. Célébré pour sa « sobriété élégante », il développe un vocabulaire ornemental qui sera grandement repris sous l’Empire : colonnes détachées enroulées de lierres, frises de palmettes stylisées, griffons ailés… Autant de motifs qui deviendront les emblèmes d’un nouvel ordre esthétique, et que l’on retrouve pleinement dans ces deux pièces désormais conservées à la Fondation Bemberg.
À travers cette acquisition, la Fondation lancée en janvier 1995 réaffirme son engagement en faveur de la préservation et de la mise en valeur du patrimoine mobilier. Elle abrite en effet, dans l’Hôtel d’Assézat à Toulouse, la collection du mécène franco-argentin Georges Bemberg (1929-2011). Cette dernière rassemble une sélection pointue d’œuvres, d’objets et de meubles d’art, couvrant une période allant du Moyen Âge au XXe siècle.