Le Louvre vient d’acquérir un triptyque réalisé par Mikhaïl Evlampievitch Perkhine, l’un des plus grands orfèvres de la maison Fabergé. Datée de la fin du XIXe siècle, cette œuvre témoigne du savoir-faire exceptionnel des ateliers impériaux de Saint-Pétersbourg, à une époque où Fabergé incarnait le luxe et le raffinement de la cour russe.
Acquis pour 2,2 millions d’euros auprès de la galerie new-yorkaise À La Vieille Russie, le triptyque rejoint les collections du musée grâce au soutien déterminant des Amis du Louvre. Ce mécénat s’inscrit dans le cadre de leur contribution de 4 millions d’euros dédiée à la création du futur département des Arts de Byzance et des chrétientés d’Orient, dont l’ouverture est prévue en 2027. Cette nouvelle pièce vient ainsi compléter un ensemble en construction, enrichi en février dernier par l’acquisition d’une collection exceptionnelle d’icônes, ainsi que d’un premier triptyque impérial issu de la fabrique des Olovianichnikov.
Remis en 1895 par la noblesse de Saint-Pétersbourg au tsar Nicolas II et à l’impératrice Alexandra pour célébrer la naissance de leur fille, la grande- duchesse Olga, ce triptyque de dévotion privée (il mesure 25,6 x 32,4 cm) constitue une pièce emblématique de l’art religieux à la fin de l’Empire russe. Sur le panneau central figurent les « saints choisis » de la famille Romanov : saint Nicolas, sainte Alexandra et sainte Olga, entourés, sur les volets, des quatre évangélistes et de séraphins. La richesse chromatique et le raffinement ornemental de l’ensemble s’inscrivent pleinement dans l’esthétique de l’« École Stroganov », courant considéré comme l’un des sommets de l’art de l’icône russe. Mikhaïl Evlampievitch Perkhine, qui œuvrait parmi les artistes fidèles au courant des « vieux-croyants » axé sur l’ancienne orthodoxie et qui travaillaient parfois pour la maison Fabergé, s’est profondément imprégné de cette tradition. Il y insuffle cependant une modernité audacieuse, inspirée de l’Art nouveau, ou « Modern » en russe. Cette fusion stylistique se manifeste pleinement dans les arabesques sinueuses et les lignes courbes qui ornent ses montures.