Le pape s’est éteint des suites d’un AVC à 7 h 35, le 21 avril 2025, à la Casa Santa Marta, la maison d’hôtes du Vatican qu’il avait choisie comme résidence depuis son élection en 2013. Sa mort a été annoncée par le cardinal Kevin Farrell, camerlingue du Vatican, sur la chaîne de télévision du Saint-Siège.
Né en Argentine, Jorge Mario Bergoglio était le 266e pape dans la succession qui s’étend sur deux millénaires. Il fut le premier membre de l’ordre religieux des jésuites à accéder au pontificat, ainsi que le premier pape issu à la fois des Amériques et de l’hémisphère sud. Il fut également le premier à choisir le nom de François en référence à saint François d’Assise, fondateur de l’ordre franciscain voué à la pauvreté personnelle – un choix qui annonçait dès le départ une approche plus austère du confort personnel et des fastes du Vatican, en rupture avec celle de son prédécesseur immédiat, Benoît XVI, ainsi qu’un positionnement plus affirmé sur les questions de justice sociale.
Benoît XVI avait, de manière retentissante, renoncé au pontificat le 28 février 2013, invoquant un épuisement physique et mental, ouvrant ainsi la voie à un conclave de cardinaux qui élit, deux semaines plus tard, le cardinal Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, alors âgé de 76 ans.
En tant que pape, François hérita du poids historique de plusieurs siècles de controverses théologiques au sein du christianisme, ainsi que des divisions internes à l’Église entre conservateurs et progressistes, tant sur les questions doctrinales que sociales. Il dut également relever le défi diplomatique de poursuivre l’amélioration des relations avec les chefs des Églises orthodoxes grecque et russe, ainsi qu’avec les représentants du judaïsme et de l’islam – une démarche amorcée par Benoît XVI et son prédécesseur Jean-Paul II. Il lui fallut aussi repenser l’administration du Vatican et la gestion de ses investissements, dans le prolongement du scandale bancaire des années 1980, et faire face à une controverse de plusieurs décennies, marquée par des cas d’abus sexuels commis par des prêtres que l’Église avait dissimulés ou laissés non résolus.
François a également introduit pour la première fois la crise climatique dans l’enseignement social de l’Église, et s’est saisi des questions de restitution culturelle, à la fois concernant les biens du Vatican et ceux de l’Église catholique dans son ensemble. Lors d’un voyage pontifical au Canada, en juillet 2022, il a présenté des excuses pour l’assimilation forcée et violente des communautés autochtones.
Un style personnel
À son arrivée au Vatican en tant que souverain pontife de l’Église catholique, le nouveau pape François choisit de s’installer à la Casa Santa Marta, maison d’hôtes du Vatican, plutôt que dans le Palais apostolique. Il se déplaçait dans Rome à bord d’une petite voiture, renonçant à la limousine papale. Il était perçu comme conservateur sur les questions de doctrine catholique, mais libéral dans son attention personnelle portée aux pauvres et aux défavorisés. Son visage ouvert et sa chaleur humaine évidente lui valurent d’être spontanément appelé par ses fidèles « Papa Francesco » plutôt que « le Souverain pontife », ce qui rappela à certains observateurs du Vatican la figure réformatrice de Jean XXIII, pape de 1958 à 1963. À l’instar de « Papa Giovanni », cinquante ans plus tôt, François incarnait une image de prêtre des rues, prêt à dispenser les sacrements de l’Église dans les lieux les plus défavorisés : un pape du peuple plutôt qu’un prince de l’Église.
En choisissant le nom de François, le nouveau pape s’associait à un saint dont l’attention légendaire envers les pauvres, la dignité humaine et la communion avec la nature a été représentée par les maîtres de la première Renaissance et leurs successeurs. Moins d’un siècle après sa mort en 1226, François d’Assise était déjà représenté dans les églises d’Europe, vêtu d’une simple bure de moine, prêchant aux oiseaux ou recevant les stigmates associés à la crucifixion du Christ. Ces images emblématiques incluent le célèbre cycle de fresques de Giotto dans la basilique d’Assise, peint à la fin du XIIIe siècle, souvent considéré comme l’un des prémisses de la Renaissance italienne un siècle plus tard.
Lorsque François publia une encyclique sur la crise climatique – s’appuyant sur sa formation initiale de chimiste et appelant à une gestion partagée de l’environnement –, il lui donna un titre en latin médiéval, Laudato Si’ (« Loué sois-tu », 2015), emprunté au Cantique des créatures de saint François d’Assise. Cette encyclique, publiée en amont de la signature de l’Accord de Paris sur le climat, marquait la première fois que l’Église catholique intégrait le changement climatique à son enseignement.
En 2023, lorsque la National Gallery de Londres consacra une exposition à saint François – avec des œuvres historiques de Fra Angelico, Sassetta, Sandro Botticelli, El Greco, Francisco de Zurbarán, et des créations contemporaines d’Antony Gormley et Richard Long –, le pape François adressa un message saluant la première exposition au Royaume-Uni consacrée à ce saint, qu’il décrivait comme « le ménestrel bien-aimé de Dieu ». Dans le catalogue de l’exposition, le directeur du musée, Gabriele Finaldi, écrivait que le saint attirait « les chrétiens comme les non-chrétiens, les utopistes comme les révolutionnaires, les amis des animaux comme ceux qui œuvrent pour les causes de solidarité humaine ».
Ces causes de solidarité humaine furent au cœur des prises de parole les plus marquantes du pape François sur la guerre, la paix et les droits humains. En février 2025, il publia une lettre critiquant la politique de durcissement migratoire et l’annonce d’expulsions massives décidés par le président américain Donald Trump, déclarant que l’expulsion de personnes ayant fui leur pays en raison de l’exploitation et de la persécution « porte atteinte à la dignité de ces personnes et les place dans une situation de vulnérabilité et de défense réduite ».
Une voix morale face aux dérives du pouvoir
La déclaration publique du pape François, à un moment où peu de dirigeants mondiaux remettaient en cause les actions perturbatrices du président américain – qui démantelait alors les programmes d’aide internationale, de diversité, de santé publique, d’éducation, de culture et de lutte contre le changement climatique – soulignait le poids moral et politique que porte un pape au XXIe siècle. Dans le cas de François, il assumait un rôle particulier : celui d’une voix progressiste faisant autorité sur la scène internationale, capable de s’élever efficacement contre la montée de dirigeants autoritaires déterminés à poursuivre des intérêts strictement nationaux.
Il utilisait sa chaire spirituelle – symbolisée physiquement par le baldaquin baroque de 21 mètres de haut réalisé par le Bernin, qui surplombe le maître-autel de la basilique Saint-Pierre – pour répondre aux intimidations des grandes puissances, et en particulier à celle d’un président américain résolu à jouer les agents du désordre.
Voyages pontificaux et tourisme au Vatican
François s’est inscrit dans les pas de ses prédécesseurs – Jean-Paul II, grand communicant qui embrassait les pistes d’atterrissage, et Benoît XVI, érudit profondément conservateur – en poursuivant un programme intense de voyages internationaux, ponctué de messes en plein air rassemblant des foules immenses et de visites hautement symboliques sur des sites sacrés d’autres religions révélées.
Avec sa carrure imposante –, il avait été videur de boîte de nuit à Buenos Aires pour financer ses études –, son large sourire et son langage corporel expressif, François se démarquait lors des célébrations : que ce soit dans la nef spectaculaire de Saint-Pierre, sur l’esplanade devant la basilique ou sur les autels temporaires installés à l’occasion de messes en plein air dans le monde entier. Sa première visite à l’étranger, au Brésil en 2013, marqua le début d’un long itinéraire interrompu en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, et réduit en 2021. Ces dernières années, le programme avait retrouvé toute sa densité. Une seconde visite en Turquie était prévue pour fin 2025 afin de commémorer le 1 700e anniversaire du Concile de Nicée, convoqué par l’empereur Constantin en 325 pour unifier les diverses branches de l’Église chrétienne naissante.
Les tournées pontificales de François avaient autant une portée diplomatique que pastorale. Lors d’un voyage à Athènes en 2021, il rencontra l’archevêque orthodoxe Ieronymos II, primat de l’Église orthodoxe grecque, et se rendit de nuit au Parthénon. « L’histoire fait sentir son poids, et ici, aujourd’hui, je ressens le besoin de redemander pardon à Dieu et à nos frères et sœurs pour les fautes commises par de nombreux catholiques », déclara le pape sur le site du temple d’Athéna, selon l’agence Catholic News Agency. L’année suivante, en novembre 2022, François ordonna la restitution à la Grèce de trois fragments de marbres du Parthénon, conservés dans les collections du Vatican depuis le XIXe siècle. Les responsables du Vatican qualifièrent ce retour de « don » à Ieronymos, précisant qu’il s’agissait « d’un signe concret de son désir sincère de suivre le chemin œcuménique de la vérité ».
Les trois fragments – une partie de la tête du cheval tirant le char d’Athéna sur la frise ouest du Parthénon, ainsi que des éléments des têtes d’un garçon et d’un homme barbu – étaient conservés au musée grégorien profane, qui abrite les collections d’antiquités du Saint-Siège.
L’Année jubilaire de 2025 : affluence record attendue à Rome
Des chiffres records sont attendus à Rome pour les célébrations du Jubilé de l’an 2025, certains estimant que la fréquentation pourrait être le double des 35 millions de visiteurs enregistrés dans la Ville éternelle en 2024. Barbara Jatta, directrice des musées du Vatican, a annoncé à The Art Newspaper que les musées seraient ouverts deux heures supplémentaires chaque jour pendant toute l’année 2025. « Nous accueillerons de nombreux visiteurs, et nous espérons leur offrir un voyage de bien meilleure qualité, a-t-elle déclaré. Nous voulons que les gens puissent passer du temps de manière paisible, et qu’ils établissent un lien avec le sens profond des œuvres exposées. Le thème de l’Année jubilaire sera "Pèlerins de l’espérance", et en ces temps difficiles, l’espérance est essentielle pour nous tous. »
Le pape François, gardien du patrimoine bâti du Vatican
En tant que pape, François était à la tête de l’une des grandes religions révélées historiques, adoptée par un huitième de la population mondiale. Il avait la responsabilité suprême non seulement des Musées et de la Bibliothèque du Vatican, dont les collections couvrent deux millénaires de christianisme, mais aussi de l’ensemble du patrimoine bâti de la minuscule cité-État du Vatican, au cœur de Rome.
Outre la basilique Saint-Pierre, le plus grand édifice de la chrétienté et un bâtiment d’une importance religieuse et architecturale unique, ce patrimoine comprend la chapelle Sixtine et son ensemble célèbre de fresques datant de la fin du XVe et du début du XVIe siècle ; la chapelle Niccoline ornée de fresques de Fra Angelico ; et les appartements de Raphaël, ou « Stanze », dans le palais apostolique du Vatican. Le Vatican possède et gère également trois basiliques papales à Rome situées hors de la Cité du Vatican mais relevant du Saint-Siège – Sainte-Marie-Majeure (où le pape François a choisi d’être enterré), Saint-Jean-de-Latran (église-mère officielle de la foi catholique) et Saint-Paul-hors-les-Murs.
Le pape, comme ses prédécesseurs, prenait les décisions finales sur tous les projets importants relatifs aux collections et au patrimoine pontificaux. Lorsqu’une œuvre d’art majeure fut restaurée à Sainte-Marie-Majeure en 2017, le projet fut personnellement autorisé par François, comme l’a déclaré la directrice des Musées du Vatican, Barbara Jatta, à The Art Newspaper. Le pontificat de François a suivi la restauration des tombeaux des deux papes les plus étroitement associés à la construction de la basilique Saint-Pierre : le pape Paul III (mécène de Michel-Ange) et le pape Urbain VIII (protecteur du Caravage et du Bernin). Le 11 avril 2025, moins d’un mois après avoir quitté l’hôpital à la suite d’une grave pneumonie qui avait failli lui coûter la vie, il fit une visite surprise à Saint-Pierre, alors qu’il était censé rester dix semaines en complet repos. Vêtu de manière informelle et assis dans son fauteuil roulant, comme le rapporta Associated Press, il était venu remercier deux restauratrices, Lorena Araujo Piñeiro et Michela Malfanti, pour leur travail sur le tombeau réalisé par le Bernini pour Urbain VIII.
En tant que pape, François était maître de la liturgie de l’Église catholique et exerçait donc une influence profonde sur l’usage des églises catholiques à travers le monde, le plus vaste ensemble de bâtiments religieux. En 2022, François a annulé le changement liturgique le plus symbolique de son prédécesseur : Benoît avait en 2007 assoupli les restrictions de longue date sur la messe selon le rite tridentin en latin, prisée des catholiques conservateurs.
En mars 2020, avec la propagation de la pandémie de Covid-19, les fidèles catholiques furent invités à ne pas assister à la messe afin de limiter la propagation du virus, ce qui entraîna l’adoption généralisée des célébrations en ligne. Ce fut l’un des plus grands défis de communication du pontificat de François. Le 27 mars 2020, silhouette minuscule, solitaire et éclairée face à la grande façade de la basilique Saint-Pierre et à l’immensité vide de la place, François pria pour la fin de la pandémie, déclarant : « Notre planète est gravement malade. Sans hésiter, nous avons continué, croyant que nous resterions en bonne santé pour toujours dans un monde malade. »
Le patrimoine des églises catholiques comprend de nombreux bâtiments anciens et modernes d’une importance majeure, parmi lesquels, outre les grandes cathédrales médiévales et baroques d’Europe occidentale, des chefs-d’œuvre architecturaux du XXe siècle qui reflètent les changements liturgiques décrétés par les papes successifs et le concile Vatican II (1962-1965). Parmi les exemples les importants d’édifices catholiques de la période contemporaine figurent : la crypte d’Edwin Lutyens pour sa cathédrale inachevée de Liverpool ; la chapelle Notre-Dame-du-Haut de Le Corbusier à Ronchamp, dans l’est de la France ; la Sagrada Família d’Antoni Gaudí, à Barcelone ; Notre-Dame de Royan de Guillaume Gillet, dans l’ouest de la France ; et la cathédrale Notre-Dame des Anges, à Los Angeles, conçue par José Rafael Moneo.
Un pape ouvert à l’art contemporain
François hérita de l’ouverture de Benoît XVI à l’art contemporain, qui mena à la première participation du Vatican à la Biennale de Venise en 2013, année de l’élection de François au pontificat – avec un pavillon inspiré par les récits bibliques du Livre de la Genèse, mettant en vedette le collectif multimédia milanais Studio Azzurro, le photographe tchèque Josef Koudelka et le peintre australien Lawrence Carroll – puis, en 2018, à sa première participation à la Biennale d’architecture.
« Les musées du Vatican doivent s’efforcer d’être un lieu de beauté et d’accueil. Ils doivent accueillir les nouvelles formes d’art, déclara François dans le livre La Mia Idea di Arte (Ma conception de l’art), publié en 2015 à partir de ses entretiens avec la journaliste Tiziana Lupi. Ils doivent ouvrir leurs portes aux gens du monde entier et servir d’instrument de dialogue entre les cultures et les religions, un instrument de paix. Ils doivent être vivants ! Et non des dépôts poussiéreux du passé, réservés à quelques privilégiés… mais une institution vivante, qui prend soin des objets qu’elle conserve pour en raconter l’histoire aux gens d’aujourd’hui, en commençant par les plus défavorisés de ses visiteurs. »
En 2021, François donna corps à cette vision en inaugurant une galerie d’art contemporain au sein même de la Bibliothèque du Vatican. Il s’inscrivait ainsi dans une tradition initiée un demi-siècle plus tôt par Paul VI, qui avait créé les premières galeries d’art contemporain du Vatican et acquis des œuvres d’artistes tels qu’Henri Matisse, Marc Chagall, Pablo Picasso, Salvador Dalí, Giorgio Morandi, Giacomo Manzù, Henry Moore, David Jones, Arthur Pollen et Graham Sutherland.
En 2024, François fut le premier papa à se rendre à la Biennale de Venise, saluant la religieuse et militante catholique Corita Kent, ainsi que Frida Kahlo et Louise Bourgeois, comme des artistes féminines dont l’œuvre a « quelque chose d’important à nous enseigner ». Cette année-là, les œuvres graphiques de Kent, promouvant la tolérance et la paix, étaient exposées dans le pavillon du Vatican installé dans la prison pour femmes de l’île de la Giudecca, au côté de celles Maurizio Cattelan, Simone Fattal, Claire Fontaine ou Claire Tabouret, sous le commissariat de Chiara Paris et Bruno Racine. Le pape rencontra également Pietrangelo Buttafuoco, président de la Biennale de Venise, et Adriano Pedrosa, son commissaire, qui avait organisé l’édition 2024 sous le titre « Foreigners Everywhere ».
« Le monde a besoin des artistes, déclara le pape dans un message relayé sur le compte X de la Biennale de Venise. Cela est démontré par la multitude de personnes de tous âges qui fréquentent les lieux et événements artistiques. [...] Je vous en prie, chers artistes, imaginez des villes qui n’existent pas encore sur les cartes : des villes où aucun être humain n’est considéré comme un étranger. C’est pourquoi, lorsque nous disons "Foreigners Everywhere", nous proposons "des frères partout". »
François prit ses fonctions au moment où la connectivité haut débit et les smartphones devenaient omniprésents, ouvrant de nouvelles possibilités technologiques pour la médiation artistique grâce à la recherche mobile, aux QR codes et à la réalité augmentée. Comme le rapportait The Art Newspaper en 2013, une entreprise italienne, Haltadefinizione, « permettait aux sceptiques comme aux croyants de télécharger gratuitement une application appelée Shroud 2.0, offrant des scans haute définition du Saint-Suaire de Turin, ainsi qu’un bref cours d’histoire sur l’une des reliques les plus controversées du christianisme. Beaucoup continuent de croire qu’il s’agit du linceul du Christ, malgré une datation au carbone 14 le situant à l’époque médiévale. Le lancement de l’application coïncida avec une rare apparition télévisée de la relique, en mars, dans le cadre des célébrations pascales du pape François. »
Le pape François et les musées du Vatican
Les musées du Vatican, sous la direction d’Antonio Paolucci puis de Barbara Jatta, qui lui succéda en janvier 2017, continuèrent de jouer un rôle central dans l’histoire de l’art et la recherche durant le pontificat de François.
Le charisme personnel de François attira un public plus large que jamais au Vatican. Dans une interview accordée à The Art Newspaper en 2014, Antonio Paolucci déclara que François avait généré des chiffres de fréquentation records. « Après la prière de l’Angélus le matin et les audiences papales, disait-il, ils veulent voir les musées. Nous avons 5,1 millions de visiteurs par an, et j’aimerais désormais atteindre une croissance zéro. » Pendant la pandémie mondiale de 2020-2021, ces chiffres chutèrent fortement, et les finances du Vatican – dépendantes des recettes touristiques et des dons des fidèles – en furent gravement affectées.
En février 2020, la série de dix tapisseries bruxelloises des Actes des Apôtres (1519-1521), réalisées d’après des cartons de Raphaël commandés en 1515 – qui avaient été accrochées pour la première fois sous la voûte peinte par Michel-Ange dans la chapelle Sixtine dans les années 1520 et sont aujourd’hui conservées à la Pinacothèque vaticane – fut de nouveau exposée dans la chapelle, pour une seule semaine. Cette présentation exceptionnelle des tapisseries, organisée pour marquer le cinquième centenaire de la mort de Raphaël, constituait une rare occasion – la première depuis l’Année sainte de la Rédemption en 1983 – de voir l’ensemble décoratif de la chapelle tel qu’il avait été conçu à l’époque de Michel-Ange et de Raphaël.
De nombreuses conférences et expositions prévues pour commémorer l’année Raphaël furent perturbées ou suspendues en raison de la pandémie mondiale. L’exposition « Raphaël 1520-1483 », organisée aux Scuderie del Quirinale à Rome – un parcours chronologique inversé monté en collaboration avec la Galerie des Offices de Florence – dut fermer ses portes trois jours après son inauguration, lorsque le monde se referma face à la pandémie de Covid-19 en mars 2020. Elle rouvrit trois mois plus tard, le 2 juin, jour initialement prévu pour sa clôture. L’un des coups de maître des commissaires de l’exposition fut d’obtenir les prêts des portraits que Raphaël avait réalisés de ses deux mécènes pontificaux : le Portrait du pape Jules II (1511, dans la collection de la National Gallery de Londres depuis l’achat par l’État britannique de la collection fondatrice en 1824) et le Portrait du pape Léon X avec les cardinaux Giulio de’ Medici et Luigi de’ Rossi(1518-1520, en provenance des Offices).
Pour la grande exposition « Raphaël » à la National Gallery de Londres, reportée de 2020 à 2022, les musées du Vatican prêtèrent une des tapisseries de la chapelle Sixtine, représentant Saint Paul prêchant à Athènes, réalisée dans l’atelier de Pieter van Aelst à Bruxelles. Sous le pontificat de Benoît XVI, quatre autres tapisseries de cette série avaient été prêtées au Victoria and Albert Museum (V&A) à Londres, à l’occasion de la visite papale au Royaume-Uni. Elles y furent accrochées aux côtés des sept cartons originaux grandeur nature de Raphaël et de son atelier, transférés de Bruxelles à Londres en 1623 afin que Charles Ier puisse faire tisser une série de tapisseries à Mortlake. Les cartons sont restés dans la Collection royale depuis cette date, et furent prêtés à titre permanent au V&A par la reine Victoria en 1865. Pour l’exposition de 2020 aux Scuderie, avec l’accord du V&A et du Royal Collection Trust, la Fondation Factum réalisa une impression 3D en haute définition d’un carton, Le Sacrifice de Lystres, à partir d’images captées sur place en 2019. Un autre scan grandeur nature d’un carton fut présenté à angle droit face à la tapisserie Saint Paul prêchant à Athènes à la National Gallery en 2022.
Le pape François achève la restauration des fresques des Stanze de Raphaël
Deux ans après le début du pontificat de François, les Musées du Vatican lancèrent les dernières phases de la restauration des fresques des Stanze de Raphaël dans le Palais apostolique, l’un des sommets de l’art de la Renaissance. En février 2015, les travaux de restauration débutèrent dans la Salle de Constantin (1517-1524), la plus grande et la dernière des quatre salles des anciens appartements du pape Jules II, décorées par Raphaël sur une période de douze ans. Cette restauration s’inscrivait dans une campagne commencée en 1982 avec la Salle de l’Incendie du Borgo (1514-1517). Les travaux sur la Salle de la Signature (1508-1511), qui abrite L'École d'Athènes, suivirent dans les années 1990, tandis que la Salle d’Héliodore (1512-1514) fut restaurée entre 2002 et 2013.
Raphaël étant décédé trois ans après le début du chantier de la Salle de Constantin, ce furent Giulio Romano et d’autres de ses disciples qui achevèrent les décors à partir de ses cartons. Après la restauration de trois des quatre murs de la salle en 2020, les Musées du Vatican annoncèrent que deux figures peintes à l’huile – les Allégories de la Justice (Iustitia) et de la Douceur (Comitas) — étaient probablement les dernières œuvres exécutées par Raphaël avant sa mort. À la réouverture des Musées du Vatican en juin 2020 – après la première vague de la pandémie, avec une fréquentation réduite à un dixième pour permettre la distanciation sociale –, les travaux commencèrent sur le quatrième et dernier mur, représentant la Donation de Constantin, épisode apocryphe dans lequel l’empereur Constantin le Grand aurait accordé à l’Église catholique le pouvoir temporel et spirituel suprême. La restauration fut financée par les Patrons of the Arts in the Vatican Museums, une organisation internationale regroupant des mécènes du monde entier.
Le pape François, les derniers jours
Le pape François avait été admis à l’hôpital Gemelli, à Rome, le 14 février 2025, en raison d’une infection pulmonaire, et son état avait été jugé critique. À deux reprises, il fut considéré comme proche de la mort. Des veillées de prière pour sa guérison furent organisées à travers le monde. Il retourna à ses appartements du Vatican le 23 mars, après 38 jours d’hospitalisation, pour poursuivre sa convalescence. Il est mort d’un AVC quatre semaines après sa sortie, et un jour seulement après être apparu en public pour sa bénédiction Urbi et orbi au balcon de Saint-Pierre et après avoir salué la foule rassemblée autour de sa papamobile alors qu’il circulait sur la place Saint-Pierre, le dimanche de Pâques.