Est-ce le signe d’un trop-plein de peinture figurative ces dernières années dans le monde de l’art ? Le Prix Jean-François Prat sera en tout cas « une édition spéciale 100 % abstraction cette année pour lui faire de la place au milieu de trop de peinture figurative selon nous », explique Frédéric Brière, directeur du Fonds de dotation Bredin Prat pour l’art contemporain. « La création progresse aujourd’hui davantage vers les questions de process et de vivant », souligne par ailleurs le Fonds.
Le Prix Jean-François Prat a ainsi dévoilé les artistes sélectionnés pour cette édition 2025 : Syaiful Aulia Garibaldi, Lisa Jo et Toby Ziegler. Les trois artistes sont invités par le Fonds de dotation Bredin Prat pour l’art contemporain à présenter leurs œuvres dans une exposition collective, qui se tiendra du 12 juin au 30 août 2025 au siège du cabinet d’avocats, dans le 7 e arrondissement de Paris.
Le vivant pur est ainsi au cœur du travail de l’artiste indonésien Syaiful Aulia Garibaldi. Défendu par la curatrice Juliette Lecorne, ce dernier, né en 1985, « utilise la science (la biologie, les champignons, le mycélium, l’infime) pour produire une esthétique originale de formes en mutation, métaphore de collaborations engendrées ou de décompositions nouvelles qui décrivent une façon éphémère d’être au monde dans un cycle perpétuel », explique le Fonds de dotation Bredin Prat.
Quant à Lisa Jo, née en 1983 à Los Angeles dans une famille d’origine coréenne et défendue par le curateur Fabrice Stroun, « les recherches numériques (images, palette colorielle, fidélité à l’éclat des tablettes) et le travail à main levée sont présents, mais le cœur de son sujet n’est pas là : la peinture est le seul cadre d’expression qui peut accueillir un va-et-vient réunissant l’atomisation et l’unité de la mémoire, du mental et des corps des humains dans des compositions abstraites chorégraphiées et tendues. C’est un vivant toujours précaire, entre apaisement et tumulte, qui est à l’œuvre ».
Enfin, l’aîné de la sélection, Toby Ziegler, né en 1972 à Londres et défendu par le curateur Marc Donnadieu (contributeur de The Art Newspaper Édition française) se veut à l’interface de la peinture et du numérique « en les faisant glisser l’un sur l’autre dans des compositions abstraites imbriquées où le regardeur attentif cherche en vain de quoi il s’agit, mais finit par ressentir une émotion sourde en tentant de les interpréter ». Une œuvre à voir « à l’heure des questions radicales que pose le spectre de l’Intelligence Artificielle sur le vivant »…
Le jury 2025 sera présidé par Chris Dercon, directeur général de la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Le comité de sélection 2025 est composé de : Frédéric Bonnet, critique d’art, commissaire d’expositions et fondateur de la Nendo Galerie à Marseille ; Frédéric Brière, directeur du Fonds de dotation Bredin Prat pour l’art contemporain ; Odile Burluraux, conservatrice au musée d’Art moderne de Paris ; Anaël Pigeat, critique d’art et editor-at-large de notre mensuel The Art Newspaper Édition française ; et Marie-Aline Prat, historienne de l’art et collectionneuse.