Rarement la Foire Art Basel, dont la section Art Unlimited est inaugurée aujourd’hui, lundi 16 juin 2025, ne s’est ouverte dans un contexte aussi perturbé internationalement, avec l’embrasement au Moyen Orient. Mais avant ce baromètre pour le commerce de l’art moderne et contemporain que reste la grand-messe bâloise, Zurich a organisé du 13 au 15 juin son traditionnel « Art weekend » mettant à l’honneur institutions et galeries au travers d’un riche programme d’expositions et d’événements. Eva Presenhuber a ainsi proposé une présentation de qualité muséale des premiers travaux de Franz West, dont la carrière a été évoquée lors d’une discussion entre Hans Ulrich Obrist et Peter Pakesch. Parmi les autres temps forts, a figuré « Just There », la première exposition confrontant les œuvres de Mark Rothko et Robert Ryman. Placé sous le commissariat de Dieter Schwarz, ancien directeur du Kunstmuseum de Winterthour, et présenté par la Galerie Hauser & Wirth dans son espace de la Bahnhofstrasse, le parcours réunit dans ce face-à-face cinq tableaux de l’expressionniste abstrait qui fascinaient l’adepte de la peinture blanche, lui qui avait découvert ses toiles lors de la rétrospective organisée au MoMA de New York en 1961. L’enseigne présente deux autres expositions dans ses espaces de Limmatstrasse, consacrées l’une à Ed Clark, l’autre à Pat Steir. Ce week-end a aussi été l’occasion pour la Galerie Urs Meile d’inaugurer un deuxième espace zurichois, sur Ankerstrasse, avec « Anker Protocol – 1.0 », accrochage de groupe réunissant notamment Cao Yu, Urs Lüthi, ou Rosalind Nashashibi, cette dernière bénéficiant en parallèle d’un solo show dans l’autre adresse de l’enseigne, Rämistrasse. Dans cette même rue, Thomas Ruff a dévoilé chez Mai 36 sa nouvelle série « expériences lumineuses », de grands formats en noir et blanc réalisés en studio avec une lampe à faisceaux multiples. À côté, l’artiste de Vilnius Augustas Serapinas offre à la Galerie Tschudi de la nourriture pour le corps et pour l’esprit, avec le gâteau à la broche lituanien šakotis.
Du côté des institutions, Luma Westbau accueille la première exposition institutionnelle en Suisse depuis vingt ans consacrée à l’artiste et activiste Gustav Metzger (1926-2017), à travers les archives d’Hans Ulrich Obrist. La Kunsthaus de Zurich ouvre grand ses portes aux expérimentations explosives et pleines d’humour de Roman Signer en associant œuvres historiques et productions récentes. Enfin, le Migros Museum für Gegenwartskunst, en exposant Nils Amadeus Lange, Mimi Ọnụọha, Art & Language, Clegg & Guttmann, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige ou Gianni Motti, pose la question de l’« Accumulation ». Sous-titrée « Sur la collection, la croissance et l’excès », elle pose en particulier la question de la poursuite de l’achat d’œuvres, son sens et son impact, notamment environnemental. Pas sûr que ce discours soit repris à leur compte par les galeries d’Art Basel…