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L’Iran a fermé ses musées et mis leurs collections à l’abri

Selon la presse locale, des protocoles d’urgence ont été déclenchés pour protéger les objets culturels et les sites patrimoniaux, dans le contexte du conflit armé avec Israël.

Sarvy Geranpayeh
18 juin 2025
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Musée national d'Iran, à Téhéran. Photo Wikipedia

Musée national d'Iran, à Téhéran. Photo Wikipedia

Alors que le conflit avec Israël s’intensifie, l’Iran a fermé jusqu’à nouvel ordre l’ensemble de ses musées et sites patrimoniaux, selon des médias locaux. Les autorités ont également ordonné le transfert des œuvres et objets d’art les plus précieux vers des lieux de stockage sécurisés à travers le pays.

Dans la nuit de jeudi 12 à vendredi 13 juin 2025, Israël a mené des frappes aériennes sur l’Iran, visant, selon son armée, « des dizaines de cibles militaires, y compris des sites nucléaires, dans différentes régions du pays ». Le même jour, Ali Darabi, vice-ministre iranien en charge du patrimoine culturel, du tourisme et de l’artisanat, a déclaré dans la presse locale avoir ordonné aux « conservateurs d’objets d’art » de suivre les protocoles de crise, le plus urgent étant le déplacement des artefacts vers des lieux sûrs. Il a également annoncé la fermeture immédiate de tous les musées et sites historiques.

Dès le samedi, le ministère a confirmé aux médias locaux que tous les objets majeurs avaient été transférés dans des réserves sécurisées.

Avec plus de 800 musées, 28 sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco et une histoire culturelle remontant à plusieurs millénaires, l’Iran abrite des collections parmi les plus riches et variées du monde. Le Musée national d’Iran, à Téhéran, conserve à lui seul plus de 300 000 objets, tandis que le Musée d’art contemporain de Téhéran possède une collection exceptionnelle, comprenant des chefs-d’œuvre de Pablo Picasso, Vincent van Gogh, Andy Warhol ou encore Jackson Pollock – une collection dont la valeur a été estimée à près de 3 milliards de dollars en 2018.

Environ 300 musées relèvent directement du ministère de la Culture, les autres étant gérés par des municipalités, la Fondation Mostazafan (Fondation des déshérités) ou des propriétaires privés. Tous ont été sommés de mettre en œuvre les protocoles d’urgence, afin de prévenir tout pillage, dégât ou destruction.

Le conflit entre Israël et l’Iran s’est brusquement aggravé au cours des derniers jours. Lundi 16 juin, Israël a publié une carte ordonnant l’évacuation du district 3 de Téhéran, qui compte plus de 300 000 habitants. L’Iran a répliqué en appelant à l’évacuation des civils israéliens dans des villes comme Haïfa et Tel-Aviv.

Dans la nuit de lundi à mardi, le président américain Donald Trump a lancé sur les réseaux sociaux un appel à l’évacuation de la totalité de la population de Téhéran, soit plus de 10 millions d’habitants. Le nombre de victimes civiles ne cesse d’augmenter des deux côtés.

Malgré la poursuite des bombardements, les efforts pour protéger le patrimoine culturel se poursuivent. Dans la province méridionale du Fars, qui abrite trois sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco – dont les ruines antiques de Persépolis, capitale de l’Empire achéménide fondée en 518 av. J.-C. –, les autorités ont indiqué à la presse locale que les artefacts des 47 musées publics et privés de la région avaient été transférés vers des lieux de stockage sécurisés.

À Ispahan, qui compte également trois sites inscrits à l’Unesco, plus de 22 000 édifices historiques et quelque 600 maisons patrimoniales, les responsables locaux ont déclaré que l’ensemble des objets de valeur avait aussi été déplacé.

Amir Karamzadeh, directeur général du patrimoine culturel, du tourisme et de l’artisanat de la province, a précisé que, bien que les musées soient fermés, « les sites historiques fonctionnent actuellement selon des protocoles de sécurité », et pourraient être fermés en cas d’intensification des attaques. Il a ajouté que, si la situation l’exigeait, les forces armées et les services de sécurité seraient mobilisés pour renforcer la protection des sites.

Les institutions culturelles contactées par The Art Newspaper n’ont pas répondu, et la plupart de leurs sites internet étaient inaccessibles.

Bien que les frappes israéliennes à Ispahan aient visé, selon les premières informations, des installations militaires et nucléaires en périphérie de la ville, les professionnels du patrimoine expriment de vives inquiétudes quant aux effets des déflagrations. Les experts du ministère mettent en garde contre les ondes de choc répétées, susceptibles de provoquer des dommages structurels durables aux monuments historiques. Plusieurs habitants ont confié à The Art Newspaper que des explosions étaient audibles à toute heure du jour et de la nuit, jusque dans le centre urbain.

Lundi, la Society for Iranian Archaeology – organisation universitaire indépendante et non gouvernementale dédiée à la documentation, à l’étude et à la préservation du patrimoine archéologique et culturel de l’Iran – a publié un communiqué sur son compte Telegram, condamnant les frappes israéliennes sur le territoire iranien. Elle y appelle l’Unesco, le Bouclier bleu et l’Icomos à « suivre attentivement la situation » et à activer sans délai les mécanismes d’urgence pour la sauvegarde du patrimoine.

« Le patrimoine culturel ne relève pas d’une seule nation – il constitue un héritage partagé par l’ensemble de l’humanité. Sa destruction représente une atteinte profonde à l’identité, à la mémoire et aux fondements de la paix, affirme le communiqué. Nous appelons à une action internationale immédiate et coordonnée pour protéger les vies humaines, préserver le patrimoine culturel et défendre les principes du droit international et des valeurs universelles. » Le groupe a également exhorté la communauté internationale à honorer ses engagements au regard du droit international et à prendre, sans délai, des mesures concrètes et urgentes pour éviter une nouvelle escalade et des dommages irréversibles.

Leila Khosravi, directrice générale des musées d’Iran, a déclaré au quotidien d’État Hamshahri que les musées et sites patrimoniaux organisent chaque année, en collaboration avec les services d’urgence, des exercices de simulation face à divers scénarios : séismes, frappes aériennes, incendies. « Nous sommes pleinement préparés à protéger ces biens et trésors nationaux, a-t-elle affirmé. Même en temps de crise, ils seront conservés en toute sécurité, comme ils l’ont toujours été. »

Selon le ministère iranien de la Santé, au moins 224 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées par les frappes israéliennes depuis vendredi 13 juin 2025, et des milliers d’autres ont été blessées.

Les autorités israéliennes indiquent, de leur côté, que les missiles iraniens ont fait au moins 24 morts et plus de 500 blessés, également parmi les civils.

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