Le rapport de Bruno Racine, intitulé L’auteur et l’acte de création, rendu au ministre de la Culture le 22 janvier, a relancé de façon un peu inattendue la question du soutien des artistes français dans leur propre pays. Le conseiller maître à la Cour des comptes, qui considère le secteur des arts plastiques comme le « plus vulnérable », formule deux recommandations – les n° 22 et n° 23 – pour le domaine : d’abord « renforcer et multiplier les programmes d’échanges internationaux au bénéfice des artistes-auteurs, des critiques d’art, des commissaires d’exposition et des conservateurs » ; ensuite « organiser une manifestation ou un cycle d’expositions d’ampleur nationale autour de la création contemporaine en France visant notamment à montrer sa vitalité et sa diversité territoriale ». Bruno Racine est plus précis et propose même que le CNAP soit responsable de cette manifestation qui serait orchestrée par un commissaire étranger et se déroulerait aux galeries nationales du Grand Palais.
Cette recommandation a été rendue publique quasi simultanément à l’annonce par la nouvelle présidente du Palais de Tokyo, Emma Lavigne, de la relance de sa Triennale en 2022. Elle se tiendra donc dix ans après son édition précédente, qui avait pris pour titre « Intense proximité ». Ce troisième opus de la Triennale d’art contemporain (anciennement « La Force de l’Art », en 2006 et 2009) se proposait à l’époque d’offrir un « large état des lieux de l’art contemporain au confluent de la scène française et des foyers de création internationaux ». C’est cet esprit qu’entend poursuivre Emma Lavigne, opposée à toute ghettoïsation des artistes français et qui souhaite au contraire les inscrire dans un dialogue avec les créateurs les plus pertinents du moment autour des thématiques qui traversent le monde. Quelle qu’en soit la forme, il est en tout cas important d’apporter un soutien aux artistes de notre scène en France, mais aussi de les faire rayonner à l’étranger, comme Gérard Garouste aujourd’hui en Inde, à New Delhi.