Même si les villes jouent en France un rôle très important pour la politique culturelle et son financement – les communes et les établissements publics de coopération intercommunale consacrent environ 7,5 milliards d’euros par an à ce domaine, à comparer aux 9,5 milliards d’euros de l’ensemble des dépenses culturelles de l’État –, on ne peut pas dire que la culture ait été au centre des débats pour les élections municipales (les 15 et 22 mars). C’est pourtant un artiste qui est venu bouleverser la campagne parisienne en mettant en ligne, comme il l’a lui-même revendiqué, des images à caractère sexuel conduisant au retrait du candidat de La République En Marche !, Benjamin Griveaux. Si l’on peut s’interroger sur les motivations du réfugié russe Piotr Pavlenski pour perpétrer ces agissements ignobles, on peut aussi s’étonner que cette action de l’artiste extrémiste se situe loin de sa pratique habituelle, dans laquelle il met régulièrement en danger son propre corps. Il aura en tout cas à en répondre devant la justice, qui devra aussi déterminer dans quelle mesure il a bénéficié de l’aide de complices.
Cet épisode tragique pour notre démocratie ne doit pas occulter le vrai débat, celui sur l’avenir de nos villes, notamment dans les domaines de la culture et des arts visuels. De nombreux candidats se penchent sur les conditions de vie et de travail des créateurs. À Paris, Cédric Villani (société civile) compte ainsi ouvrir cinq cents ateliers-logements destinés aux artistes, alors que Johanna Rolland (PS) s’engage, elle aussi, mais à Nantes, à offrir davantage d’ateliers. À Lille, Violette Spillebout (LREM) propose de transformer le palais de justice, bientôt vide, en Metropolitan Lille Museum, un lieu de valorisation internationale des artistes locaux, tandis qu’à Toulouse, le grand projet de Jean-Luc Moudenc (LR) est la Cité de l’art, à La Grave. Christian Estrosi (LR) souhaite créer à Nice une trame urbaine de street art à travers tous les quartiers, et Sandrine Runel (La Gauche unie !) entend à Lyon « intégrer les artistes (plasticiens et du spectacle vivant) à la conception de la ville, en collaboration étroite avec les aménageurs et les urbanistes ».
La plupart des candidats ont mis du temps à dévoiler le volet « culture » de leur programme. Il n’a pourtant rien d’accessoire.