Comment vivez-vous personnellement ce confinement ?
Nos professions prédisposent à l’entretien intérieur, c’est une force en ce moment. Je vis la période aussi bien que possible et suis sûre que nous tirerons beaucoup de cet approfondissement.
Comment le musée Guimet s’est-il organisé ?
Le musée a organisé ses équipes en réserves, la surveillance assure les fonctions vitales avec une veille technique, ainsi que la direction, qui peut être binômée. Il y a donc un nombre réduit d’agents sur le site ; pour ma part, je peux le rejoindre après 45 minutes de marche dans des rues vides. Nous tenons trois fois par semaine un comité de direction en conférence téléphonique ; chacun a produit un plan d’actions à mener sur plusieurs semaines. Chaque directeur relaie auprès de ses équipes l’organisation du travail. Parmi les agents non postés (la surveillance et l’accueil), presque tous sont dotés d’une session de télétravail – nous avions commencé de le déployer depuis plus d’un an – donnant accès à l’intégralité des dossiers des disques durs et des dossiers du réseau. Ce n’est pas un travail en mode dégradé. Le vendredi, nous tenons notre comité Web. Et nous attendons tous ces moments avec impatience. Nous travaillons le plus collectivement possible. Et je pense que le collectif en sortira grandi !
Sur quels projets travaillez-vous pendant cette période ?
Le temps présent et l’après bien sûr. Au présent, nous avons le plus grand souci de soutenir l’activité de nos prestataires et partenaires. Cet engagement éthique est fondamental : nous réglons beaucoup de travaux, publions des marchés publics et émettons des bons de commande ; nous avons eu jeudi une consultation à distance de la commission d’acquisition du musée afin de pouvoir régler une galerie. Le message que nous envoyons est : « nous sommes à vos côtés, vous, entrepreneurs, professions libérales qui formez un écosystème qui nous est cher et indispensable ; l’activité va reprendre, nous serons en appui, ne serons pas frileux ni attentistes ». Les équipes sont mobilisées autour de cet objectif qui est également vital pour que notre pays retrouve une vitalité économique au sortir de la crise.
Quels dispositifs avez-vous ou allez-vous mettre en place pour rester en contact avec le public ?
Comme tous, le MNAAG développe des contenus numériques sur les réseaux sociaux, le site Internet et le blog, alimentés d’une nouvelle proposition chaque jour. C’est bien sûr le moyen privilégié pour garder le contact et faire entrer le musée chez soi. Les propositions alternent les approches, par exemple les zooms sur une œuvre en utilisant les nombreuses 3D qui ont été réalisées depuis quelques années au musée. La conservation est le fer de lance de cette série intitulée « le conservateur à l’œuvre » et publiée lundi et samedi. Le mardi, le musée met en lumière alternativement un homme et une femme qui sont liés à son histoire. Nous nous centrons aussi sur des lieux. Le jeudi, nous plongeons dans notre riche collection de près de 500 000 photographies pour une série intitulée « extérieurs-monde », un emprunt à Olivier Rolin. Nous avons emmené nos internautes au Taj Mahal (fermé pour cause de Covid-19) et au Japon à Kamakura. Le dimanche, c’est un lieu du musée que nous présentons. Le mercredi est consacré à la publication de contenu, par le service culturel, à destination des enfants et de leurs parents.
Cette période nous mène aussi à donner la parole à nos visiteurs ; c’est l’opération #GuimetEtVous témoignant du lien fort qu’ils ont avec ce musée dont beaucoup disent qu’il est « leur préféré ». Pour répondre à l’enfermement, nous avons aussi créé une série de capsules vidéo spécifiques. En trois minutes, j’y guide les visiteurs dans des espaces qui leur sont inaccessibles : les réserves ; chaque épisode, feuilletonné, s’achève par un suspens amenant au suivant. Cette série à thèmes vise à renforcer le lien d’intimité, de familiarité avec le musée. Le MNAAG s’est inscrit donc pleinement à #Culturecheznous, l’opération lancée par le ministère de la Culture pendant la période de confinement.