Une grande exposition consacrée à Angela Davis ouvrira ses portes à Dresde, en Allemagne, cet automne. Elle portera sur les « stratégies de libération des femmes et de résistance noire radicale » adoptées par la célèbre militante des droits civiques, mettant en avant son activisme alors que les manifestations au nom du mouvement Black Lives Matter occupent l’actualité dans le monde. Intitulée « One Million Roses for Angela Davis » (du 10 octobre 2020 au 24 janvier 2021), l’exposition présentée à la Kunsthalle im Lipsiusbau (Albertinum Dresden) voyagera ensuite aux États-Unis (les lieux sont à confirmer).
ANGELA DAVIS PENSAIT QUE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ALLEMANDE (RDA) SERAIT UNE « UTOPIE SOCIALISTE »
La manifestation est en préparation depuis plus de deux ans et devait initialement ouvrir en mai, explique Kathleen Reinhardt, la conservatrice pour l’art contemporain à l’Albertinum de Dresde, qui devait rouvrir aujourd’hui. « L’exposition abordera Angela Davis dans une perspective est-allemande à travers le prisme des pratiques artistiques contemporaines, et traitera également des protestations, des soulèvements et des révoltes », explique-t-elle. En 1970, Angela Davis avait été accusée de crimes liés à une prise d’otage avec mains armées dans un palais de justice du comté de Marin, en Californie. Elle a ensuite passé 18 mois en prison avant d’être acquittée de toutes les charges en juin 1972. En septembre suivant, elle s’était rendue à Berlin où elle avait été accueillie en véritable icône communiste internationale par plus de 50 000 Allemands de l’Est en liesse. « La Jeunesse allemande libre, l’aile de la jeunesse du Parti socialiste au pouvoir, [a lancé] une ambitieuse campagne d’écriture de lettres sous le slogan "One Million Roses for Angela Davis" », écrit la critique Katrina Hagen. Angela Davis, actuellement professeure émérite à l’Université de Californie à Santa Cruz, pensait que la République démocratique allemande (RDA) serait une « utopie socialiste », selon les organisateurs de l’exposition.
L’accrochage comprendra des œuvres d’artistes est-allemands qui font référence à Angela Davis, incluant une vidéo de Gabriele Stötzer basée sur sa propre incarcération en RDA. Une installation de l’artiste américaine Sadie Barnette se concentre sur les documents de surveillance que le FBI a compilés sur son père, un membre du mouvement Black Panther qui était également l’un des gardes du corps d’Angela Davis (la pièce a précédemment été montrée dans l’exposition « Do Not Destroy » accueillie par l’artist-run space Baxter St at theCamera Club à New York en 2017). Rendez-vous à Dresde à l’automne.