Claude Monet n’est jamais allé à Boston, mais certains des collectionneurs y résidant étaient déterminés à faire sa connaissance, allant jusqu’à traverser l’Atlantique en vue de lui rendre visite dans sa maison de Giverny et ramener un ou deux tableaux.
Dans une lettre de 1891, le peintre américain John Singer Sargent, qui habitait lui aussi Giverny, raconte avoir rencontré de tels collectionneurs chez Monet. « Nous sommes sortis de chez vous pleins d’enthousiasme malgré l’air bostonien de ces dames, écrit-il. Madame Fairchild a dû écrire à son mari pour lui demander de prendre deux tableaux, l’un à [la galerie parisienne] Durand-Ruel et l’autre chez vous. » Sargent jouait en l’occurrence l’intermédiaire pour l’acquisition de la toile chez Durand-Ruel.
L’ATTRAIT POUR L’IMPRESSIONNISME S’EST DÉVELOPPÉ À BOSTON DANS LES ANNÉES 1890
L’exposition « Monet and Boston : Lasting Impression », qui vient d’ouvrir au Museum of Fine Arts (MFA) de Boston, plonge les visiteurs dans la passion unique que la ville a nourrie pour Monet en présentant les 35 peintures de l’artiste conservées par le musée. Au total, plus de 50 œuvres sont exposées, dont 8 tableaux de Monet empruntés à des collections privées et des œuvres d’artistes ayant influencé le maître impressionniste. Sont ainsi accrochées des estampes japonaises d’Hiroshige et des tableaux de Jean-François Millet et Eugène Boudin.
« Les goûts des Bostoniens étaient proches de ceux de Monet, explique Katie Hanson, commissaire de l’exposition. Il est également intéressant de penser aux artistes basés à Boston à la fin du XIXe siècle qui se rendaient en France pour travailler, y trouver l’inspiration pour des peintures, s’exercer, entre autres, et qui allaient voir des expositions d’œuvres de Monet et lui rendaient visite. »
L’attrait pour l’impressionnisme, et les peintures de Monet en particulier, s’est développé à Boston dans les années 1890. Des prêts ont été accordés au Museum of Fine Arts de Boston et au St Botolph Club, tandis que des conférences étaient prononcées sur l’œuvre et les méthodes de travail de l’artiste. « Monet était un peu inquiet du fait que tant de tableaux quittaient la France pour les États-Unis, mais il avait confiance en Paul Durand-Ruel, qui concluait la plupart de ces ventes, et ce, dans son intérêt », remarque Katie Hanson.
À bien des égards, l’exposition s’apparente à « Monet and Chicago », présentée à l’Art Institute of Chicago (jusqu’au 18 janvier 2021), qui montre l’intérêt que la plus grande ville de l’Illinois a porté au peintre. Le parcours comprend 70 tableaux issus des collections de l’institution et de collections basées à Chicago.
L’exposition de Boston est divisée en quatre parties retraçant les débuts de Monet en tant que peintre, sa fascination pour le japonisme, son intérêt pour la Normandie et les effets atmosphériques « féeriques » développés dans les années 1890. L’exposition célèbre le 150e anniversaire du musée et comprend une pièce rarissime: une caricature dessinée par un Claude Monet adolescent – un homme chic tenant un cigare et un chapeau haut de forme –, que l’artiste réalisa en 1858 et dont le Museum of Fine Arts de Boston a fait l’acquisition en février.
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« Monet and Boston: Lasting Impression », jusqu’au 28 février 2021, Museum of Fine Arts, 465 Huntington Avenue, Boston, Massachusetts.