Le musée de l’Arméel a célébré le 200e anniversaire de la mort de Napoléon à Sainte-Hélène. À cette occasion, le président Emmanuel Macron prononcera un discours sous la coupole de l’Institut de France, avant de déposer une gerbe sur le tombeau de l’Empereur aux Invalides. Le musée de l’Armée prépare depuis longtemps une saison culturelle autour de cette figure majeure de l’histoire de France. Fait inédit pour l’institution, à côté de l’exposition « Napoléon n’est plus » conçue avec la Fondation Napoléon, les Invalides accueilleront un parcours d’art contemporain, « Napoléon ? Encore ! », placé sous le commissariat d’Éric de Chassey, directeur de l’Institut national d’histoire de l’Art (INHA) [et chroniqueur de notre mensuel], et de Julien Voinot, chargé de collections, département du XIXe siècle et Symbolique, au musée de l’Armée.
Lancé en 2019, ce projet a conduit à inviter vingt-neuf artistes – de Marina Abramovic, Julian Schnabel, à Fabrice Hyber – dont cinq ayant moins de 35 ans issus d’écoles d’art et dont la participation est soutenue par le Fonds de dotation Emerige. Éric de Chassey a aussi proposé à deux plasticiens de réaliser des œuvres de commandes spécifiques, Ange Leccia et Pascal Convert. Féru d’histoire, ce dernier, qui a déjà conçu le monument à la mémoire des résistants et otages fusillés au Mont Valérien, a eu l’idée de ramener sous le dôme des Invalides le squelette du cheval fétiche de l’Empereur, Marengo (en réalité une copie, l’original étant conservé en Angleterre), et de le suspendre au-dessus du tombeau. En quelques jours, cette œuvre temporaire a suscité une violente polémique lancée par Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, lui-même pourtant depuis longtemps au courant de ce projet. Il évoque notamment le respect de la nécropole. S’il n’a rien d’étonnant, ce débat est symptomatique de notre époque marquée par une radicalisation alimentée par les réseaux sociaux, entre d’un côté une vision de l’histoire peuplée de figures intouchables et de l’autre une réécriture allant jusqu’au déboulonnage des statues. Les artistes appuient toujours là où ça fait mal.