Les instituts finlandais de cinq villes européennes – du Benelux à la France en passant par l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Irlande – ont lancé un programme d’une année centré autour de la complexité des perceptions sensorielles et de la manière dont elles façonnent les êtres humains. Les expositions réunies sous le titre générique « AISTIT / coming to our senses » bénéficient du commissariat de l’artiste Hans Rosenström et de la conservatrice et chorégraphe Satu Herrala. Ces derniers ont mené une réflexion autour de la notion de « sens » (« aistit » en finnois) dans toutes ses composantes. Le programme débute en France avec l’exposition « When our eyes touch » qui se déploie dans deux lieux, la Maison Louis Carré à Bazoches-sur-Guyonne (Yvelines) et l’Institut finlandais de Paris. Dans la résidence qu’Alvar et Elissa Aalto ont dessinée pour le galeriste Louis Carré, un chef-d’œuvre de l’architecture du XXe siècle, les œuvres viennent rythmer les pièces disposant encore de leur mobilier d’origine dans l’esprit de l’accrochage domestique d’un collectionneur. Dans la salle à manger, est présentée face à la fenêtre l’œuvre à quatre mains de Simone Fattal et Etel Adnan Five Senses for One Death. A poem in seven pieces (2021), exposée ici pour la première fois. Sur ces sept dalles de pierre de lave sont tracés les mots du texte. « Tu as bougé dans ma main l’eau a pleuré ton absence », énonce-t-il. En face a été disposée l’une des mains en bronze sur laquelle s’est posé un oiseau d’Axel Antas, que l’on retrouve aussi par exemple dans le grand salon. Là, la réflexion devient plus politique avec l’œuvre Nations : Cap Français 20, 21, 22 and 23, June 1793 de Kapwani Kiwanga évoquant la révolution haïtienne et ses racines vaudoues. Dans la chambre à coucher d’Olga Carré, le parcours se fait onirique avec la vidéo Swallow de Laure Prouvost mettant en scène de jeunes femmes se baignant nues dans une rivière.
Les photographies de Laurent Millet se retrouvent quant à elles à la fois à Bazoches-sur-Guyonne et à Paris, où elles viennent dialoguer avec les images d’Axel Antas. Mais l’Institut finlandais réserve surtout ses espaces à Dafna Maimon et à la commande passée à l’artiste dans le cadre de ce projet. À côté d’un ensemble de sculptures en papier mâché et de pastels sur velours, est projeté dans l’auditorium Leaky Teeth, soit littéralement « les dents qui fuient », une vidéo en partie tournée dans la Maison Louis Carré, et qui prend franchement une dimension surréaliste. Une invitation à faire preuve de bon sens.
« When our eyes touch », jusqu’au 1er août 2021, Maison Louis Carré, 2 chemin du Saint-Sacrement, 78490 Bazoches-sur-Guyonne, https://maisonlouiscarre.fr/mlc/ ; jusqu’au 1er août 2021, Institut finlandais, 60 rue des Écoles, 75005 Paris, www.institut-finlandais.fr