Depuis son ouverture en novembre 2000, le musée international des Arts modestes (MIAM) n’a toujours pas comblé son appétit d’ogre. L’institution unique au monde, créée à Sète (Hérault) et portée par deux artistes (Bernard Belluc et Hervé Di Rosa), partage avec générosité ses trésors et ses découvertes, encourageant une vision sans œillères et sans hiérarchie de la pratique artistique.
les créations, très souvent réalisées après le « voyage », tentent de rendre compte de visions idéales ou cauchemardesques.
Sous la bannière « Art modeste » sont fédérés l’art brut, l’art des fous, le folk art, la bande dessinée, les arts décoratifs, l’art artisanal, l’art naïf, l’art populaire, l’art commercial… Pendant vingt ans, le MIAM a défriché et cartographié ces territoires étonnants au cours de plus de quarante expositions (Groland, la scène de Winnipeg, l’art des narcotrafiquants, les catcheurs kitsch, Manille, la cuisine, les Shadoks, Kinshasa, les armes à feu…).
Art halluciné
Ce vingtième anniversaire est évoqué à travers « Forever MIAM », un regard rapide dans le rétroviseur, sans nostalgie, comme un sas vers l’exposition principale intitulée « Psychédélices », qui présente des œuvres d’artistes influencés par le mouvement psychédélique. On connaît bien la bande-son de ce mouvement apparu dans les années 1960, moins le pendant visuel. Le MIAM invite donc à un trip passionnant au cœur d’une production inspirée par l’exploration de l’esprit humain après la prise de substances aux effets hallucinogènes (LSD, Peyotl, champignons…). Les créations, très souvent réalisées après le « voyage », tentent de rendre compte de visions idéales ou cauchemardesques. Plongées dans la pénombre, les toiles aux couleurs flamboyantes, abstraites ou figuratives, jaillissent des cimaises. Un vertige où se mêlent ésotérisme, surréalisme, érotisme, féerie, univers enchantés ou angoissants. Un véritable geyser créatif soumis à toutes les interprétations.
Les commissaires Barnabé Mons et Pascal Saumade ont rassemblé des dessins d’Henri Michaux, des portraits de l’inventeur du LSD, Albert Hofmann, pris par le photographe François Lagarde, une installation de Julio Le Parc, une toile de Frédéric Pardo représentant un homme nu à la peau bleue qui chevauche un lion… « Psychédélices » réserve son lot de surprises, révélant notamment le travail, inconnu jusqu’ici, de Serge Leroux (1950-1991), alias SergeX, dont la variété des styles n’a d’égale que l’imagination débridée. Bon voyage !
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« Forever MIAM » et « Psychédélices »,4 juin 2021-9 janvier 2022, musée international des Arts modestes, 23, quai du maréchal de Lattre de Tassigny, 34200 Sète.