Le Prix Marcel-Duchamp 2021 a été dévoilé ce lundi 18 octobre au Centre Pompidou, en ouverture d’une intense semaine de la FIAC, qui s’ouvre mercredi au Grand Palais Éphémère, accueillant à Paris collectionneurs et galeristes internationaux. Après la présentation des projets des quatre artistes par leurs rapporteurs respectifs, le jury a décerné le 21e Prix Marcel-Duchamp à Lili Reynaud Dewar.
Le rapporteur de l’artiste était Manuel Segade, directeur du CA2M à Madrid. Martin Guinard-Terrin, co-curateur des Luma Days à Luma Arles, a soutenu Julian Charrière; Clément Dirié, historien et critique d’art, a défendu Isabelle Cornaro; tandis que Maboula Soumahoro, maîtresse de conférences à l’université de Tours, a plaidé pour le projet de Julien Creuzet.
Le jury international pour cette édition 2021 était composé de : Xavier Rey, directeur du musée national d’art moderne - Centre Pompidou (président du jury); Claude Bonnin, collectionneur, président de l’Adiaf; Leon Amitai, collectionneur, entrepreneur (Colombie); Shalva Breus, collectionneur, créateur de la Fondation Breus et du Prix Kandinsky (Russie); Emma Lavigne, directrice générale de la Pinault Collection (Paris); Annabelle Ténèze, directrice générale des Abattoirs, Musée-FRAC Occitanie Toulouse; et Akemi Shiraha, représentante de l’Association Marcel Duchamp.
Née en 1975 à La Rochelle, Lili Reynaud Dewar vit et travaille à Grenoble. Elle est représentée par les galeries Clearing (Bruxelles, New York, Beverly Hills) et Emanuel Layr (Vienne et Rome). Présente dans d’importantes collections internationales, son œuvre s’incarne dans des performances filmées, des vidéos et des installations, dans lesquelles elle n’hésite pas à se mettre en scène, dansant parfois nue, le corps peint, telle un faune à la Nijinski.
Son projet Rome, 1er et 2 novembre 1975 (2019-2021), présenté dans l’exposition du Prix Marcel-Duchamp au Centre Pompidou, a été conçu alors qu’elle était pensionnaire à la Villa Médicis, dans la Ville éternelle. Quatre projections y donnent à voir le film réalisé autour des derniers jours de l’écrivain et cinéaste Pier Paolo Pasolini, de sa dernière interview jusqu’à son assassinat – dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, sur une plage d’Ostie. Dans cette vidéo chorale, vingt-quatre proches de l’artiste, hommes et femmes de nationalités diverses, incarnent le cinéaste et le jeune Giuseppe Pelosi, accusé du meurtre. L’installation comporte également des entretiens biographiques avec chaque participant, superposant parcours individuels, cultures militantes et alternatives pour poser la question du rôle social et politique de l’art, chère à l’influent Italien.
« Il a été difficile de départager quatre personnalités promises à un magnifique parcours esthétique, a déclaré Xavier Rey, directeur du musée national d’art moderne - Centre Pompidou et président du jury. Puisqu’il le fallait, les passionnantes discussions entre les membres du jury ont distingué Lili Reynaud Dewar dont l’universalité de la démarche, l’efficace critique institutionnelle et sociale, et surtout la prise de risque avec son propre corps ont particulièrement touché. Je salue un travail exemplaire dont la portée ne cède en rien sur l’exigence de la forme, avec la plus grande justesse. »
Claude Bonnin, collectionneur et président de l’Adiaf, a quant à lui commenté : « Cette année encore, le Prix Marcel-Duchamp a réussi une sélection exceptionnelle, faisant écho aux grands défis du monde ou de la société, et démontrant tout le pouvoir des artistes pour nous éclairer et nous émouvoir. La lauréate, Lili Reynaud Dewar, par sa pratique originale, et en somme toute « duchampienne », honore la scène française que l’Adiaf est heureuse de défendre depuis plus de 20 ans. »
Le Centre Pompidou accueille jusqu’au 3 janvier 2022 l’exposition de cette 21e édition du Prix Marcel-Duchamp réunissant les projets des quatre artistes nommés. Son commissariat a été confié cette année à Philippe Bettinelli.