Quel est l’ADN d’Art-o-rama par rapport aux autres foires ?
Dès le début, nous avons demandé aux galeries de venir avec une proposition curatée. La forme de chaque espace d’exposition est pensée en fonction du projet. Nous faisons ainsi des stands sur mesure et aidons à réaliser les projets. Tout cela en limitant au maximum les coûts des stands et les surcoûts inhérents à chaque projet spécifique. Ce qui est quasiment inexistant sur les autres foires où la moindre vis est surfacturée. Cette liberté donnée aux exposants permet à la foire d’offrir une grande diversité de propositions. Cela crée des rythmes différents, des perspectives et des dialogues entre les projets. Cette formule facilite aussi, pour les plus jeunes galeries, dont l’économie est fragile, la prise de risque artistique. Art-o-rama est ainsi un événement pour lequel les galeries peuvent travailler avec leurs artistes à un projet souvent audacieux, ce qu’elles ne peuvent généralement pas faire sur une foire plus coûteuse. Certaines ont ainsi parfois disposé au salon de plus d’espace que dans leur propre galerie ! Ces projets assez radicaux sont quelquefois repris ailleurs. En outre, afin d’encourager les galeries dans cette voie, nous leur proposons aussi de bénéficier d’un atelier durant le mois d’août à la Friche la Belle de Mai, là où se tient Art-o-rama, facilitant ainsi les nouvelles productions.
Quelles nouvelles galeries vous rejoignent cette année ?
Nous avons cette année 21 nouvelles galeries sur les 47 présentes. Sur ces 21, 3 sont américaines et 2 londoniennes, 4 sont méditerranéennes (Italie ou Espagne) et 10 viennent de l’est de l’Europe. Deux de ces nouvelles galeries sont françaises, une parisienne et une marseillaise. Les profils sont très différents. Les galeries étrangères, bien qu’encore jeunes, existent souvent depuis quelques années, et voient dans Art-o-rama une entrée intéressante sur le marché français et européen. Les galeries françaises sont généralement plus jeunes et nous sommes souvent parmi leurs premières foires. Ainsi, nous serons le deuxième salon pour Parliament (Paris) après Liste à Bâle en juin, de même pour SISSI club (Marseille), qui avait participé au Salon de Normandy à Paris en octobre 2020. La foire joue un rôle de défricheur et de soutien aux jeunes galeries. Nous accueillons aussi des galeries plus établies, dont certaines nous suivent depuis plusieurs éditions, comme Meessen De Clercq à Bruxelles, In Situ - fabienne leclerc à Romainville, Gilles Drouault galerie/multiples à Paris. Sans compter celles figurant au comité de sélection, et qui avant de l’intégrer avaient déjà participé quelques années de suite, telles LambdaLambdaLambda à Pristina, sans titre (2016) à Paris et Sophie Tappeiner à Vienne.
Vous étoffez cette année la section Éditions et Design…
Elle accueille 21 exposants cette année, contre 8 l’année dernière, soit presque le triple. Nous souhaitions donner plus de visibilité à l’édition d’art et également convier des éditeurs de design qui soient dans la même démarche, c’est-à-dire un design jeune, accessible et inventif. Nous avons donc renforcé le nombre de participants, et créé un comité spécifique, distinct de celui des galeries. Il mixe des personnalités des mondes de l’art et du design, pour plus de porosité, car ces domaines se croisent. Certains artistes ont une pratique de formes fonctionnelles, et des designers peuvent aussi avoir une pratique artistique. Et que ce soit pour les créateurs, comme pour le public, l’intérêt pour l’un n’est souvent pas éloigné de l’intérêt pour l’autre. Nous proposerons donc des objets et du mobilier non standardisés et espérons que celles et ceux qui viendront pour le design s’intéresseront à l’art et inversement.
Pour renforcer l’ancrage méditerranéen, vous avez aussi jeté des passerelles vers d’autres rendez-vous…
En effet, nous réfléchissons depuis quelque temps à des rapprochements avec des événements du sud de l’Europe. Notre but à long terme est de créer des liens avec l’ensemble du pourtour méditerranéen. La Méditerranée est notre territoire, et il est important d’y avoir des relais et d’être au fait des écosystèmes de la création dans ses différents pays. Nous avions établi une collaboration avec la foire Contemporary Istanbul en 2019, lorsque Anissa Touati en était la directrice artistique. Cette année, nous nous sommes rapprochés de la foire grecque Art Athina, en travaillant à un croisement de collectionneurs et en mettant en place à Art-o-rama une conversation autour de la place du marché en marge des grands centres et de nos spécificités méditerranéennes. Ce débat sera mené par Marina Fokidis, entre autres créatrice de la revue South as a state of mind, et se poursuivra 15 jours plus tard à Athènes, pendant Art Athina.
En outre, nous nous sommes associés avec Art Barcelona, l’association des galeries de Barcelone, à travers un prix qui récompense le projet d’une galerie dans le cadre du festival d’art émergent Art Nou, qui a lieu tous les étés dans cette ville catalane. La galerie lauréate sera invitée à Art-o-rama. Nous avons choisi cette année la galerie etHALL [L’Hospitalet de Llobregat] qui présentait une exposition personnelle de l’artiste Ian Waelder, et qui sera donc présente à Art-o-rama l’année prochaine.
Art-o-rama Marseille, du 25 au 28 août 2022. La Tour 3e étage, La Cartonnerie, les Plateaux, Friche la Belle de Mai, entrée piéton, 41, rue Jobin, 13003 Marseille. https://Art-o-rama.fr