Les musées de Strasbourg fermeront deux jours par semaine et de 13 heures à 14 heures à compter du 3 octobre. Les agents des musées de la Ville ont appris les nouvelles modalités de fermetures le 30 août par un communiqué de la mairie. Pour motiver sa décision, cette dernière invoque « la situation actuelle de crise (tensions sur les énergies, inflation, guerre en Ukraine, changement climatique…) » et la nécessité pour « les collectivités, au niveau national, de prendre des mesures importantes d’adaptation du service public ». «Tous les services de la Ville et par voie de conséquence de la Culture sont ou seront impactés dans les mois à venir, poursuit le communiqué, ce qui invite à une plus grande sobriété dans l’usage de nos moyens, à une décélération de nos activités et à une adaptation de notre service public. Il convient, chacun à nos niveaux, de contribuer à repenser sur le temps long des modèles soutenables pour préserver nos services publics et notre capacité d’action. »
Sous réserve de validation de ce scénario, le réseau des huit musées gérés par la Ville de Strasbourg devrait adopter ces nouveaux horaires : fermeture lundi et mercredi pour le musée d’art moderne et contemporain (MAMCS), le musée Tomi Ungerer, le musée de l’Œuvre Notre-Dame et le musée historique ; le musée archéologique (palais Rohan), le musée des beaux-arts (palais Rohan), le musée des arts décoratifs (palais Rohan) et le musée alsacien seront quant à eux fermés les mardi et jeudi. Le communiqué municipal précise : « Il a également été décidé d’adapter l’ouverture des musées aux temps forts de leur programmation, en favorisant notamment l’ouverture des expositions temporaires 6 jours sur 7 : l’exposition « Surréalité » sera ouverte tous les jours de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures (sauf le lundi) du 19 novembre 2022 au 26 février 2023 au MAMCS et au musée Tomi Ungerer. L’exposition « Passé, présent, avenir d’œuvres récupérées en Allemagne en 1945. Les MNR des musées de Strasbourg » sera ouverte gratuitement tous les jours de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures (sauf le mardi) du 22 octobre 2022 au 15 mai 2023 à la galerie Heitz du palais Rohan. En outre, le musée alsacien sera également ouvert tous les jours de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures (sauf le mardi) pendant les quatre premières semaines de « Strasbourg, capitale de Noël », du 25 novembre au 24 décembre 2022. »
La décision de la maire Jeanne Barseghian (EELV) de fermer ces musées deux jours par semaine et de réduire leurs horaires d’ouverture est loin de faire l’unanimité. Ces mesures suscitent des interrogations sur la politique culturelle de la ville de la part des syndicats et de l’opposition municipale. Dans un courrier publié dans les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), le 23 août, Fabienne Keller, ancienne maire de la ville (Agir) et députée européenne, et Bruno Studer (Renaissance), député de la 3e circonscription de Strasbourg, ex-président de la commission culture de l’Assemblée nationale, s’opposaient déjà au projet, faisant valoir que « Strasbourg, septième destination touristique en France, Ville d’art et d’histoire, accueille près de quatre millions de visiteurs par an. Depuis longtemps, la Ville investit un quart de son budget dans le développement culturel sous toutes ses formes : musées, opéra, théâtre, musique, danse, création artistique, livre et médias, etc. Par ailleurs, Strasbourg a été désigné pour être Capitale mondiale du livre en 2024. Quelle crédibilité pour l’image et le rayonnement de notre ville de prendre une telle décision dans ce contexte ? […] La culture est notre langue commune en Europe, elle est le reflet de nos valeurs partagées. Son développement est au cœur du projet humaniste européen. Strasbourg, capitale européenne et siège de nombreuses institutions européennes, peut-elle ainsi tourner le dos à ce qui fait son ADN ? » De son côté, Roland Recht, ancien directeur des musées de Strasbourg, a réagi sur Twitter : « Scandale à Strasbourg ! La nouvelle politique culturelle de la Ville se révèle. Acte 1 : fermeture progressive des musées. On attend avec inquiétude la suite… ». Une pétition en ligne déplore que Strasbourg soit « la première métropole de France à prendre une telle décision ». Une première qui pourrait donner des idées à d’autres municipalités.