Quel est le visage de cette nouvelle foire ?
C’est un visage « ami », à la fois familier et nouveau. Pour les anciens visiteurs de la Fiac, certaines des idées portées avec talent et intelligence sont poursuivies et soutenues avec encore plus de moyens. Il ne s’agit pas de faire table rase. Nous avons eu neuf mois pour préparer la Foire, qui reste l’événement central de cette semaine et sur lequel nous avons décidé de nous concentrer cette année. Ainsi, les liens avec la mode, le design ou le cinéma seront davantage creusés pour la prochaine édition. Nous avons une concession de sept ans, donc du temps pour développer ces affinités. Les Conversations, mises en veille [pendant la pandémie], sont par ailleurs relancées sous la houlette de Pierre-Alexandre Mateos et Charles Teyssou, avec pour invités des académiciens, commissaires et artistes, et se tiennent sur une péniche à quai au pied de la tour Eiffel.
Par ailleurs, un partenariat est lancé avec le festival de performances Move au Centre Pompidou, piloté par Caroline Ferreira. Enfin, la place des étudiants des écoles d’art dans les foires nous préoccupe : nous avons entamé une réflexion avec la nouvelle directrice des Beaux-Arts de Paris, Alexia Fabre, qui a accepté d’animer un atelier avec les étudiants.
Quelle est la part des galeries françaises ?
Dès le départ, nous souhaitions être dans la continuité, ce qui était notre engagement vis-à-vis de la RMN-Grand Palais, en reprenant notamment les deux tiers du comité de sélection de la Fiac. La fidélité des galeries qui participaient à la Fiac a compté dans leur sélection pour
Paris+. Sur 156 galeries, nous comptons 61 exposants qui disposent d’un espace en France. Si l’on se concentre sur celles dont l’espace principal est à Paris, il y en a 48, soit environ 30%, davantage qu’à la Fiac en 2019.
Les galeries européennes restent le plus gros contingent, sachant aussi que, dans le contexte actuel, les coûts de l’énergie et des transports augmentent sensiblement. Le deuxième plus gros contingent est celui des galeries américaines. Et sont présentes vingt-deux enseignes qui n’ont jamais participé à une Foire Art Basel, dont les parisiennes Anne Barrault, christian berst art brut, Magnin-A, Salle Principale et WeDo not Work Alone. Ce qui témoigne de notre volonté d’inclure de nouveaux participants, dans un contexte hypercompétitif.
Le secteur dédié aux galeries émergentes s’étoffe-t-il ?
Au croisement de ce que sont, à Art Basel à Bâle, les secteurs Feature et Statements, dévolus respectivement aux très jeunes galeries et aux artistes redécouverts, le secteur Galeries émergentes réunit seize enseignes, presque le double de la Fiac. Les stands de 20 m2 dont elles disposent pour des solo shows sont repositionnés dans l’espace principal de la Foire, afin qu’elles gagnent en visibilité. Les galeries concernées paient moitié prix grâce à un partenariat avec le groupe Galeries Lafayette. La nouveauté ? L’artiste lauréat se voit financer la réalisation d’une œuvre qui sera exposée dans le foyer de Lafayette Anticipations l’année suivante. En parallèle, Paris+ remboursera les frais de participation de la galerie à la Foire.
Pour les visiteurs, le billet d’entrée à Art Basel à Bâle est très cher. Qu’en est-il ici ?
Le prix reste inchangé par rapport à la Fiac. Nous augmentons en revanche de 6% le prix des stands pour les exposants.
L’un des « apports » d’Art Basel, c’est la force de frappe de son réseau VIP…
L’équipe VIP, ce sont trente-cinq personnes réparties dans le monde entier, chargées de dénicher de nouveaux collectionneurs, de veiller à ce que les anciens restent fidèles…
Les VIP ne sont pas une catégorie homogène mais une audience mouvante, des jeunes acheteurs aux collectionneurs établis, des Européens aux Américains… chacun avec des habitudes et des agendas différents. Cette première édition suscite beaucoup d’enthousiasme. Nous sommes obligés de gérer attentivement les flux, étant donné les dimensions limitées du Grand Palais Éphémère.
Pour Art Basel, Paris est-il justement un « plus » ?
Même si Paris+ ne crée pas une nouvelle séquence, le contexte fait toute la différence avec Bâle en juin ! La Foire de Bâle est plus patrimoniale, elle a une longue histoire, et la ville se met chaque année au diapason. Paris bénéficie d’une offre culturelle tout autre, d’un choix exceptionnel d’hôtels et de restaurants… Paris pourrait presque être une distraction pour les visiteurs de Paris+ !
Quelles sont vos ambitions pour cette édition inaugurale ?
J’ai envie que l’on identifie très clairement cette Foire. Qu’elle ait son identité propre, que l’on ne se dise pas « c’est comme Miami ou Bâle »… J’aimerais que les visiteurs puissent à la fois y retrouver les artistes les plus en vue, chez les plus puissantes enseignes, et découvrir, dans un coin, des œuvres plus subversives.
« Paris+ par Art Basel », 20-23octobre 2022, Grand Palais Éphémère,
2,place Joffre, 75007Paris.