En ouverture de l’année de son 230e anniversaire, le musée du Louvre a invité vingt créateurs âgés de moins de quarante ans à donner leur propre vision de l’institution. Baptisé « Regards du Louvre », le projet donnera lieu à une projection publique des vingt vidéos réalisées le 26 janvier, dans le cadre des Journées internationales du Film sur l'Art ayant pour invitée d’honneur l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster. En parallèle, une projection est prévue au musée du Louvre-Lens.
« Regards du Louvre » a sollicité des artistes ayant « le musée pour muse » : Iván Argote, Hicham Berrada, Anton Bialas et Kamilya Kuspanova, Mykki Blanco et Dachi-Giorgi Garuchava, Bianca Bondi, Guillaume Bresson, Jacob Bromberg, Théo Casciani, Pan Daijing, David Douard, Eliza Douglas, Jennifer Douzenel, Mimosa Echard, Miles Greenberg, Rafik Greiss, Marie Jacotey, Christelle Oyiri, Ariana Papademetropoulos, Edgar Sarin et Marine Serre. Les vidéos – chacune d’environ trois minutes trente, conçue avec une équipe de tournage ou via un simple smartphone – donneront à voir un portrait polyphonique du musée, cheminant au fil des salles et illustrant le rapport intime que chacun entretient avec les œuvres.
« Le Louvre est le premier musée que nous avons visité dans notre vie, témoignent Anton Bialas et Kamilya Kuspanova. Nous y retournons aujourd’hui avec un projet de film qui nous plonge en pleine Révolution française, période à laquelle le palais bascule en devenant officiellement un musée et où le sulfureux marquis de Sade écrit La Philosophie dans le boudoir. Nous désirons mêler des extraits de l’œuvre de Sade à une série de tableaux filmés de nuit, des portraits de femmes, des corps nus ainsi que des paysages nocturnes. […] Ce film s’imagine comme une conversation subtile entre l’ancrage révolutionnaire de la création du musée du Louvre, la peinture, la philosophie et le cinéma, célébrant la puissance évocatrice de sa collection et de son histoire. »
« Ce qui m’a le plus frappé lors de mes visites au Louvre, c’est d’être confronté aux sculptures antiques, confie quant à lui Hicham Berrada. Il y a quelque chose d’étrange et d’émouvant à se tenir juste devant ces témoins d’un passé lointain. »
Pour Bianca Bondi : « Le Louvre est une encyclopédie immersive où marcher, c’est lire. En chemin vers la destination prévue, vous vous retrouvez happé par d’autres civilisations, vos yeux captant des détails que vous n’attendiez pas. » Et d'ajouter : « Comme artiste, je viens ici pour étudier ce que les reproductions dans les livres ne peuvent traduire. La façon dont la lumière projette des ombres, la matérialité sous-jacente trahissant la couche finale, la manière dont se transforme un matériau, la façon qu’a tel autre de se conserver pendant des centaines d’années. »
« Quand je suis arrivé à Paris pour faire mes études aux Beaux-Arts, j’ai découvert le Louvre et ai immédiatement été frappé par les grands formats de Géricault, David et Delacroix, se souvient Guillaume Bresson. La découverte de ces grandes compositions m’a fait prendre conscience que l’on pouvait créer un récit dans un tableau, en mettant en relation plusieurs figures. C’était au début des années 2000 et j’avais l’impression de ne pas voir ça dans la peinture contemporaine. J’étais pratiquement tous les jours au Louvre pour y dessiner, jusqu’au moment où je me suis senti prêt à me lancer dans mon propre travail de mise en scène en peinture : un grand format qui représentait les émeutes de banlieues qui éclataient en France en 2002. J’ai travaillé trois ans sur ce tableau, qui m’a permis d’obtenir mon diplôme des Beaux-Arts en posant les bases du travail que je poursuis encore aujourd’hui. Tout avait commencé au Louvre. »
« Les regards de ces vingt artistes témoignent de nouvelles façons de percevoir nos collections, à la fois très intimes et universelles, explique Laurence des Cars, présidente-directrice du musée du Louvre. Avec eux, non seulement nous découvrons des manières de voir le Louvre, mais aussi de nouvelles façons, contemporaines, de créer avec le Louvre. Le musée est donc, ainsi, le lieu contemporain de l’art. »
Le projet de chacun des artistes sera diffusé sur le compte Instagram @museelouvre, au rythme d’une vidéo par semaine, à partir du 26 janvier.