Designer, ferronnier, magicien et alchimiste, difficile de définir toute la richesse créative d’André Dubreuil. L’auteur de sa monographie, l’historien d’art et écrivain Jean-Louis Gaillemain, aime à le voir comme un « Poète du fer ». Héritier des ébénistes du XVIIe siècle comme des grands décorateurs français, Jean-Michel Frank ou Gilbert Poillerat, il est aussi, dans les années 1980, un habitué des soirées « underground » londoniennes. Aux côtés de Tom Dixon et de Mark Brazier-Jones, il affine son style, se laisse envahir par l’énergie rageuse de la nouvelle scène britannique. Son talent dynamite les codes de la création : baroques ou minimalistes, raffinées ou brutales, classiques ou d’avant-gardes, ses pièces sont inspirées par la culture de l’audace, façonnées par les voyages. Un imaginaire singulier, des objets sortis de rêves ou l’univers de « Métal Hurlant », rencontre celui de Pierre Loti. Son travail est théâtral, précieux, tout en trompe-l’œil. La maison de ventes Millon lui rend hommage en lui consacrant une vente à Drouot, le 9 février 2023, presque un an après sa disparition. Quatre-vingt-six pièces issues de sa collection personnelle seront proposées au public. Parmi celles-ci, des séries limitées iconiques : la paire de chaises Paris (1988) en acier plié et brûlé au chalumeau (est. : 8 000-12 000 euros) ; la lampe Lacrima (1991), en verre et bronze, épreuve d’artiste réalisée par la manufacture Daum (est. : 2 000-3 000 euros). La vente fera la part belle aux pièces uniques : la table circulaire en cuivre verni et acier oxydé (est. : 10 000-15 000 euros), l’armoire demi-lune en fer forgé, cuivre gravé et émaillé (est. 25 000-30 000 euros). On pourra même enchérir sur un prototype de sneakers en céramique, Dike Shoe (Dike鞋), prototype, 2010 (est. : 300-500 euros). Les collectionneurs devraient répondre présent pour des œuvres historiques très rares sur le marché.
Jeudi 9 février 2023, Salles 14 et 15, Vente succession André Dubreuil – le poète du fer, Millon svv à l’hôtel Drouot, 75009 Paris