Après une édition organisée exceptionnellement en juin 2022, la Brafa revient à Bruxelles jusqu'au 5 février dans son calendrier habituel de janvier. Exit le hall brut qui accueillait l’an dernier les visiteurs avant d’atteindre la foire elle-même. Il a été cette fois aménagé avec élégance, tout comme la foire qui bénéficie d’allées aérées, de vastes stands et d’espaces de repos confortables. Si certains déplorent les 15 minutes supplémentaires pour atteindre Brussels Expo depuis le centre de la capitale belge, par rapport au précédent site de Tour & Taxis, le nouvel emplacement est aussi un atout géographique pour les nombreux Flamands venus par la route.
Les Belges, Flamands et Français constituaient le plus gros des visiteurs les 26 et 27 janvier, les journées de vernissage se poursuivant encore le samedi 28 janvier. Toutefois, on croisait dans les allées quelques autres nationalités plus inattendues, telles des Suédoises ou un Canadien venus spécialement pour la foire. Présent le soir du dîner de gala, jeudi 26 janvier, ce grand amateur de sculpture s’est longuement attardé sur le stand de la galerie Nicolas Bourriaud (Paris). Ce nouvel exposant présente entre autres deux bronzes de Rodin pour 350 000 et 250 000 euros, dont une version du Baiser. Ainsi qu’un singulier portrait d’une Femme de Marrakech réalisé en 1920 par la sculptrice Céline Lepage et proposé à 60 000 euros. « Cette œuvre iconique a été reprise ensuite en céramique notamment, mais il s’agit ici d’une fonte de son vivant, une rareté car elle est décédée quelques années plus tard », explique le marchand.
Autre nouvel arrivant, la galerie allemande Samuelis Baumgarte consacre son stand à Alexander Calder, avec entre autres une belle gouache jaune au papillon de 1968 affichée à 280 000 euros. La Brafa se renouvelle également avec, entre autres, l’arrivée du Parisien Pascal Cuisinier. Ce spécialiste de design se félicite de « très bons retours des visiteurs, qui à 90 % ne connaissent pas les créateurs que nous montrons, mais aussi des exposants d’autres spécialités qui viennent nous voir et nous féliciter. Il faut maintenant que cela se concrétise par des achats », nous a-t-il confié. Parmi les pièces phares du stand figure un imposant bureau de Joseph-André Motte dont il n’existe que trois exemplaires, pour 60 000 euros. Autre pièce de design spectaculaire : un escalier design écarlate de 1971 mis en scène par la galerie néerlandaise Morentz, pour 96 000 euros.
Toujours au chapitre des œuvres modernes et contemporaines de cette édition, l’œil est attiré par l’insolite soucoupe volante de Panamarenko chez Jamar (Anvers), proposée pour 245 000 euros ; la même enseigne expose également une petite pièce très ancienne du même artiste, datant des années 1960 : une boîte en plexiglas contenant plusieurs insectes, pour 35 500 euros.
Toutefois, cette édition pâtit un peu de l’absence d’une grosse poignée de spécialistes d’antiquités classiques, rebutés par les méthodes sans ménagement du Service public fédéral Economie qui traque les trafics d’antiquités et dont les agents n’ont pas hésité à venir tout photographier et inspecter avant l’ouverture de la foire, cette année encore. Certains professionnels pointent le manque de discernement des équipes, qui risquent d’immobiliser de nombreuses pièces pour étude… au moment crucial de la foire ! D’autres, tels Steinitz ou Xavier Eeckhout, ont préféré participer à la Tefaf en mars, faute de suffisamment de belles pièces à montrer.
Cependant, la Brafa réussit à maintenir un certain équilibre entre ancien et moderne. Elle présente notamment cette année une effrayante personnification de la peste datant des années 1920 pour 55 000 euros, qui a appartenu à Jimmy Goldsmith au Royaume-Uni, chez Werner ; un cabinet en palissandre au décor chinoisant en marqueterie d’étain pour 75 000 euros chez Art et Patrimoine-Laurence Lenne (Ath, Belgique), réalisé à Anvers vers 1700. Cette édition abonde également en reliefs religieux Haute Époque espagnols, en particulier chez Chiale Fine Arts ou chez Jan Muller.
Enfin, alors que les ventes commençaient doucement, la galerie Christophe Hioco a cédé plusieurs pièces d’art asiatique dès le dîner de gala, dont une tête de Bouddha du Gandhara et une autre de Thaïlande du XIVe siècle en terre cuite à un couple de collectionneurs belges qui possèdent déjà cinq ou six représentations de Bouddha ! Son stand très soigné a fait mouche. Bonne nouvelle : crise mondiale ou pas, les Belges cèdent encore à leurs coups de cœur…