Le Los Angeles County Museum of Art (Lacma) a révélé le 13 février une promesse de don de vingt-deux œuvres d’art numériques basées sur la blockchain – une collection qui, selon l’institution, est la première et la plus grande de ce type à entrer dans un musée d’art américain. Le collectionneur à l’origine de cette donation se fait appeler Cozomo de' Medici et serait le rappeur Snoop Dogg, soutien de longue date de la création numérique et du Web3.
Dans cette collection, les œuvres de treize artistes du monde entier racontent ensemble une « histoire représentative du mouvement du cryptoart », selon le musée. Parmi ces créations figurent des œuvres créées par l’intelligence artificielle (IA) de Claire Silver, des photographies NFT (jetons non fongibles) de Justin Aversano et le premier grand livre rendu infalsifiable sur la plateforme blockchain Ethereum, Survive All Apocalypses (2021) de Neil Strauss. Le Lacma recevra également des œuvres d’artistes tels que le Chinois Cai Guo-Qiang, l’illustrateur numérique Yam Karkai, et les CryptoPunks de John Watkinson et Matt Hall – les populaires avatars de pixel-art qui ont été parmi les premiers exemples d’art NFT.
Cette collection reflète l’intérêt du Lacma pour l’acquisition, l’exposition et la conservation de l’art numérique authentifié par la technologie NFT, ainsi que son intérêt depuis des décennies pour les artistes qui utilisent la technologie. Son Art + Technology Lab, qui fournit des fonds et un espace aux artistes qui expérimentent les nouvelles technologies, est issu d’un programme créé en 1967. En juin 2022, le musée a réitéré son soutien à l’art numérique en créant un nouveau fonds d’acquisition pour les œuvres de femmes artistes, créé par l’héritière et promotrice des NFT Paris Hilton.
« Depuis des décennies, les artistes intègrent la technologie dans leur pratique, et les interactions entre l’art et la technologie sont au cœur de la programmation du Lacma depuis les années 1960, a déclaré Michael Govan, directeur du Lacma. Étant l’un des premiers musées à avoir soutenu l’expérimentation de la technologie par les artistes, il est naturel que le Lacma reçoive cette première collection muséale d’œuvres d’art issues de la blockchain. »
La collection porte le nom du pseudonyme de son donateur, Cozomo de' Medici, un clin d’œil au banquier florentin et grand mécène de la Renaissance Cosme de Medicis (Cosimo de' Medici). Celui qui se décrit comme le « grand mécène des arts numériques » est apparu sur la scène du cryptoart en août 2021 et a constitué une collection de NFT d’une valeur de plus de 17 millions de dollars. Après avoir gagné des followers sur Twitter tout en opérant de manière anonyme pendant un mois, l’utilisateur a promis de se dévoiler. Son identité a rapidement été revendiquée par Snoop Dogg, qui a simplement tweeté depuis son propre compte : « Je suis @CozomoMedici ». Si beaucoup pensent que le rappeur, dont les projets liés à la blockchain comprennent des collections d’œuvres d’art NFT et son label de disques NFT, est le célèbre opérateur de NFT, d’autres restent sceptiques quant à cette affirmation. Une enquête du magazine américain Vice suggère que le vrai Cozomo est un homme blanc qui a passé beaucoup plus de temps en Italie que le créateur de Doggystyle. Le Lacma n’a pas répondu à nos questions sur l’identité du donateur.
Le don de Cozomo de' Medici élargit considérablement la collection de NFT du Lacma, initiée en 2021 avec un don de John Gerrard d’un NFT de son œuvre emblématique Western Flag. Le musée possède également des œuvres de jetons non fongibles d’artistes tels que Tom Sachs, Erick Calderon, Jessica Wimbley et Peter Wu.
« Avec ce don, mon objectif était de contribuer à rapprocher les mondes de l’art on-chain et de l’art contemporain, qui jusqu’à présent existaient séparément, a déclaré Cozomo de' Medici dans un communiqué. Je suis ravi que ces œuvres on-chain historiquement significatives soient contextualisées aux côtés de nombreuses œuvres d’art emblématiques de la collection du Lacma. »
Le Lacma n’est pas la seule grande institution à enrichir son fonds d’œuvres basées sur la blockchain. Le 10 février 2023, le Centre Pompidou a révélé qu’il avait acquis dix-huit NFT pour sa collection permanente.