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Mali
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Au Mali et au Burkina Faso, des projets pilotes pour protéger le patrimoine culturel

L’ICOM et ALIPH financent à hauteur de 250 000 dollars un programme de formation et de sécurité pour les 22 musées situés dans ces pays ravagés par la guerre.

James Imam
2 mars 2023
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Le Musée national du Mali, à Bamako. Photo : Bert de Ruiter/Alamy Stock Photo

Le Musée national du Mali, à Bamako. Photo : Bert de Ruiter/Alamy Stock Photo

Le Mali et le Burkina Faso font tous deux partie des pays les moins favorisés du monde, selon les Nations unies. Chacun d’eux possède une scène artistique florissante, avec des dizaines de musées en activité dans les deux pays, qui exposent les œuvres d’artistes contemporains aux côtés d’artefacts datant de plusieurs millénaires. Mais ces musées s’inscrivent dans des communautés exposées en permanence à des risques de violence. Le terrorisme islamique et les coups d’État politiques ont frappé les deux pays ces dernières années. Et les collections des musées de chacun d’eux sont souvent la cible des trafiquants d’antiquités culturelles.

Le Conseil international des musées (Icom) et la Fondation ALIPH (Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit) mènent actuellement un programme pilote destiné à lutter contre le trafic illicite.

Cette initiative, financée à hauteur de 250 000 dollars, a été lancée en novembre 2022 et a permis de former le personnel de 22 musées du Mali et du Burkina Faso. Les personnes concernées ont été formées à la mise en place de plans d’urgence dans le domaine de la sécurité, aux processus de lutte contre le trafic illicite et au stockage et à la documentation des pièces. Ce programme est le premier du genre. L’ICOM espère qu’il servira de modèle à d’autres musées travaillant dans un contexte de guerre civile.

Des plans d’urgence dédiés

« Depuis 2012, le Mali, en particulier, est confronté à une crise sans précédent causant des dommages au patrimoine culturel, que ce soit à travers la destruction délibérée, le vol ou le pillage », explique Ted Oakes, coordinateur de la protection du patrimoine à l’ICOM. Et d’ajouter : « Cette initiative aidera les musées maliens à élaborer des plans d’urgence spécifiques, leur permettant de faire face aux problèmes très particuliers et complexes auxquels ils sont confrontés. »

Bamako, la capitale du Mali, abrite le Musée national du Mali – un musée archéologique et anthropologique comptant 10 000 objets, dont des œuvres d’art d’Afrique de l’Ouest – et le Muso Kunda, qui rend hommage aux femmes maliennes. Le Musée national du Burkina Faso, à Ouagadougou, possède plus de 7 500 objets, dont des bijoux, des masques et des armes.

Les employés de ces trois musées collaborent au projet ICOM-ALIPH, avec le Musée du Sahel, le Musée Kôrè et le Musée de Djenné au Mali, ainsi que le Musée Saponé, le Musée Poni et le Musée national des forces armées au Burkina Faso.

La guerre civile au Mali a commencé en 2012 et a fait 4 000 morts rien que l’année dernière. Présents sur place pendant neuf ans, les derniers soldats français de l’opération Barkhane ont quitté le pays le 15 août 2022, après que le départ de l’armée française a été ordonné par la junte au pouvoir à Bamako. L’exécutif malien a aussi interdit sur son son sol toute activité, y compris humanitaire, bénéficiant de financements français.

En octobre dernier, le ministre de la défense du Burkina Faso a annoncé que le pays se battait désormais pour sa « survie », alors que les djihadistes ont lancé une insurrection depuis la frontière du Mali voisin en 2015. Le Burkina Faso a subi deux coups d’État militaires en huit mois, tandis qu’environ 10 % de la population a fui son domicile depuis le début des combats. Le pays a exigé récemment le départ définitif de tout le personnel militaire français encore en service sur place. Le 28 février, le ministère des Affaires étrangères du Burkina Faso a dénoncé un accord « d’assistance technique militaire » signé avec la France en 1961.

Le pillage et la destruction de sites du patrimoine ancien ont bondi en raison de cette instabilité. Une étude récente a montré que 45 % des sites archéologiques du Mali ont été pillés, selon l’association britannique des musées, tandis qu’en 2012, des membres de l’organisation Ansar Dine, affiliée à Al-Qaïda, ont attaqué des tombes dans l’ancienne ville malienne de Tombouctou. La Cour pénale internationale a ensuite qualifié cet acte de destruction du patrimoine de crime de guerre. Une première historique.

Les objets susceptibles d’être volés dans les musées des pays concernés sont répertoriés par l’ICOM sur des « listes rouges », explique Ted Oakes, avant d’être transmises aux services de répression des pillages.

Le projet ICOM-ALIPH a tenu une réunion à Ouagadougou en janvier 2023, et une autre est prévue à Bamako plus tard dans l’année. Les personnels des musées sont encouragés à apprendre les uns des autres, et à partager leur expérience unique des conflits. « L’expérience spécifique de chaque professionnel [de ces musées] enrichira le projet dans son ensemble et améliorera également leur travail », a déclaré dans un entretien Diallo Salimata Ouattara, directrice du musée des femmes Muso Kunda.

On espère que le projet aidera en particulier les musées privés. « La plupart du temps, il s’agit de musées familiaux où la formation se fait de façon informelle », explique T. Philippe Kabore, coordinateur national du projet ICOM-ALIPH au Burkina Faso.

« Nous devons définir un cadre pour former la prochaine génération de personnel de musée », déclare Daouda Keïta, directeur général du Musée national du Mali. Et de conclure : « En ces temps de crise, nous devons assurer la survie de nos musées pour les nombreuses générations à venir. »

MaliMusée national du MaliBamakoICOMFondation ALIPHAlliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH)PatrimoinePatrimoine culturel
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