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Critique

Photo Elysée voit flou

Le musée lausannois retrace l’histoire du flou en photographie dans une exposition regroupant près de 400 œuvres.

Zoé Isle de Beauchaine
4 mai 2023
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Catherine Leutenegger, Apocalyptic-Post, Fire Fury, 2022, série Apocalyptic-Post (depuis 2017), photographie. © Catherine Leutenegger. Collection Photo Elysée

Catherine Leutenegger, Apocalyptic-Post, Fire Fury, 2022, série Apocalyptic-Post (depuis 2017), photographie. © Catherine Leutenegger. Collection Photo Elysée

Flou artistique, flou de bascule, de mouvement ou de mise au point, flou filé ou pixelisé... Voici l’histoire d’une erreur technique devenue parti pris esthétique, dont les usages et fonctions ont considérablement fluctué depuis l’invention de la photographie au XIXe siècle. L’exposition, pensée par Pauline Martin, responsable du département des expositions à Photo Elysée, retrace l’évolution des flous au fil des différents mouvements et tendances qui ont jalonné l’histoire de la photographie jusqu’à nos jours, tout en observant un certain nombre d’échanges avec la peinture, le cinéma et la sculpture.

Pour la commissaire, « le flou est une notion intéressante car elle ramène à des questionnements qui traversent toute l’histoire de l’art et son rapport au réel. » À commencer par la peinture qui a vu naître le terme « flou » au XVIIe siècle, lorsqu’une brosse était utilisée pour atténuer les traces de pinceau et affiner la représentation du réel. Quant à la photographie, elle entretient dès sa création un rapport au flou ambivalent, comme l’illustrent les nombreuses citations ponctuant le parcours de l’exposition. Technique de la netteté, elle considère d’abord cet effet comme un défaut. Mais rapidement émerge la photographie pictorialiste qui, désireuse d’imiter les effets de peinture d’un Camille Corot ou d’un Eugène Carrière, s’empare du flou, rivalisant de moyens pour obtenir ce rendu particulier. Ce n’est d’ailleurs que lorsqu’elle est floue que Charles Baudelaire, grand rival de cette invention, peut apprécier une photographie.

Quand le flou acquiert ses lettres de noblesse

Dans l’entre-deux-guerres, les avant-gardes inversent les tendances. À leurs yeux, la photographie doit se libérer de l’influence de la peinture et n’exister que par ses propres qualités. Bien qu’officiellement rejeté, le flou reste omniprésent dans leur iconographie, mais de manière renouvelée. Il permet alors de « disloquer le réel » et rompre avec la tradition picturale. En témoigne ce superbe florilège mural d’expérimentations photographiques par Raoul Ubac, Man Ray, Germaine Krull, André Kertész, Jacques-André Boiffard, Ilse Bing, Jean Painlevé et Brassaï, parmi tant d’autres. Le flou est désormais symbole de modernité, lui qui permet de représenter le mouvement d’un train ou d’une voiture, ou encore d’étudier des phénomènes médicaux et scientifiques. Il est, enfin, gage de spontanéité et d’authenticité, à tel point que les journaux se couvrent de clichés flous.

Finalement admis, ce rendu devient un outil subjectif. À partir des années 1950, des photographes revendiquent son usage. Parmi eux, Otto Steinert et William Klein qui bouleversent les genres, ou encore Bernard Plossu chez qui le flou est poésie. Anna et Bernhard Blume s’en servent quant à eux pour secouer la petite-bourgeoisie allemande. Enfin, le flou acquiert une valeur politique lorsqu’il traduit la condition de citoyens soumis au contrôle de l’État chez Kurt Buchwald ou rappelle le devoir de mémoire de l’Holocauste chez Christian Boltanski.

À travers cette fascinante déambulation en douze chapitres, Pauline Martin offre une lecture originale de l’histoire de la photographie, que prolonge avec brio le catalogue publié par delpire & co.


« Flou. Une histoire photographique », 3 mars-21 mai 2023, Photo Elysée, 17, place de la Gare, 1003 Lausanne, Suisse.

ExpositionsPhotographiePhoto Elysée
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