Une sculpture du Grand Siècle à Versailles
La maquette préparatoire du Monument funéraire de Jacques de Souvré (1600-1670), (estimation de 2 à 3 millions d’euros), militaire resté fidèle au roi jusqu’à sa mort dans les temps troublés du règne de Louis XII et de la Régence d’Anne d’Autriche, est l’un des temps forts de la vente« Les Grands Siècles » organisée par la maison de ventes Osenat à Versailles, dimanche 18 juin 2023. Cette maquette en terre cuite, réalisée avant 1667 par le sculpteur François Anguier préfigure le groupe en marbre destiné à l’église Saint-Jean-de-Latran à Rome et conservé aujourd’hui au Louvre. Il s’agit, selon les experts Alexandre Lacroix et Élodie Jeannest, de l’un des chefs-d’œuvre d’un genre peu ou prou oublié : la sculpture funéraire au XVIIe siècle. Cette œuvre de François Anguier « à la fois intellectuelle et sensible », témoigne, toujours selon les experts, « du syncrétisme d’un baroque mesuré et du classicisme à la française », un trait d’union entre ce que l’historienne de l’art Claire Mazelappelle, dans La Mort et l’Éclat (Presses Universitaires de Rennes, 2009), « les enfants de Michel-Ange » et de l’illustre Charles Le Brun.
« Les Grands Siècles », Osenat Versailles, 18 juin 2023, Hôtel des ventes du château, 78000 Versailles, www.osenat.com
Les débuts de Brancusi à Paris
En 1906, Constantin Brancusi a 30 ans. Il est arrivé à Paris deux ans plus tôt, attiré par les avant-gardes artistiques qui foisonnent à Paris. Pour survivre, il travaille à la plonge dans le premier et plus célèbre « Bouillon parisien » : Chartier. Dans les cuisines, il rencontre le garçon de café Achille Baldé dont il réalisele portrait (estimation 180 000-200 000 euros). Le buste en plâtre est exposé la même année au Salon de la Société nationale des beaux-arts au Grand Palais par l’artiste, tout juste sorti des Beaux-Arts de Paris. Le bronze sera, lui, réalisé à la cire perdue par Adrien-Aurélien Hébrard, fondeur, entre autres, de Rembrandt Bugatti. On ne peut s’empêcher de penser à Rodin lorsque l’on découvre cette œuvre si éloignée de l’abstraction radicale qui fera la gloire de Constantin Brancusi. Ce détour dans le champ de la sculpture moderne mais relativement classique, aura sans doute été nécessaire à l’artiste, chez qui le minimalisme poétique aura bientôt remplacé toute représentation.
« Art moderne et contemporain », Art Research Paris, 13 juin 2023, Hôtel Drouot, 75009 Paris, www.arp-auction.com
Astro Boy atterrit à Paris
Lorsqu’il déambule dans les rues d’Angoulême, lors de la 8e édition du Festival de la bande dessinée en 1982, l’auteur de manga (bande dessinée) Osamu Tezuka est depuis longtemps une superstar adulée au Japon. Surnommé le « Dieu du manga », il crée, au début des années 1950, deux personnages qui feront de lui l’équivalent d’un Walt Disney dans l’archipel : Astro Boy et le Roi Leo. C’est pourtant en parfait inconnu qu’il vient présenter en France son dernier film d’animation Phoenix 2772, dans l’indifférence quasi générale. Il croise néanmoins le scénariste et dessinateur français Moebius, avec qui il se lie, et un jeune auteur, François Corteggiani, frappé par sa puissance visuelle et son univers faussement candide. C’est dans ce contexte d’amitié naissante que le Mangaka réalise ce dessin représentant ses deux héros iconiques. L’estimation de cette œuvre originale, de 40 000 à 50 000 euros, donne une idée de l’évolution du regard porté sur le manga qui représente en France, selon GFK Market Intelligence, « plus d’un titre de bande dessinée sur deux et 48 millions d’exemplaires vendus en 2022 ».
« Bande dessinée et illustration », Daniel Maghen Enchères, 14 juin 2023, Maison de l’Amérique latine, 75007 Paris, www.danielmaghen-encheres.com