L’historienne de l’art et germaniste Inès Rotermund-Reynard a été nommée par Christophe Leribault, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, chargée de recherches en provenance au sein du musée d’Orsay. Ce poste vient d’être créé afin d’intensifier l’étude sur les origines des pièces des collections, notamment celles classées « MNR » (« Musées Nationaux Récupération »), acquises dans des conditions douteuses durant l’Occupation ou saisies par les nazis en Allemagne et en Autriche avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Inès Rotermund-Reynard est entrée en fonction le 1er septembre 2023.
Depuis la fin des années 1990, les musées d’Orsay et de l’Orangerie ont renforcé leurs recherches sur les provenances, en particulier concernant les œuvres « MNR ». Mais la création de ce poste spécifique par le président des deux musées, Christophe Leribault, va permettre d’intensifier ces études, comme l’a souhaité le ministère de la Culture.
Spécialisée dans l’histoire des juifs qui ont fui l’Allemagne entre 1933 et 1945, Inès Rotermund-Reynard est l’auteure d’une thèse sur l’exil du critique d’art juif allemand Paul Westheim, soutenue en 2007 à l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales à Paris) et à l’Université libre de Berlin. L’historienne de l’art a également effectué des recherches aux archives spéciales de Moscou et a été appelée comme experte lors d’un procès de demande de restitution à New York.
Elle a travaillé en 2017 pour l’équipe de recherches de provenances dans le cadre de l’affaire Gurlitt en Allemagne. Depuis 2018, Inès Rotermund-Reynard dirige à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) à Paris le « Répertoire des acteurs sur le marché de l’art français sous l’Occupation, 1940-1945 », en collaboration avec Elisabeth Furtwängler, de l’Université technique de Berlin. Elle a intégré en 2019 le collège délibérant de la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS) dépendant du gouvernement français.
Selon le musée d’Orsay, elle aura pour mission de travailler « à une meilleure diffusion de la connaissance ainsi rassemblée, notamment par l’enrichissement des bases de données en ligne, par des publications papier ou numériques, des dispositifs de médiation ou encore en participant et en organisant des rencontres, colloques ou expositions ».