Les grandes galeries commerciales se sont lancées depuis quelques années dans de nouvelles activités, publiant des revues, organisant des conférences, finançant les recherches d’étudiants et universitaires, complétant ainsi leurs plus traditionnelles politiques éditoriales.
Tout récemment, Mennour a renforcé ses équipes avec deux personnes aux profils plus centrés sur la recherche que sur la vente : Christian Alandete, ancien directeur artistique de l’Institut Giacometti, qui a pris le poste de directeur scientifique de l’enseigne en mai 2022 ; et Sylvie Patry, ancienne directrice de la conservation et des collections du musée d’Orsay, devenue directrice artistique de la galerie en septembre 2022. Tous deux vont désormais œuvrer au sein d’un nouveau département de l’enseigne nommé Mennour Institute. Son rôle sera de regrouper l’ensemble des activités de la galerie liées à la recherche, l’éducation et la philanthropie. « L’idée est d’à la fois structurer ce qui existait déjà, de lui donner une cohérence, et de créer un département pour abriter les nouvelles initiatives que nous allons lancer, du type des bourses de recherche pour les étudiants », précise Sylvie Patry. Le Mennour Institute va ainsi distribuer annuellement deux bourses doctorales dédiées à l’histoire de l’art moderne et contemporain, dotées chacune de 5 000 euros. Un jury – composé de Christian Alandete, directeur scientifique, Mennour ; Guitemie Maldonado, professeur d’histoire générale de l’art aux Beaux-Arts de Paris, et collaboratrice de notre mensuel ; Maureen Murphy, professeure d’histoire de l’art, Université Paris 10 Nanterre ; Sylvie Patry, directrice artistique, Mennour ; Estelle Zhong Mengual, historienne de l’art, enseignante dans le master SPEAP à Sciences Po Paris et à l’École des Beaux-Arts de Paris – choisira les lauréats à la suite d’un appel à candidature ouvert en 2023 du 20 septembre au 20 novembre. Dans le domaine de l’édition, sera soutenue la dotation du Prix Eugène Carrière, décerné par l’Académie française à deux ouvrages d’histoire de l’art, portant sur les arts visuels jusqu’au XXIe siècle. « Ces deux prix seront officiellement proclamés lors de la séance publique annuelle de l’Académie française le jeudi 30 novembre 2023 », précise l’enseigne. Des conférences et des recensions de recherches sont aussi prévues. Des séminaires de l’École du Louvre seront également accueillis.
Dans le domaine de l’éducation, vont être renforcés les Samedis en famille organisés pour les 6 à 12 ans. Ces visites guidées et animées sont conçues par une conférencière des musées nationaux, Anette Robinson. Des dates sont d’ores et déjà prévues cet automne pour les expositions « Daniel Buren » et « Tadashi Kawamata ». Des « masterclass » sont aussi programmées, réunissant des artistes et des spécialistes de la création. Des visites à destination des groupes scolaires des 4e et 6e arrondissements seront aussi progressivement ouvertes à d’autres secteurs géographiques, dont la banlieue parisienne, soit à destination d’élèves peu habitués à fréquenter les lieux culturels.
Enfin, le Mennour Institute sera aussi responsable de toutes les actions philanthropiques de la galerie. Depuis 2015, l’enseigne organise ainsi la collecte de fonds « HEROES for Imagine », pour l’institut Imagine spécialisé dans les maladies génétiques. Plus de 22 millions d’euros ont ainsi pu déjà être reversés. Toujours dans le domaine philanthropique, sont en projets de futures « conversations artistiques » à destination des enfants hospitalisés à l’Hôpital Necker-Enfants malades – toujours avec Anette Robinson.
Le Mennour Institute qui va s’installer au 1er étage d’un bâtiment sur cour du 47 rue Saint-André des Arts, dans le 6e arrondissement de Paris, disposera d’un effectif de quatre personnes. Sylvie Patry et Christian Alandete réfléchissent déjà à de futures initiatives, comme le lancement éventuel d’une revue, ou l’invitation lancée à de jeunes commissaires pour concevoir des expositions, en privilégiant toujours la souplesse. À côté du cœur de métier de la galerie, vendre des œuvres et soutenir les artistes, l’enseigne fondée par Kamel Mennour se propose aujourd’hui d’étendre son champ d’action en direction de la société au sens plus large. Une structuration pionnière.