Créée par le couple de collectionneurs français Renato et Catherine Casciani, Around Video Art Fair, foire spécialisée lancée à Lille, semble avoir trouvé à Bruxelles l’élan qu’elle cherchait. Outre le partenariat avec des opérateurs locaux (Kanal – Centre Pompidou, Fondation CAB, Cloud Seven), une aide officielle de « Bruxelles Images » va permettre de pérenniser la manifestation dans la capitale de l’Europe. Le public européen était par ailleurs au rendez-vous, avec un fort contingent de collectionneurs en provenance des Pays-Bas, sans oublier les visiteurs belges et français, pour l’essentiel.
Exposants et amateurs d’art n’étaient pas dépaysés, car la manifestation avait lieu dans un hôtel de la même chaîne Moxy qu’à Lille. Cet établissement flambant neuf proposait cependant des chambres d’une surface légèrement supérieure. Pour l’organisatrice de l’événement, Haily Grenet, « ces chambres plus spacieuses nous ont offert l’occasion de proposer aux exposants d’adjoindre à leurs projections vidéo d’autres œuvres, comme des photos ou des objets, pour peu que l’esprit reste le même ». Pour la directrice, « c’est notre grande nouveauté, car bien évidemment les artistes ne se limitent pas à la vidéo et produisent des œuvres dans d’autres disciplines. Cela correspond aussi à une demande des collectionneurs. » Cette offre a visiblement rencontré le succès espéré.
Cette troisième édition a accordé beaucoup de place aux femmes, majoritaires au niveau des exposant(e)s, tant dans les galeries qu’au niveau des artistes invité(e)s. Pour Haily Grenet, « ce n’était pas volontaire de notre part. Nous suggérons des artistes pratiquant la vidéo et ce sont les galeries qui décident bien évidemment qui elles montrent. Cependant, une telle présence féminine est très rare, et plus encore quand il s’agit d’une foire. Nous pouvons nous en féliciter. » Conséquence, les six prix décernés par le jury l’ont tous été à des femmes, leur offrant une visibilité et une reconnaissance incomparables, notamment au niveau international.
Les trois prix sont donc respectivement revenus à Rafaela Lopez, pour Showtime (2023) (galerie Gilles Drouault, Paris) ; à Bertille Bak, pour Tu redeviendras poussière (2017) (The Gallery Apart, Rome, et produit par Artconnexion, Lille) ; et à Julia Peirone, pour I am not blonde (2022) (Dorothée Nilsson Gallery, Berlin).
Le Prix NOW/HERE a été attribué au travail très interpellant de Regina José Galindo à propos du viol, No te creo (2022) (ADN Galeria, Barcelone) et à Ariane Loze, une nouvelle fois brillante actrice et réalisatrice de If you didn’t choose A, you will probably choose B (2022) (galerie Michel Rein, Paris-Bruxelles). Enfin, une mention spéciale a été décernée à l’Américaine Rebecca Allen, pionnière de la création numérique, pour l’ensemble de son œuvre (Arcade, Londres)