Ce petit salon – il ne rassemble qu’une quinzaine de galeries – cultive depuis 2017 une nouvelle conception pour ce type de manifestation en mettant l’accent sur la proximité entre les visiteurs et les exposants, qu’il s’agisse des galeristes ou des artistes, ces derniers fréquemment présents sur les lieux. Les exposants sont ici des interlocuteurs privilégiés, parfois avec la complicité de médiateurs qui connaissent qui sont des facilitateurs de contact.
Depuis ses débuts, le Salon s’est toujours attaché à explorer les plus récents langages et les nombreux développements de la photographie expérimentale. Ceux-ci questionnent l’essence même du médium, n’hésitant pas à en transgresser les codes établis afin de créer de nouvelles images ou même des objets. Des matérialités de support inédites voient le jour, comme ces plaques de grès utilisées par Guillaume Chamahian (galerie Analix Forever, Genève) ou les supports en émail de Sophie Zénon (Galerie XII, Paris) qui en exploite subtilement les effets de textures et de miroitage. Cet effet de miroitage est également présent dans le travail de la Japonaise Sakiko Nomura (Galerie Écho 119, Paris), ancienne assistante d’Araki, mais surtout une virtuose de l’image obscure, obligeant le visiteur à adapter son œil à la pénombre des images. Patience et lenteur sont ici requises pour pénétrer dans l’univers feutré et sensuel d’une artiste majeure, une des découvertes de cette manifestation. Dans un tout autre style, beaucoup plus baroque, Jean-Vincent Simonet (Galerie Intervalle, Paris) utilise le support du plastique pour combiner des images d’objets imitant la nature, comme des végétaux artificiels, ou s’affranchir de l’encadrement des images pour donner libre cours à une déferlante de couleurs, entretenant volontairement la confusion avec le champ pictural. Yoan Béliard (Galerie Valérie Delaunay, Paris) quant à lui, s’aventure plutôt à la lisière du champ sculptural en proposant des pièces hybrides où des fragments de photographie viennent s’incruster sur des objets en terre cuite, comme s’il s’agissait de capter des images ancestrales enfermées dans des débris archéologiques.
Outre ces expérimentations matiéristes, auxquelles on ajoutera les délicates interférences entre photographie argentique et dessin à la mine graphite d’Anne-Lise Broyer (Galerie S., Paris), on ne peut manquer celles dévolues à la couleur, autre spécificité de la manifestation, à l’instar de Jannemarien Renoult (Galerie Bart, Amsterdam), Laure Winants (Fisheye Gallery, Paris) et Thomas Paquet (Résidence PICTO LAB). Bref, un salon plus curaté qu’il n’y paraît, toujours sous la direction et l’œil avisé d’Emilia Genuardi, sa fondatrice.