Darius Milhaud, composer au gré des rencontres et des amitiés
Les amitiés, les affinités, les coups de cœur d’un artiste dressent souvent un portrait beaucoup plus concret qu’une biographie, même fidèle. Ils révèlent son tempérament, son univers artistique tout autant que ses goûts au quotidien. La maison Giquello propose de partir à la découverte du compositeur Darius Milhaud qui bouscule, dès son retour des États-Unis en 1922, les codes de la musique classique grâce aux rythmes syncopés du Jazz et des Saudades sud-américaines. L’avant-garde sera sans doute le maître-mot de la collection d’œuvres qu’il partage, dans son appartement de Pigalle, avec son épouse Madeleine Milhaud. En font partie des partitions et manuscrits souvent annotés et dédicacés, tel le célèbre Tango pour piano composé en 1940 par Igor Stravinsky (est. 800-1 000 euros). Mais aussi des photographies ou dessins représentant des amis, comme ce Portrait du compositeur Erik Satie, épreuve argentique du sculpteur Constantin Brancusi (est. 1 000-1 500 euros). Font aussi partie de la vente des œuvres littéraires, dont le poème L’homme et son désir de Paul Claudel, illustré par les collages d’Audrey Parr et mis en musique par Darius Milhaud, secrétaire de l’écrivain pendant sa mission diplomatique au Brésil (est. 8 000-10 000 euros). L’une des pièces les plus importantes de la vente est sans nul doute La création du Monde, aquarelle de Fernand Léger (est. 40 000-60 000 euros). Cette œuvre est un élément de décor du ballet éponyme, commande des Ballets suédois de Rolf de Maré présenté en 1923 au théâtre des Champs-Élysées à Paris. Elle réunit Darius Milhaud pour la musique, Blaise Cendrars qui s’inspire de son Anthologie Nègre pour le livret, et Fernand Léger. Elle demeure, selon les experts de la vente, « l’un des rares cas, si ce n’est le seul, dans lequel Léger s’inspire de l’art africain ».
« Darius et Madeleine Milhaud, 10, boulevard de Clichy », mardi 12 décembre 2023, Giquello, Hôtel Drouot, 75009 Paris, www.giquelloetassocies.fr
Drieu La Rochelle, « écrire les possibles de soi »
Tenter de percer le mystère du journaliste, essayiste et romancier Pierre Drieu la Rochelle, c’est pénétrer un monde peuplé d’oxymores souvent troubles et troublants : socialiste et fasciste, désinvolte et grave, lumineux et sombre jusqu’au désespoir. Pour Jacques Louette, directeur de l’édition des œuvres de Drieu la Rochelle à La Pléiade, interrogé par Le Point en 2012, l’écrivain est avant tout un homme « qui n’est pas certain de ce qu’il est, qui tente des explorations de lui-même à travers le roman ». Vendredi 15 décembre, la maison de ventes Tessier & Sarrou et Associés organise la dispersion des archives, correspondances, éditions originales, manuscrits et tapuscrits annotés ou corrigés par l’auteur. Ces ouvrages et documents sont issus de la succession de la belle fille de l’écrivain, Brigitte Drieu la Rochelle et sont rescapés de l’incendie qui ravagea, en 1955, le garde-meubles du frère de l’écrivain, Jean. Parmi les raretés, les manuscrits de ses plus fameux romans : Le Feu Follet (est. 20 000-25 000 euros) ou L’homme à cheval (est. 15 000-20 000 euros). S’ils ne peuvent aider à comprendre toutes les vérités de Drieu la Rochelle, ses nombreux carnets, dont le Carnet d’Argentine estimé entre 1 000 et 1 500 euros, sa correspondance et peut-être le manuscrit de sa Confession (est. 4 000-5 000 euros) permettront d’éclairer le parcours d’un homme qui a côtoyé Otto Abetz, l’ambassadeur du Troisième Reich à Paris pendant l’occupation, soutenu Aragon durant la guerre et reçu l’appui sans faille d’André Malraux, jusqu’à son propre suicide en 1946.
« Drieu la Rochelle, livres et manuscrits », vendredi 15 décembre 2023, Tessier & Sarrou et associés, Hôtel Drouot, 75009 Paris. www.tessier-sarrou.com