Le gouvernement se penche sur les campagnes. C’est depuis Nontron, en Dordogne, que Rachida Dati a lancé le « printemps de la ruralité » ce 22 janvier. Soit une vaste concertation nationale sur l’offre culturelle en milieu rural.
« 22 millions de Français vivent aujourd’hui dans la ruralité. C’est un tiers de notre population, 88 % de nos communes. Si de nombreuses initiatives font vivre une offre culturelle dans ces territoires, notre modèle culturel semble être passé à côté de cette réalité majeure de notre pays. Je souhaite que cela change, et je nous donne deux mois pour cela », a déclaré la nouvelle ministre de la Culture, qui a appelé à une mobilisation générale des acteurs culturels.
Selon le ministère, « l’offre culturelle, dont l’absence encourage la déprise rurale, peut à l’inverse contribuer à redynamiser fortement un territoire, en fortifiant les liens sociaux et parfois en créant de nouvelles opportunités économiques. C’est aussi par la culture, et notamment par une culture vivante, qui dialogue avec le patrimoine, que l’on peut redonner de la vie aux territoires ruraux ».
Deux personnalités devraient être nommées ces tout prochains jours pour examiner la place de la création artistique en milieu rural et quels usages peuvent être faits des lieux patrimoniaux. La ministre elle-même se rendra chaque semaine en milieu rural pour une série de consultations. Une interface devrait être mise en place début février pour recueillir les contributions de chacun. Dans deux mois seront organisées des assises nationales de la culture en milieu rural afin de dessiner une feuille de route.
Dans le même temps, et toujours depuis Nontron, la ministre a annoncé un premier projet baptisé « design des territoires ». Celui-ci élargit le programme postmaster « Design des mondes ruraux » déjà mis en place depuis trois ans par le directeur de l’ENSAD (École nationale supérieure des arts décoratifs) Emmanuel Tibloux et délocalisé précisément à Nontron. C’est l’ENSAD qui coordonnera l’ensemble du projet, associé chaque fois à une école territoriale. Le but : aider à résoudre des problématiques spécifiques aux territoires grâce au design.
Doté d’un financement global de 1,125 million d’euros par le ministère de la Culture, il embrassera cinq types de territoires. Outre « design des mondes ruraux » qui va se poursuivre à Nontron, il s’agit de « design des massifs montagneux » qui va commencer dans la communauté de communes d’Ambert Livradois Forez (Puy-de-Dôme) ; tandis que « design des mondes littoraux », « design des mondes forestiers », et « design des mondes insulaires » concerneront des territoires « encore à identifier, selon la volonté des collectivités qui souhaiteront s’emparer de cette démarche », précise le ministère.
« Il n’y a pas de fatalité à la déprise rurale. Services publics, commerce, offre culturelle : il faut une vision globale pour la redynamisation de nos territoires ruraux. Aujourd’hui, c’est même dans les campagnes que se réinvente un service public de la culture, qui change littéralement des vies. Cela doit tous nous inspirer », a encore déclaré Rachida Dati.