Concomitante de la Brafa, Ceramic Brussels, première foire internationale consacrée à la céramique contemporaine, a tenu son pari : attirer professionnels, collectionneurs et amateurs dans ses allées.
Allées n’est d’ailleurs pas le terme adéquat puisqu’il n’y en a pas à proprement parler ici : la scénographie forme deux cercles dont les rayons constituent les cimaises des stands à partir d’un noyau central ouvrant sur chacun d’entre eux. Il n’y a donc pas de hiérarchie et chaque galerie est logée à la même enseigne, bénéficiant d’une visibilité équivalente.
Avec sa cinquantaine d’exposants, la foire reste à dimension humaine, d’autant que les accrochages sont particulièrement soignés : on n’installe pas des céramiques, c’est-à-dire essentiellement de la sculpture, comme des tableaux ou des photographies. La problématique des socles trouve ici des solutions parfois des plus originales, la palme revenant à la galerie Jacques Cerami (Charleroi) qui a renouvelé l’usage des portes en bois sur tréteaux pour présenter les figurines de Manuel Sanchez-Algora (des pièces uniques affichées de 2 200 à 3 200 euros).
Le visiteur ne s’ennuie donc jamais, d’autant que les galeristes présentent en général des ensembles importants. À l’exception des quelques enseignes spécialisées en céramique, la majorité est constituée de galeries d’art contemporain qui, de fait, comptent peu d’artistes céramistes ou qui la pratiquent régulièrement dans leur écurie.
Autrement dit, la plupart des stands ne proposent pas plus de trois ou quatre créateurs. Certains ont joué sur les duos – comme celui formé par Anne-Marie Schneider (de 5 000 à 22 000 euros pour ses grands dessins) et Michele Ciacciofera (de 3 700 à 9 600 euros) chez Michel Rein (Paris-Bruxelles) ou Tania Antoshina (de 1 000 à 9 000 euros) et King Houndekpinkou (de 3 000 à 9 000 euros) chez Vallois (Paris). Une vingtaine d’enseignes présentent exclusivement des expositions monographiques. Quelle que soit la formule, elle est bénéfique pour les artistes, qui y gagnent en visibilité.
En outre, plus de 200 artistes ont répondu à l’appel du Ceramic Brussels Art Prize qui vise à soutenir la scène émergente européenne dans la discipline. Une exposition rassemble les dix projets retenus par le jury. C’est le Français Damien Fragnon qui est lauréat de cette première édition. Pour Jean-Marc Dimanche, codirecteur de la manifestation, l’accueil de ce prix « témoigne d’une scène vivante, audacieuse et avant-gardiste d’artistes pratiquant la céramique ». C’est le même sentiment qui se dégage après la visite de la foire dont la majorité des propositions sont pour le moins aussi diverses que qualitatives. Cela va du minimalisme – Enric Mestre (Modern Shapes, Bruxelles), Jean-Baptiste Bernadet (Almine Rech, Paris-Bruxelles) ou Bernard Dejonghe (Capazza, Nançay) – à un registre plus expressif. Telles les figures fantastiques voire démoniaques de Carolein Smit (Fontana, Amsterdam), Étienne Pottier (DYS, Bruxelles), en passant par des créations sophistiquées comme les « assiettes à message » (3 000 euros) et les « vases » (5 500 euros) de Ruan Hoffmann (The Spaceless Gallery, Paris, New York).
Aurélien Gendras, de la galerie Lefebvre et Fils (Paris), qui présente une exposition solo des figures totémiques de Laurent Dufour, résume bien le sentiment général : « Nous sommes contents d’être là et nous avons bien vendu dès le premier jour. La foire répond bien à la question de ce qu’est la céramique contemporaine. Il y en a pour tous les goûts, tous les prix et le parcours est agréable ». Reste pour les galeries à engranger avant la fin de la foire davantage de transactions…
Ceramic Brussels, jusqu’au 28 janvier 2024, Bruxelles, Tour & Taxis, 3 rue Picard, 1000 Bruxelles, Belgique, www.ceramic.brussels